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Lors de notre première balade santé mensuelle
de Médecine Pour le Peuple Herstal, en mars 2014, je suis passé exprès sur le
chemin vicinal qui traverse le golf de Bernalmont. Ce chemin va du Tribouillet au Ravel de Liaison Meuse- Liers. Si ce passage par le
golf tomberait en désuétude, il disparaîtrait.
Le passage par le golf n’est pas le seul
tronçon de chemin vicinal menacé. Un peu plus loin le Ravel de liaison croise
pratiquement un autre sentier, le N° 86,
en fait une succession de sentiers qui va quasi en ligne droite des Hauts Sarts
au Bouxthay. Là aussi un tronçon risque de disparaître. C’est ce sentier qui
est décrit dans ce blog.
Le sentier N° 86, une succession de sentiers dans un maillage intéressant
Le 86 s’inscrit dans un maillage intéressant :
à la jonction des sentiers de Vottem et de La Préalle, le sentier croise le
sentier de la rue Campagne de Rogivaux (en partie disparu). De l’autre coté on
débouche dans la rue Lucien Colson. En descendant la rue Rogivaux on a sur la
doite la rue de la Banse par où on peut rejoindre en bonne partie par des
sentiers les quartiers de Bernalmont et de Coronmeuse.
J’ai déjà mentionné le croisement avec le Ravel
de Liaison Meuse- Liers.
Du coté de la rue de l’Aunaye on pouvait
rejoindre Vottem par les sentiers Muraille et Marnette. Le sentier Muraille est
coupé, mais le sentier Marnette débouche à Vottem sur la Ravel qui suit
l’assiette du vicinal.
A l’autre bout une partie du sentier a disparu
lors de l’aménagement des Hauts Sarts, et démarre au Post House, aujourd’hui Best Western Post Hôtel, Rue Hurbise
160. Là aussi débouche un ancien vicinal.
Le 86 relie la rue Hurbise avec la rue de
Milmort, à côté de la salle ‘Le Métal’. Un peu plus loin, un tronçon de ce sentier
risque de disparaître entre les rues de Milmort et du Paradis. On rejoint la
Chapelle de la rue de l’Agriculture via la cité de Rhées. Le sentier continue jusque
la rue Verte sous l’appellation de rue de la Baume, et de la rue Verte à la rue
du Bouxthay sous les appellations de sentier de Vottem et de sentier de la
Préalle.
Les sentiers vicinaux, c’est toute une histoire.
La Belgique ultralibérale de 1841 établit un
Atlas de ces voiries modestes. Ces atlas, des beaux documents à l’aquarelle (une
carte générale à l’échelle 1/10.000ème et des plans de détails au 1/2.500ème),
sont consultables par tous au service d’urbanisme, et constituent les seuls
documents à valeur légale en matière de sentiers et chemins vicinaux.
Cet Atlas n’a jamais fourni une vraie protection: ces
voiries vicinales sortaient du domaine public si elles ne servaient pas à un
usage public pendant trente ans. L’inscription d’un chemin à l’atlas était un
acte purement administratif qui reconnaissait la vicinalité d’un chemin. Ce
document ne constituait pas pour la commune un titre de propriété. Les chemins
vicinaux sont reproduits par deux traits noirs et les sentiers et servitudes de
passage public par des traits noirs interrompus. Lors de l’adoption de la loi
du 10 avril 1841, il y a 169 ans, des gros propriétaires terriens ont ménagé la
possibilité de récupérer un jour leur terrain. Il fallait que les usagers prouvaient
eux-mêmes l’usage pour que le chemin restât soumis à la servitude.
En 1994, la Cour de
Cassation « bétonne » la loi en
renversant la charge de la preuve. Les juges décident que « des actes de
passage accidentels et isolés » suffisent pour définir un passage. Et indiquent
que le propriétaire qui veut faire usage de la « prescription acquisitive »
doit prouver « l’absence de tout acte de
passage, même occasionnel». Ce qui, commente un avocat s’avère « quasi
diabolique» (ls 22/10/2010).
En 2011 la majorité PS-Ecolo-CDH du Parlement wallon a jugé ce
renversement de la preuve insuffisant et ont revu ce statut :
officiellement, l’imprescriptibilité de tout domaine public devenait un
principe général. L’Atlas n’était évidemment plus à jour. Le gouvernement a
donc proposé la mise en place de comités locaux pour actualiser ces atlas à
partir d’« une reconnaissance sur le
terrain » et pour préciser le rôle des provinces et les ressources mises à
disposition des acteurs locaux et pour confirmer, supprimer, déplacer, voire
créer des sentiers et chemins vicinaux « en fonction des situations de fait et de la nécessité de renforcer le
maillage des chemins et sentiers pour rencontrer les besoins de mobilité douce
actuels et futurs » ( llb
06/06/2011).
Des beaux principes, mais avec ça, dans les faits, l’entrée en vigueur du texte est reportée. En
2011 le gouvernement wallon a chargé les ministres compétents de lui revenir
avec un rapport « pour le 15 avril 2016
au plus tard ». Ce qui n’engage évidemment à rien. C’est les calendes
grecques.
