Les Principautaires- Pl. Saint Barth- photo ubear skyrock |
Voici ma ballade « Liège
des révoltes. Les braises de la Cité ardente». Lors du Festival des promenades de 2012 les organisateurs ont cru nécessaire
d’ajouter dans leur brochure un avertissement contre mon approche très
spécifique. Elle l’est, même si tracer à Liège une balade sur le thème des
révoltes n’est pas difficile : presque chaque génération a eu la sienne. A
ceux que ça intéresse, je veux bien faire le ‘greeter’. Mais on peut la faire
parfaitement sur base de ce texte-ci. Elle part de l’Esplanade
Saint Léonard. Mais comme elle est en boucle on peut
très bien la démarrer n’importe où, par exemple à la gare de Liège Palais ou la
Place Saint Lambert.
A partir de l’Esplanade,
on prend la rue Hors Château, rue du Palais et on monte sur la dalle de la
future gare Liège Palais. De là, on descend sur la Place St Lambert via la
passerelle au dessus de la rue de Bruxelles. Place du Marché pour revenir sur l’Esplanade.
Mille ans de révoltes
Le problème principal avec
une telle ballade est que les révoltes ont laissé peu de traces visibles.
En
1254, Henri de Dinant, le premier bourgmestre liégeois nommé
par un suffrage vraiment populaire, organise les milices populaires et taxe les
riches. Il a aujourd’hui une rue à son nom en Outremeuse.
Outremeuse a sa rue
Raes-de-Heers, à la mémoire du tribun populaire qui a dirigé
le soulèvement contre le prince évêque Louis de Bourbon et Charles le
Téméraire, qui brûlera la ville en 1468.
Charles Decoster décrit dans son Ulenspiegel comment
les Rivageois firent émeute, en 1491. Les Rivageois ont donné leur nom à une rue et à une Haute
Ecole.
Le 16 avril 1637 des
soldats espagnols assassinent Sébastien La Ruelle,
leader des Grignoux, tout
près de la rue qui a pris son nom. La vengeance des Grignoux est
terrible : le 26 juillet 1646, lors de la Sainct-Grignoux ou la mâle
Saint-Jacques, deux cents Chiroux perdent la vie. Après
trois siècles et demi d’errance, la dépouille de La Ruelle se trouve dans un
caveau d’attente à Robermont.
Une des traces les plus
spectaculaires est la Citadelle. C’est une trace négative : elle montre la
réaction des princes face aux révoltes. Cette citadelle est construite après la
défaite des Grignoux, en 1650. Ses bastions sont dirigés vers la ville, vers
l’ennemi intérieur.
photo ulg.ac |
La place Saint Lambert a
été le témoin de tous les grands combats du XX° et XXI° siècle. La Populaire, c'est-à-dire
la Maison du Peuple du Parti Ouvrier Belge, a été détruite en 1977. Il nous
reste comme trace une rue « de La Populaire ».
La Rue Hors Château
Photo |
l’esplanade, Aloys Beguin et Brigitte Massart. Pour nos deux architectes c’est en quelque sorte la cerise sur le gâteau de ‘leur’ Esplanade, pour laquelle ils ont aussi conçu la Méridienne : gravé dans un bandeau d’inox un poème deSavitzkaya évoque les remparts, les charbonnages, les luttes et la multi culturalité.
Les 374 marches de la Montagne de Bueren
réfèrent à Vincent de Bueren, leader des six cent Franchimontois. En 1468 celui-ci a essayé de capturer le duc de Bourgogne à Sainte-Walburge,
où était établi son campement. Mais
ce n’est pas par ces ‘degrés’ que les Franchimontois sont partis à l’assaut.
Les escaliers ont été créés en 1875, pour que les 1.200 militaires casernés à la
Citadelle ne descendent plus en ville par Pierreuse.
