jeudi 13 février 2014

Les héros des cent mille briques : la prison de Saint Léonard

St Léonard 1970
Les cent mille briques est le surnom de la prison qui était situé là où il y a aujourd’hui l’esplanade Saint Léonard. Ouverte en 1850 elle a été détruite en 1982.
Une plaque commémorative située du côté droit de la Place rend hommage aux prisonniers politiques détenus durant l’occupation allemande http://www.territoires-memoire.be/media/pdf/parcours_citoyen_fr.pdf
Sur l’esplanade un bandeau-poëme en inox de Savitskaya : « Pied sur le dur, sur le tendre, sur la terre à charbon et sur la terre à vigne, sur le poussier et la poudre à canons, sur les chaines, les barreaux et les cent mille briques, et vers le bois lumineux partagé d’un rempart … »
On dit parfois : si les pierres pouvaient parler. Faisons parler les 100.000 briques…

Au XIII e siècle déjà, une prison dans la porte Saint-Léonard

clé de voûte porte st léonard au Curtius
Au XIII e siècle déjà s’y trouvait la première prison liégeoise, dans l'ancienne porte Saint-Léonard.  
L’établissement de cette première prison au XIII e siècle mériterait une étude plus approfondie, inspirée par les analyses du grand médiévaliste Jacques Heers : « Le désir de contrôler le passage des portes et de garder les murailles fut à l’origine des premières sociétés politiques à l’intérieur de la ville. En Angleterre au temps de la guerre des cent ans, les maires et échevins s’efforçaient aussi de contrôler toutes les portes des enceintes nouvellement construites. Ils y installaient des prisons : en 1311 les Templiers furent enfermés dans les portes de Londres et peu après, New Gate devint de
façon permanente l’une des principales prisons de la capitale. Surtout, il convenait d’arracher la garde des portes aux évêques, aux chanoines et aux moines qui se targuaient d’anciens privilèges. La distribution de l’espace urbain en fonction du devoir de garde fut sans doute l’un des tout premiers signes de l’émergence d’un pouvoir ou, du moins, d’une prétention au pouvoir » (Jacques Heers, La Ville médiévale, Hachette, coll. Pluriel, Paris,1990 p331-335). Il serait intéressant de situer la fondation de cette prison au 13° siècle dans la lutte entre métiers et nobles et pouvoir épiscopal. Le droit d’envoyer quelqu’un en prison est évidemment une des prérogatives les plus importantes d’un pouvoir d’état.
la porte (et prison) saint léonard
Fondée en 1602 avec l'appui du prince-Evêque Ferdinand de Bavière, la Confrérie de la Miséricorde visitait les prisonniers, pour les "consoler et soulager". Elle se composait de "vingt-quatre marchands, tous gens de bonne fame et réputation". Elle formait le lien entre autorités et détenus. Nourris rien qu’au pain et à l’eau, les détenus voyaient leur ordinaire - vêtements, argent, soins de santé - amélioré par la Compagnie. Les geôliers qui n’étaient pas salariés étaient tentés de se servir sur les aliments des détenus. La Compagnie traversa les périodes française, hollandaise et la naissance de la Belgique. On relève que même pendant l’occupation allemande, les prisonniers reçurent des visites. En 1974, la Gazette de Liége écrivait que onze membres de la Compagnie de Charité lui avaient donné une nouvelle jeunesse grâce à l’apport de la Société Saint-Vincent de Paul du Laveu.

1789 : Constantin de Hoensbroeck surnommé le ‘bourreau roux’.