En tant qu’acteurs locaux nous avons donc tout
intérêt à mobiliser pour sauvegarder ce maillage de sentiers. Nos balades
contribuent à son maintien, tout en découvrant ce réseau.
D’ailleurs, le Schéma de Structure de Herstal propose de mettre en place des
promenades renseignées sur le terrain et par des brochures et préconise de
s’inscrire dans les Plans d’Itinéraires
Communaux (PICs verts).
C’est dans cette
optique que avons déjà organisé des balades à l’occasion de la SEMAINE DE LA
MOBILITÉ et du «Rendez- vous sur les sentiers », en 2011. Et c’est dans la même
foulée que je décris ici le sentier 86. Ceux qui suivent mes blogs vont
retrouver des tronçons déjà décrits dans mes blogs http://hachhachhh.blogspot.be/2014/01/les-ruines-du-bouxhtay-le-plus-beau.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/balade-sante-vottem-un-ravel-la.htmlDe la rue Hurbise à la rue de Milmort
La campagne des Monts est un véritable
gruyère. "Sous les pavés, la plage", se traduit à Herstal "sous
le gazon, un terril". Et un Jurassic Park: le toit de la veine de charbon Haute
Claire était identifié par les nombreux fossiles (surtout des fossiles végétaux).
A l’intérieur du champ en haut de la rue Hurbise il y a un petit terril ainsi
qu’à à la jonction de notre sentier 86 avec la rue Hurbise et le vieux Chemin
de la Croix. Plus loin nous distinguons deux petits terrils situés dans les
champs direction rue de Milmort. Ces petits terrils d’une hauteur de un à trois
mètres sont en rapport avec les moyens techniques utilisés du 16 ème
siècle jusqu’à la fin du 19 ème siècle.
En 1914 le cimetière de Rhées a été le témoin
d’une bataille furieuse en 1914. Pour la campagne des Monts et le cimetière voir
mon blog http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/la-bataille-de-rhees-du-5-aout-1914.html
Le 5 août 1914 des grenadiers allemands contournent
le fort de Pontisse et débouchent au cimetière de Rhées au milieu d’un
bataillon du 11ème de ligne belge qui bivouaquait en dehors du cimetière, en
plein champ. Les soldats belges s’encourent vers le cimetière d’où ils sont
chassés par les allemands. A l’aube du jour les forts de Pontisse et de Liers
bombardent les troupes allemandes dans la plaine de Rhées. Les allemands se
retirent à Hermée où ils massacrent des civils en pillant les maisons.
De la rue de Milmort à la rue du Paradis
Ce tronçon du n° 86 est menacé par le
lotissement en cours. Notre bourgmestre affirme que ce sentier sera incorporé
dans les trottoirs des lotissements en cours. On va le croire quand on va le
voir : les routes sont faites, mais on ne voit pas par où un piéton
pourrait passer…
Ce tronçon est en même temps un chemin très
fréquenté par les gens de la cité pour aller au cimetière. Une partie
traversant en diagonale les terrains de l’ex Coq Mosan avait déjà disparu de
facto lors de la construction du Coq Mosan et remplacé par un contournement, aujourd’hui
disparu dans le lotissement. Ce lotissement a été un véritable jeu de ping-pong
entre lotisseurs. Combien de fois ces lots ont changé de mains depuis le début
du lotissement ?
Rue Emile Vinck: la rue des Italiens.
Le 86 continue dans la Cité de Rhées sur les
trottoirs. Un premier noyau de cette cité a été construit en 1928 sur les
terrains ‘de l’évêque’ (= faisant partie de la ferme de l’évêché, aujourd’hui
la ferme dite Charlemagne, et exproprié à la Révolution française).
Une autre partie de la Cité a été construite
avec des fonds Ceca.
Au croisement de la rue Paradis et Muraille
deux tours, une des rares réalisations du logement social depuis la
régionalisation.
Ignorant Emile Vinck, (1870-1950), qui fut en
son temps président de la Société Nationale des Habitations à Bon Marché, les
habitants de la cité des Monts surnommèrent cette rue construite de 1949 à 1953
"la rue des Italiens". Et
pour cause : les maisons sociales qui y furent construites étaient louées en
priorité à des ouvriers mineurs. Et les
nouveaux mineurs en ces années d'après guerre étaient en majorité de
nationalité italienne. La guerre à peine
terminée, Achille Van Acker lançait "La
bataille du charbon". Mais la
désaffection des ouvriers belges pour la mine était maintenant complète. On avait bien en 1945 fait descendre dans nos
mines les prisonniers de guerre allemands, mais à partir de 1947 ils devaient
être libérés. C'est dans ce contexte que
patrons charbonniers, gouvernement belge et gouvernement italien signèrent à
Rome le 26 juin 1946 le protocole Italo-Belge prévoyant "le transfert par convoi de travailleurs
italiens dans les mines belges, en compensation de quoi l'Italie recevra du
charbon belge". Ainsi de 1946 à
1956, 303 convois amenèrent en Belgique 140.105 travailleurs italiens.