La Fontaine Saint-Jean Baptiste s’appelait au XIVe siècle fontaine Pisseroule. Jusqu'en 1667, la
fontaine n'avait à son sommet qu'une espèce de rocher. C'est à ce moment que
l'on plaça sur celui-ci le groupe en bronze de SAINT-JEAN BAPTISTE, une des
premières œuvres de Jean Delcour. La statue évoque le repos d’Hercule, plutôt
qu’un St-Jean décharnée sortant du désert. Mais elle est belle. Cette fontaine
était alimentée en eau par l’araine de arainiers’ une redevance sous forme de
pourcentage de leur production. Et ces areiniers se faisaient encore payer pour
la fourniture d’eau potable à partir de ces areines. Richonfontaine passe sous
la citadelle et aurait des bifurcations jusqu’à Vottem. Elle serait coupée par
le tunnel de chemin de fer. A 113 m de l’oeil se trouve un bassin avec un tuyau
de plomb de 19 cm de diamètre pour porter l’eau au bassin de distribution
construit dans le socle de la fontaine qui est donc reconnectée à l’areine Richonfontaine, dont on peut voir l’œil rue Mère-Dieu, un peu plus loin. Une areine
désigne une galerie creusée pour évacuer l’eau des houillières. L’areine de
Richonfontaine (1244) était une areine ‘franche’, fournissant de l’eau potable
à diverses fontaines de la ville, dont celle de Jean Baptiste. Elle était
protégée par une législation complexe. Les exploitants de mines payaient aux ‘
La gare Liège Palais
La statue « la Patrie
protégeant ses enfants » au sommet des degrés des Dentellières qui relient
la rue du Palais et la rue Pierreuse est une oeuvre du statuaire liégeois Oscar
Berchmans (1869-1950). Il est dédié à Georges Montefiore-Levi (1832-1906),
ingénieur des mines de l'université de Liège, industriel, homme
politique et
grand mécène. Le monument qui le portait a terminé dans le container des encombrants, lors des incompréhensibles destructions de la fin des années 1970. Retrouvée
dans un dépôt et restaurée en 1995, la statue a été exposée dans la cour de échevinat
de l'Environnement avant de retrouver +- son empmlacement d’origine.
Nous montons sur la dalle qui doit acceuillir
si tout va bien notre gare Liège Palais, qui est en fait notre gare centrale. La SNCB a dépensé un budget pharaonique
pour la nouvelle gare des Guillemins (la gare Calatrava ). On avait
budgetisé le dixième de cette somme pour une nouvelle gare Palais. Ce maigre
budget a encore été divisé par deux en février 2011 ! Et la date de
réalisation est systématiquement postposée.
Rues Salamandre, des Ravets et de Bruxelles photo wittert.ulg.ac |
De la nouvelle passerelle
nous avons une belle vue sur un bâtiment néogothique, le Palais Provincial, poussé
en 1847 dans le flanc du vénérable Palais des Princes-éveques, construit en
1526 (la façade Louis XIV date de 1734). Le maître d’œuvre Art van Mulkim avait
certes construit le chœur de la collégiale Saint-Martin en gothique sévère, et
Saint-Jacques en gothique flamboyant. Mais le Palais réunit en lui des
réminiscences de l'architecture du xve siècle de la France et de l'architecture
Tudor, voir l'Orient. Ca serait en fait le prince Érard de La Marck lui-même
qui avait donné ses directives. Toujours est-il que Delsaux n’avait aucune
raison d’imposer le gothique pour cette restauration- démolition. En plus,
quelques années auparavant, un projet pour démolir cette aile orientale avait
été rejeté par l’opinion publique. Le ministre de l’Intérieur Van de Weyer avait été
obligé d’organiser un concours gagné
par le jeune architecte provincial J-Ch. Delsaux. Delsaux prétendait que «moins la main de l’architecte sera visible,
plus il y aura de mérite». Il démolit toute une aile du Palais. Il faut
reconnaître néanmoins que cette intervention ‘lourde’ peut passer inaperçue,
même en se promenant à l’intérieur…
En France Viollet-le-Duc
‘restaure’ avec la même main lourde Vézelay et Notre Dame. A cette époque les
contradiction entre catholiques et libéraux sont vives, et les néogothiques (et
Saint-Lucistes) belges s’opposent aux francs maçons, en marquant leur
territoire avec des bâtiments néo-gothiques…
L’Hôtel Torrentius par
contre est pour moi un bel exemple de restauration respectueuse par Vandenhove.