De Hoensbroeck par De Lovinfosse - photo wikipedia
Peu de Charité par contre pour Constantin de Hoensbroeck surnommé le ‘bourreau roux’. En 1784 il défait les réformes progressistes de Velbrück, son prédécesseur, en rétablissant tous les privilèges du clergé et de la noblesse. En 1789, lors de la Révolution liégeoise, le peuple vient le réveiller dans sa résidence de Seraing pour l’emmener au Palais de Liège. Le 13 septembre 1790, il fuit en Allemagne. Grâce aux troupes impériales autrichiennes, il retourne sur le trône épiscopal, le 13 février 1791. Même l’empire de l’Allemagne qui l’avait réinstauré le taxa de ‘prêtre sanguinaire’. L’une de ses premières condamnations à mort fut celle de François-Léonard Duperron, accusé d’avoir dressé la liste du Conseil révolutionnaire  en 1789. Cette sentence arbitraire à l’égard d’un homme estimé de tous faillit provoquer une émeute populaire devant la prison de Saint-Léonard : « Le peuple courbé jusqu’alors sous le joug des bayonnètes atrichiennes, se leva en masse et armés de bâtons, il s’assemble sur toutes les places de la ville en juyrant d’exterminer le Prince, tout son parti et le garnison de huit mille Autrichiens s’il a le malheur de faire exécuter le jugement » (A.E.L. Fonds Français, Préfecture 200. Lettre de Duperron (fils) à Napoléon du 21 Thermidor, an VIII, cit.in Pierre Baré, Herstal sous la révolution liégeoise, 1980, p.159). Devant toutes ces protestations, l’on commua la peine en ‘prison perpétuelle, avec les cautions pour les frais’. François Duperron passa vingt-deux mois en prison et retrouva la liverté à l’entrée des troupes françaises en 1792
En 1792 dès avant l'entrée des Français à Liège, le peuple s'était porté à l'Hôtel de  ville pour y réclamer les clefs magistrales, symboles du pouvoir des Bourgmestres, puis sans désordre avait libéré les détenus politiques de la prison Saint-Léonard…

1816 et la guillotine

C’est dans une des sépulcrales cellules des condamnés à mort, dans le sous-sol humide de Saint-Léonard, qu’attendit en 1816 un certain Magonette la décision du roi de Hollande sur son recours en grâce. Il avait déjà passé une heure de pilori et marqué au fer rouge à l'épaule gauche. C'est à la Cour des Mineurs qu’il «éternue dans la sciure» comme on disait en une plaisanterie sinistre. La guillotine est conservée au Musée de la Vie wallonne, tandis que son crâne et le moulage de sa tête se trouvent aux Archives du palais de justice de Liège.

Les émeutiers de 1886

Font partie des ‘héros des cent mille briques’ les émeutiers de 1886. Un Herstalien, Edouard Wagener a été condamné à 6 mois de prison lors d’un procès en Assises pour son implication dans cette révolte.
 Un autre de ces meneurs était le "Roi" Pahaut, qui fait un passage très spécial par la case prison. Le 10 et le 12 avril 1886 il fait le tour des carrières. Le bourgmestre d’Aywaille le fait arrêter à l’entrée du pont suspendu. Mais malgré son incarcération, la grève prend de l’extension. On relâche Pahaut en espérant qu’il conseillera la reprise du travail. Mais les carriers de Sprimont continuent. Et Pahaut se rend compte que les patrons ne lâchent rien. Il publie un avis par voie d’affiche où il accorde à « Messieurs les maîtres de carrière jusqu’au 22 mai courant pour prendre une décision relative à l’amélioration du sort des pauvres ouvriers ». Le 10 mai l’Association des maîtres de carrière répond par la même voie : «les maîtres de carrière qui tiennent une boutique de denrées alimentaires seront engagés à afficher à l’avenir un tableau des principales marchandises vendues par eux ». Pahaut convoque les ouvriers pour le lundi 24 mai pour aller en groupe porter leurs doléances au Gouverneur.
entrée du roi Pahaut à Liège 1886
Le 26 mai il est assigné devant le tribunal correctionnel, et condamné à un mois de prison. Pahaut, le « Roi Pahaut », qui avait parcouru la contrée triomphant du haut de son cheval blanc n’était plus qu’un repris de justice qui allait passer une vilégiature au château Saint Léonard… Le patronat profite de cette condamnation pour le noircir. Le 31 juin il est acquitté en appel (source : le Roi Pahaut, G.Laport, la vie walonne N°303).  
Aurélie Monseur décrit comment le 18 mars 1886, le jour du quinzième anniversaire de la commune de Paris, des émeutes éclatèrent à Liège. Les ouvriers de Sprimont aussi décident de se mettre en grève. A leur tête le carrier Jean-Hubert Pahaut. Il dressa leur cahier des revendications :
- Journée de 12 heures au lieu de 16 heures
- Suppression des boutiques patronales
- Paiement par quinzaine plutôt que mensuel
- Salaire à l’heure et non plus à la journée, de manière à assurer le travail supplémentaire.
Le 10 avril 1886, Pahaut suivi de 200 hommes, pénétra dans les différentes carrières de la région (Florzé, Chanxe, …) pour «prêcher» le mouvement de revendications.Les mayeurs entourés de leurs policiers, tentaient de leur barrer la route.
feuille d'écrou de Pahaut
Le 15 avril 1886 des patrons de carrières se réunissent au café Vénitien à Liège assemblée. Ceux-ci arrêtèrent une triple résolution par voie d’affiches :
- Pas de suite aux revendications tant que la grève perdure. Dès la reprise du travail, nouvelles assemblée pour examiner la possibilité d’améliorer le sort des ouvriers
- Démarche auprès du gouvernement pour obtenir des mesures favorables à l’industrie des carrières.
Le 20 avril 1886, les ouvriers des carrières de l’Ourthe reprennent le travail, mais seulement la moitié à Ouffet et sur onze cents carriers à Sprimont, neuf cents sont mécontents. Pahaut décide de se rendre à Liège auprès du gouverneur de la province, le 24 mai 1886. Quatre cents hommes suivent Pahaut, monté sur un grand cheval blanc. Le gouverneur assista lui-même au défilé imposant de Pahaut.
1886 à Liège- dans la patriote illustré
Mais le 26 mai 1886, Pahaut était assigné devant le tribunal correctionnel de Liège, accusé de menacer les jaunes. Pahaut était naturellement condamné à un mois de prison. Il fit interjeter appel et le 30 juin, il fut bel et bien acquitté (Les Emeutes de 1886 en Belgique et à Sprimont, MPCollin, travail de fin d’année, 78-79, Sainte-Croix). 
Dans les années 70 Jean Lambert a créé un grand spectacle  déambulatoire  sur la vie du Roi Pahaut, avec la complicité du Théâtre de la Communauté. C'est Ludo Bettens qui l'interviewe (Hier en Ourthe-Amblève: Mythes et Destinées  Par René Henry): « J’ai mené la mise  en scène et l’animation d’un grand spectacle,  déambulatoire aussi, sur la vie du Roi Pahaut. Pahaut a été le créateur du syndicalisme ouvrier dans la région du bassin là-bas… Le bon Sprimontois… Pahaut a mené un mouvement symbolique où ils ont créé un cortège avec  les ouvriers carriers de Sprimont qui sont venus jusque devant le Palais des Princes-Évêques ici à Liège pour manifester leur mécontentement et demander à  ce que leur sort soit amélioré… Et la légende nous dit que c’est Pahaut qui sur un  cheval blanc a mené les ouvriers… Maintenant, c’est dans la naissance du  syndicalisme en 1886 que ces événements-là se déroulés ».