De la
Chapelle de la rue de l’Agriculture à la rue de la Baume
Arrivé dans la rue de l’Agriculture nous
prenons 30 mètres à gauche pour prendre le sentier qui longe la chapelle de la
Vierge des pauvres. Nous traversons la rue sur les Thiers et suivons le sentier
qui mène à la rue de la Baume. A droite du sentier nous voyons une baraque
Albert. Lors de la première guerre mondiale, 200.000 maisons ont été détruites.
Des milliers de logements préfabriqués
sont construits par le Fonds Albert. Ces baraques sont facturées 14.000
francs alors que le prix moyen d’une habitation sociale en dur est de 20.000
FB. Le bourgmestre de Herstal à cette époque se débrouille pour en installer un
peu partout où il peut dénicher des terrains. Un siècle plus tard, des dizaines
de ces baraques sont toujours habitées. Et ce n’est pas parce qu’elles étaient
particulièrement solides…
Voir mon blog 'Historique du logement social à Herstal - Les baraques Albert au patrimoine mondial de l’Unesco ?'
Terril bacnure |
Rue Pied du Bois Gilles il y avait les burs Grise
Pierre, le bur aux Corbeaux, Moulin Radoux, Nanoux, Nicolas Wattar, Tirleau,
Lagnot et Lambert Gaspar. Tous ces puits furent repris dans la Petite Bacnure
dont la paire allait de la rue Pied du Bois Gilles à la rue Verte. Sur cette paire, le charbonnage entreposait
les tas de charbons destinés à la vente et les bois destinés au boisage des
galeries. La grille d'entrée était au n°
60 de la rue Verte. Le charbonnage de la
Petite Bacnure, succédant à Bon Espoir, transféra ensuite la paire à proximité
de ses bâtiments situés rue Charlemagne.
Au bout de la rue du Bois Gilles se trouvait la
gare de La Préalle, aujourd’hui supprimée. Le chemin de fer
Liégeois-Limbourgeois privé fut construit en 1863. Les emplacements des gares
de Milmort, de la Préalle et de Herstal avaient été choisis en fonction des
charbonnages des Boules, de la Petite Bacnure et de Belle Vue. Ce train amenait
beaucoup de mineurs flamands. Par exemple, sur les 550 ouvriers mineurs que
comptait le charbonnage de Milmort en 1940, 358, soit 65 %, étaient d'origine
flamande. D’autres navetteurs flamands utilisaient aussi la ligne 76.
Le Pied du Bois Gilles est un terrain communal.
On y a aménagé un terrain - 25 parcelles d’une superficie de 168 m² - pour
accueillir les forains expulsés du quai de l’Abattoir en raison de la
construction du nouveau hall omnisports. Dès qu’il ne subsistera plus que 12
familles sur ledit terrain, cette mise à disposition prendra fin. Le loyer est fixé à 200 EUR par mois. Le
terrain n’accueillera pas de gens du voyage.
Infrabel veut remplacer le passage à niveau
rue de la Baume par un passage sous voie pour piétons.
Rue de
la Baume : Le charbon y affleurait.
Une Baume est, en vocabulaire houiller, une
galerie creusée au pied d'une colline ou d'un thier afin d'exploiter une veine
de charbon y affleurant.
Rue de
la Buse: l'eau de l'araine.
Cette rue doit son appellation à une fontaine
munie d'une buse. Cette eau proviendrait
d'une xhorre ou d'une araine de charbonnage.
L'eau captée par les araines était souvent utilisée comme eau potable
par la population.
De la
rue Verte à la rue du Bouxthay via le sentier de Vottem ou sentier de la
Préalle.
A la jonction des sentiers de Vottem et de La Préalle, du coté de la rue Lucien Colson on peut rejoindre par des sentiers les quartiers de Bernalmont et de Coronmeuse. Le sentier croisait ici le sentier de la rue Campagne de Rogivaux. Un tronçon avait été interdit d’accès par le propriétaire de l’unique maison située à mi-parcours de ce tronçon. Or depuis quelques mois, à la faveur d’un changement de propriétaire, ce tronçon a été rétabli. Il suffirait que le fermier rétablisse le passage dans la clôture à hauteur de la jonction pour que ce tronçon soit de nouveau accessible.
Chapelle
du Château de Bouxthay
Le sentier de Vottem
débouche sur la rue du Bouxthay. La rue des Meuniers à notre gauche fait partie
de la liaison Ravel Meuse – Ravel Liers. http://archives.lesoir.be/la-boucle-liegeoise-du-ravel_t-20080109-00EFWW.html
Cet itinéraire de liaison va de Liers à Coronmeuse (pont Atlas). Dans le sens ‘Meuse’
en descendant un peu la rue des Meuniers, à notre droite un sentier vers la chapelle du Bouxthay.
Le Ravel de liaison
emprunte à Vottem une ancienne ligne vicinale. Plus sur http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/balade-sante-vottem-un-ravel-la.html
.
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