En descendant vers l’ilôt Saint Michel nous pouvons comparer avec deux
restaurations ‘lourdes’
contemporaines. L'hôtel Desoër de Solières est du grand
architecte liégeois Lambert Lombard (1505-1566). L'architecte Philippe Greisch y a ajouté des éléments modernes en 2001: «Quand on regardait ce bâtiment, avec tout ce
qu'il pouvait avoir de retouché, de remanié, de délabré, on était séduit. Mais
par quoi? La réponse est simple: les tufeaux ». On comprend qu’à partir de
là il se donnait la liberté complète de faire ce qu’il voulait. Ceci dit, il a
raison sur le point qu’un vieux bâtiment a été remanié maintes fois. Anatole France constatait qu’un monument ancien est rarement d’un style
dans toutes ses parties. « Il a vécu
et tant qu’il a vécu, il s’est transformé. Chaque âge l’a marqué de son
empreinte. C’est un livre sur lequel chaque génération a écrit une page. Il ne faut
altérer aucune de ces pages. Elles ne sont pas de la même écriture parce
qu’elles ne sont pas de la même main. Il est d’une fausse science et d’un
mauvais goût de vouloir la ramener à un même type. Je n’aime pas beaucoup
qu’une œuvre du XII° siècle soit exécutée au XIX°. Cela s’appelle un
faux ».
Desoer de Solières photo wallonie.be |
Les Degrés de Saint Pierre
évoquent la plus vieille collégiale de Liège, vendue comme bien national et démolie
en 1811, comme Saint Lambert. Blonden fait en 1860 raser la colline et les fondations des anciens cloîtres pour
libérer la vue sur la Palais Provincial de Delsaux.
La statue de Grétry.
Son air ‘La Victoire est à nous’ est chanté
lors de l’entrée à Moscou en 1812. Napoléon le décora chevalier de la Légion
d'honneur en 1802. Son corps repose au Père-Lachaise, et la statue Place de
l'Opéra renferme une urne avec le cœur du compositeur, ce qui était l’usage à
cette époque.
Rue de La Populaire, place Verte et le suffrage universel
«La Populaire » a été détruit en 1977. Dans l’ilôt Saint Michel une rue a été
baptisée de ce nom. La façade a été sauvée et Raoul Hedebouw (conseiller
PTB+) a soutenu lors du conseil communal du 25 mars 2013 « le projet de
reconstruire au quartier Léopold la prestigieuse façade historique de la maison
du peuple de Liège, nommée la ‘Populaire ‘ ». Tout compte fait, en
tant qu’héritier de la Première Internationale, il pourrait réoccuper le
bâtiment.
Le 3 juin 1912 il y a une
émeute à Liège suite à la défaite du cartel libéral-socialiste aux
législatives. Vers 21 h, on entend plusieurs coups de feu. Les dirigeants de la
Populaire font entrer les manifestants pour les mettre à l’abri. Les gendarmes
mitraillent l’intérieur du café, tuant 3 personnes et en blessant une vingtaine
d’autres. Le Conseil Général du POB lance un appel au calme mais doit s’engager
à organiser en 1913 une grève générale "et pacifique" pour le suffrage universel. Cette grève aboutit
à un compromis. Il faudra attendre la fin de la première guerre mondiale pour
que le suffrage universel soit adopté.
La cathédrale Saint Lambert démontée par les révolutionnaires liégeois en 1792
Sur la dalle de la Place
Saint-Lambert, la trace la plus spectaculaire d’une époque franchement
révolutionnaire est le néant: la cathédrale Saint Lambert, une des plus grandes
de l’occident, a été démolie par les révolutionnaires liégeois en 1792 comme
symbole de la tyrannie de l’Ancien Régime. Pour l’historien français Michel Vovelle, la place Saint-Lambert est un
trou de mémoire. Au BAL, dans l’Ilot
Saint Georges, on peut voir les toiles de l’artiste qui a dirigé le « démontage
» de cette cathédrale : le peintre Léonard Defrance, qui a peint avec beaucoup
de talent la vie dans les ateliers….