Les résistants de la première guerre mondiale

Pendant la première guerre mondiale, les condamnés à mort, au nombre de 49, étaient extraits de la prison Saint-Léonard le jour précédent leur exécution et passaient leur dernière nuit dans les cachots de la Chartreuse. C’est ainsi que le cocher Oscar SACRE est emprisonné le 23 septembre 1915à la cellule 170. Condamné à mort en tant que membre d’un réseau de renseignement français il est transféré au bastion de la Chartreuse  le 27 octobre 1915 pour y être fusillé le lendemain.
Les deux frères Louis et Anthony Collard travaillent pour le service de renseignements « Dame Blanche ». Capturés le  8 mars 1918, ils sont conduits à la prison Saint-Léonard. Le 28 juin 1918, ils passent avec cinq autres prisonniers passent devant le Kriegsgericht et fusillés en juillet 1918 à La Chartreuse.

Julien Lahaut, un abonné précoce.

Julien Lahaut
Julien Lahaut était un abonné précoce. En 1913 déjà – il avait 29 ans – il est emprisonné lors de la grève générale pour le suffrage universel. Bob Claessen décrit les  réactions de sa mère, une femme croyante: Julien, son fils unique, en prison! Lors d’une visite à St. Léonard elle lui reproche doucement “d’avoir déconsidéré la famille ”.  Julien en était attristé mais elle comprendrait bientôt. Dans le tram, en rentrant, une institutrice qui la connaissait (à Seraing la famille Lahaut était très connue) faisait des remarques insidieuses sur “les femmes qui feraient mieux de rester chez elles, avec un fils qui s’est fait remarquer par les autorités.” C’en était de trop pour la mère Lahaut : “Si mon fils est en prison, ce n’est pas comme criminel, comme plein d’autres qui se promènent librement. C’est parce qu’il a courageusement défendu les travailleurs. C’est parce qu’il a fait son devoir et je suis fière de le visiter où il est maintenant.” Tout le tram applaudissait et la soutenait. “Quand j’ai appris ça”, me disait des années plus tard Julien Lahaut, “j’aurais pleuré de joie. Ma mère avait compris. Grâce à cette bête remarque de cette femme aigrie, elle s’est sentie solidaire de sa classe. Elle a réagi comme une travailleuse, femme et mère d’ouvriers devait  réagir” (Bob Claessens, Julien Lahaut Een leven in dienst van het volk In Saint-Léonard; trad. HH).