En octobre 1795, le
gros œuvre de la démolition est achevé, mais des monceaux de débris encombrent
l’endroit. En 1801 Bonaparte offre à la ville la propriété de l’emplacement de
la cathédrale. Un élan aux travaux de déblaiement est encore donné en 1808,
lors du second passage de Napoléon à Liège. En 1812, le Conseil municipal compte
y aménager une place Napoléon le Grand, mais la défaite de Napoléon arrête ces
projets. C’est seulement en 1827 que le Conseil de Régence baptisa
officiellement ce lieu. Un siècle et demi plus tard ce n’est pas un trou de
mémoire, mais un vrai trou qui se crée pour trente ans, suite à l’abandon
d’amener une autoroute par le centre ville…
Jusqu’à cette époque la seule place centrale de Liège est
la place du Marché. Depuis, plein d’événements importants se sont déroulés sur
la place Saint Lambert, trop pour énumérer.
C’est de la place Saint-Lambert que part en 1960 la
manifestation qui mettra à sac les Guillemins, lors de la grande grève. Et
c’est ici aussi que le 12 mars 2003 une manifestation de solidarité avec
Cockerill, contre la fermeture de la ligne à chaud, a rassemblé 50.000
personnes. Mais le chœur de la cathédrale saint Lambert a été aussi témoin
d’événements importants, à commencer avec la Mal Saint Martin.
La place Saint-Lambert
et le «Grand Yo-Yo» d'Alain De Clerck.
La fontaine a fait l’objet
d’une consultation populaire en 1995. 3.000 personnes seulement s'étaient
exprimées. C’est peu. Mais 46,7 % avaient opté pour le «Grand Yo-Yo» d'Alain De Clerck.
Le collège échevinal de Liège désigna finalement la deuxième classée, Halinka
Jakubowska (21,2 % des voix), comme lauréate. En guise de prix de
consolation, un prototype 1/3 d'EVE 171 (son Yo-Yo) a été installé en 2013 place
de l'Eglise à Sainte-Marguerite, à l’occasion des Journées du Patrimoine.
Alain De Clerck http://www.liege.biz/alaindeclerck/
est un artiste engagé que nous retrouverons
un peu plus loin, rue Féronstrée, avec son S.P.A.C., Sculpture Publique d’Aide
Culturelle.
La Place du Marché et le perron
Depuis
des siècles, le Perron et la Place du marché ont été le cœur politique de la
ville. On pourrait donc y rattacher des tas d’événements historiques. Nous nous
limiterons aux Hédroits qui le 30 juin 1407 y ont
exécuté des fidèles du prince évêque Jean de Bavière, après avoir proclamé sa
déchéance le 18 mars. Comme l’écrit G. Kurth: « avec l’épée ils ont écrit un nouveau droit.» Leur révolte avait
commencé en 1395 à Seraing. En 1408, poussé à bout, l’éveque appelle à l’aide
son frère, comte de Hainaut, et Jean sans Peur, duc de Bourgogne. La bataille
d’Othée est véritable boucherie. Le duc de Bourgogne y gagne le titre de « Jean sans Peur ». Soixante ans plus
tard, son petit-fils Charles le Téméraire mettra la Cité ardente à sac ! Le
prince évêque Jean de Bavière, qui n'avait pas assisté à la bataille, y gagne
le surnom de «Jean sans Pitié». Il ne
l’a pas volé : il arriva le lendemain de Maastricht lorsqu’on découvrit
quelques Hédroits sur la plaine jonchée de cadavres: il les fit pendre ou
écarteler.
Le 5 octobre 1409, Jean de Spa, chef des Hédroits, est écartelé
sur cette Place du Marché, et les quartiers de son corps sont portés par quatre
de ses complices hors de la porte Sainte-Walburge où ceux-ci sont également
décapités.