Marcel Baiwir et  la drôle de guerre – contre les communistes !

Marcel Baiwir - photo IHOES
Un autre témoin d’envergure est Marcel Baiwir qui décrit la drôle de guerre – contre les communistes…
« Pour la bourgeoisie et le gouvernement, l’ennemi ce n’était pas Rex, c’était les cocos ! Début mai 1940 nous sommes incarcérés à la prison St-Léonard. On a essayé d’arrêter aussi notre camarade Lahaut, notre responsable principal. On a arrêté toute une série de communistes ainsi que quelques socialistes de gauche, de simples antifascistes, des partisans de la paix. Je crois que cela a surpris les policiers de la ville de Liège qui avaient été commandés pour le faire. Nous sommes restés à la prison St-Léonard, jusqu’à ce que les Allemands arrivent à Liège, soit trois ou quatre jours après, le 13 ou le 14 mai. Avant qu’ils n’arrivent, la police est venue nous libérer. Sur le pas de la porte de la prison, j’ai retrouvé le commissaire qui nous avait arrêtés. Il portait un masque anti-gaz, il n’avait pas d’arme. Je l’ai empoigné en lui disant : « tu as vu ce que tu as fait couillon, c’est contre eux qu’il fallait…. ».
Marcel Baiwir raconte sa première expérience avec des bombes qui « n’étaient manifestement pas au point. C’était la première fois, donc nous étions excusables ». Excusables ? Ils risquaient leur peau !
« Piontek, Massart et moi-même avons sans doute été les premiers à commettre un acte de sabotage. Jan Piontek, qui est enterré à l’enclos des fusillés de la Citadelle, a habité chez moi. C’était un type remarquable, un ancien combattant invalide d’Espagne, de nationalité polonaise. Nous avions eu des discussions. Pour savoir comment nous allions lutter. Tuer un Allemand en l’attaquant par derrière avec un poignard ? Est-ce qu’on pourra faire cela ? C’était le genre de question qu’on se posait. Des questions de moralité aussi.
J’étais allé faire la guerre en Espagne. Là on tirait… Ici, c’était un peu différent. Un ami étudiant communiste nous fera deux petites bombes. C’était deux petites boules jaunes qui devaient exploser à l’impact et mettre le feu. Cet ami fabriquant de bombes deviendra, plus tard, professeur ordinaire de l’Université de Liège, membre de l’Académie des Sciences de Belgique.
Munis de ces deux petites bombes, nous avions l’intention de descendre Place St-Lambert et d’y incendier un camion. Après quoi, nous aurions essayé d’incendier la petite librairie fasciste ouverte sur le boulevard de la Sauvenière. Piontek nous couvrait avec un 6,35, un truc de demoiselle avec lequel on peut tuer quelqu’un à condition d’être tout près. Pour jeter les bombes, il y avait Albert Massart et moi. Devant la Kommandatur de la place St-Lambert, on jeta une bombe dans un camion et puis on se « carapata » bien vite sans se retourner. On vit qu’il n’y avait, dans le camion, qu’un dégagement de fumée, le camion semblait intact. Nous sommes alors allés faire le coup au Boulevard de la Sauvenière en cassant un carreau. Une femme sortit de la librairie. Mais là aussi, semble-t-il, ça ne fit qu’un peu de fumée. Les bombes n’étaient manifestement pas au point. C’était la première fois, donc nous étions excusables ».
Le récit de Louise Beelen, militante communiste, épouse de René Beelen, recoupe le récit de Baiwir. Elle fait partie des « suspects » arrêtés par le gouvernement belge: « Je suis arrêtée le 8 mai 1940. Quelle injustice : je vais voir mes deux frères qui partent pour la guerre. Je travaille chez Saroléa et en arrivant chez moi à Sainte Marguerite : ma maison avec des flics. Ils m’emmènent à la prison Saint Léonard. Que vois-je ? Des communistes : les Baiwir, les Verlaine, enfin tous les communistes en vue ! Et des rexistes. Donc nous étions la 5° colonne. Nous étions plusieurs dans une cellule et j’étais avec la mère Baiwir et une évangéliste allemande antifasciste et refugiée, arrêtée comme traitre aussi. Le 11 mai, la prison est ébranlée, toutes les vitres sont cassées : on vient de faire sauter le pont Maghin, puisqu’on pensait que les allemands allaient arriver d’une minute à l’autre. Finalement ils nous ont libérés. Je sors de la prison et arrivée tout près de l’hôtel de ville je vois les Boches qui s’y installent » (Interview Louise Beelen par J. Gotovitch chroniques de la résistance N°8 déc. 1982 p.5-6).