On ne saurait passer sous
silence l’enlèvement du Perron Le Perron, par Charles le Téméraire, qui l’installe à Bruges, près de la Bourse,
pour témoigner de l'anéantissement de la nation liégeoise. Et pour que nul n'en
ignorât, le Téméraire fit graver sur le piédestal
N'ELEVEZ PLUS VOS FRONTS
SI HAUTAINS VERS LE CIEL !
PAR MA CHUTE, APPRENEZ
QU'IL N'EST RIEN D'ETERNEL
SYMBOLE DE COURAGE ET DE
GLOIRE, NAGUERE
JE PROTEGEAIS UN PEUPLE
INVINCIBLE A LA GUERRE,
ET J'ATTESTE AUJOURD'HUI,
VIL JOUET MEPRISE
QUE CHARLES M'A VAINCU,
QUE CHARLES M'A BRISE !
En 1478, après 10 ans
d’exil, le Perron est réinstallé à Liège. Les trois Grâces qui le couronnent
sont une copie de l’original de Delcour, exécutée par le premier échevin
communiste de la culture, l’artiste Paul Renotte dans l’après guerre.
Le 1er Août 1795, « la
municipalité liégeoise résolut de mutiler les armoiries de la cité, en leur
enlevant la croix, qui était disait-on, fort absurdement plantée sur la pomme
de pin ».
Au Palais se forme le 12 novembre 1918 un
Soldatenrat sous la conduite d’un certain Manner. Le 22 novembre ce Rat
s’éclipse (Bruno Demoulin Liège et le palais p.119).
1983 : les agents
communaux sur la « dalle »
Nous continuons par la rue
Féronstrée (Ferons : artisans du fer), Au croisement avec la rue Saint Georges la Sculpture
Publique d'Aide Culturelle est un genre de « C.P.A.S » qui achète des œuvres à
des artistes contemporains vivants. Lorsqu’on introduit de la monnaie dans l’horodateur
de cette SPAC, la Flamme de la Culture s’allume au sommet d’un arc métallique.
Chaque fois 1 euro est versé par des entreprises partenaires.
En avril 1983 l’îlot Saint
Georges devient pendant 3 mois le haut lieu de la mobilisation sociale… La ville
de Liège doit faire face à des difficultés financières, elle ne peut plus payer
ses agents communaux. Les travailleurs cessent le travail. Le collège ECOLO
RPSW (socialiste et wallons progressistes) met un plan d’austérité sur la
table. Chaque jour, les agents en lutte se retrouvent sur « la dalle » à l’îlot
Saint Georges, pour faire le point sur l’avancée des «négociations». Ce
mouvement a laissé des séquelles
indélébiles. Tous les agents seront touchés : pertes de postes, pertes
d’emploi mais aussi pertes salariales, privatisations de certains services ou
mise en intercommunale.
En 1981, Liège avait 7914
agents ; en 2008, il en restait 3043. Il n’y a que 44% d’agents nommés en 2008
contre 84% en 1981. Le rattrapage
salarial est loin d’être rétabli, les sous-statuts sont légions et les problèmes financiers ne
sont pas aux oubliettes… Peut-être reverra-t-on les agents communaux « sur
la dalle »?
Les principautaires’ de Mady Andrien
A la Place Saint Barth, la
statue ‘les principautaires’ de Mady
Andrien, en acier Cor-Ten. payée par Cockerill Sambre. Pour Philippe Delaunois,
administrateur délégué de Cockerill, traduction principautaire
du thème biblique de David et de Goliath, défi des petits aux grands. L’échevin
Michel Firket parlait lors de l’inauguration en 1992 de l'esprit liégeois, de
la belle vitalité qui survit aux épreuves s'appuyant sur un courage qui
toujours se dissimule sous les apparences d'une insouciance quelque peu
frondeuse. Pour le journaliste du Soir, chacun se mettra à comprendre l'oeuvre à sa manière. Mais sans doute sans
s'éloigner beaucoup de l'hommage au peuple et à ses luttes pour la liberté
De la même artiste, il y a
Place de la Bergerie à Seraing, un monument pour le syndicaliste René Piron, et
à Wandre un pour Robert Gillon.
Le palais Curtius du XVIIe siècle du
richissime munitionnaire liégeois Jean de Corte abrite aujourd’hui le complexe
muséal le « Grand Curtius ». Au XIII e siècle déjà se trouvait dans l'ancienne
porte Saint-Léonard une prison. Le fronton de cette porte est dans la galerie
lapidaire de Curtius (en visite libre). Un héros de la Révolution liégeoise, François-Léonard Duperron, y est
enfermé par le prince-évêque Constantin de Hoensbroeck surnommé le ‘bourreau roux’. Duperron est libéré par le peuple en 1792, dès avant l'entrée des Français à
Liège.
Esplanade Saint Léonard
Au dessus de l’Esplanade,
la citadelle est construite après la défaite des Grignoux, en 1650. La citadelle n’a pas de bastions
vers la campagne – contre l’ennemi extérieur- tous les bastions sont tournés
vers la ville, donc contre l’ennemi intérieur. En 1676 les troupes de Louis XIV
font sauter le fort lors de leur retraite, au grand contentement du peuple.
Lors du retour du Prince Evêque en 1684 son premier souci est de redresser la
citadelle « pour permettre aux bon citoyens de dormir en paix et empêcher
les débordements des autres ».
En 1709 les
Provinces-Unies obtiennent dans le premier traité de la
Barrière le droit d’occuper la citadelle. Le prince-évêque
veut ‘mettre la cité à l’abri des
troubles auxquels elle serait exposé si l’on ne pouvait, par ce moyen, contenir
la populace dans le devoir’ et obtient en 1717 que la Citadelle lui sera
restitué « dans l’état où elle
était, avant la dernière guerre, du côté de la ville, mais les ouvrages du côté
de la campagne seront démolis » En 1974 on détruit les bastions vers la
campagne pour la construction de
l'hôpital de la Citadelle. La citadelle se retrouve donc aujourd’hui dans un
état de départ, pour mater la ville…
Eugène SAVITZKAYA est l’auteur de la bande de texte sur
l'esplanade. Quelques extraits :
« Allez comme
vous voulez sur le fil de l’ancienne muraille de la ville étendue à tous ses
habitants morts, vivants et à venir, émigrants de toujours et nouveaux
migrants…».
Et nous restons dans la grande
littérature : au pied des coteaux, une phrase de Lorca: "Dans le drapeau de la liberté, j'ai brodé le
plus grand amour de ma vie". Un
projet du «Collectif Génération Lorca», en collaboration avec l’artiste Alain
De Clerck et les deux architectes de l’esplanade, Aloys Beguin et Brigitte
Massart. Pour nos deux architectes c’est la cerise sur le gâteau de ‘leur’
Esplanade, pour laquelle ils ont aussi conçu les poubelles et la Méridienne avec
le poème de Savitzkaya.
Conclusion
Nous avons parcouru ainsi sur un bon kilomètre
un millénaire de luttes et de révoltes. On pourrait se demander : tout ça pour
ça ? Je vous livre un bout de réponse, cueilli dans une préface à l’édition
allemande de 1883 du manifeste du Parti communiste :
«Toute
l'histoire a été une histoire de luttes de classes, de luttes entre classes
exploitées et classes exploitantes, entre classes dominées et classes
dominantes, aux différentes étapes de leur développement social; mais cette
lutte a actuellement atteint une étape où la classe exploitée et opprimée (le
prolétariat) ne peut plus se libérer de la classe qui l'exploite et l'opprime
(la bourgeoisie), sans libérer en même temps et à tout jamais la société entière
de l'exploitation, de l'oppression et des luttes de classes; cette idée
maîtresse appartient uniquement et exclusivement à Marx ».
Sites intéressants
A part les hyperliens partout dans le texte, je conseille les sites suivants:http://liege-belle-epoque.wifeo.com/place-du-marche.php
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