Louis NEURAY, 3 ans et demi de travaux forcés suite à une dénonciation de la direction des ACEC Herstal

Louis NEURAY est arrêté par la Gestapo le 17 décembre 1940. Après la guerre il devient député du Parti Communiste. Durant l’hiver 1940-41, les protestations contre l’insuffisance du ravitaillement se multiplient dans les usines. En Janvier 1941, 10.000 travailleurs des charbonnages liégeois se mettent en grève. Aux A.C.E.C. de Herstal, les premières sections syndicales clandestines sont constituées par le militant communiste Louis Neuray
Louis Neuray raconte : « Le 7/9/1940 j’entre aux Acec comme électricien. J’y développe un travail syndical avec Sépulcre et d’autres camarades, membres du PC et des JC. Ces noms se trouvent tous, je dis bien tous, dans la liste des fusillés ou des morts en déportation des ouvriers des Acec. Les délégués des Acec Charleroi et Herstal viennent avec un projet de contribution au Secours d’Hiver. Ce projet est refusé en Assemblée Générale. Je propose de lutter pour un meilleur ravitaillement, et de désigner d’hommes nouveaux qui refuseraient les capitulations. Je présente la demande à la direction qui refuse. Je fais alors des démarches auprès du colonel allemand qui alloue les contingents pour certaines industries. Je me présente comme directeur accompagné de son délégué. Hurlement du colonel : ‘pourquoi délégué avec directeur ? Vous n’avez donc pas d’autorité dans votre usine’ ? Il fait quand même un bon pour un enlèvement gratuitement de 12 ou 15 tonnes de pommes de terre. Nous organisons la distribution de 5 kg de patates par membre du personnel. Le PDG proteste contre l’éviction de l’ancienne délégation, et nous interdit toute prise de parole au réfectoire. Je prends la
parole quand même et je me fais mettre en chômage pour ‘manque de travail’. Le samedi 14 décembre une Assemblée Générale vote la grève pour lundi. Une délégation dirigée par mon ami Sépulcre est reçue par la direction. Sans résultat. La grève est décrétée et un tramway est pris d’assaut puis un deuxième pour monter à la Kommandantur Place Saint Lambert. Les allemands me reçoivent en compagnie de Sépulcre mais exigent une reprise du travail le lendemain sinon les délégués seraient arrêtés. Le 17/12 je suis arrêté par la Feldgendarmerie et la Gestapo. Aux Acec, suite aux menaces, le travail a repris. Des mesures sont prises pour congédier une bonne dizaine d’ouvriers et ouvrières du ‘type Neuray’ comme le disait si bien le directeur N. à tout qui voulait l’entendre. La direction générale impose l’embauche d’un agent de la Gestapo.
Au sein des Acec la solidarité s’organise : chaque quinzaine les travailleurs se cotisent pour verser à ma femme l’équivalent de mon salaire. Pendant quatre ans avec une admirable régularité cette collecte parviendra aux miens.
A la prison Saint Léonard, où je suis au secret pendant l’instruction de mon procès, je suis conduit à plusieurs reprises au siège de la Gestapo. Le commissaire de police de Herstal remet rapport à la Gestapo sur mon activité d’agitateur communiste.
Ma direction déclare aux allemands que j’étais un agitateur communiste, dénonciation retrouvée dans les minutes de mon procès par les armées américaines à Berlin (PV 16/12). Un rapport est remis en 1945 à l’auditeur militaire. Je suis condamné à 3,5 ans de travaux forcés. En mars 1941 je suis déporté en Allemagne. Suite à une tentative d’évasion en 1943 je ramasse 32 jours de cachot, les jambes et bras fixés dans des fers. Je suis libéré parce que les 3,5 ans de la peine étaient écoulés en septembre 1944. Arrivée à Liège en même temps que les armées américaines » (Interview Louis Neuray  Souvenirs de guerre dans Chroniques de la résistance du Front de l'Indépendance, 4 septembre 1976).
Nous retrouvons la trace tragique de Sépulcre dans un témoignage de Jean Derkenne, responsable communiste de la presse clandestine pendant toute la guerre: « Pour 1941 environ un million de journaux furent imprimés et distribués par le service de presse de la fédération liégeoise du Parti. Il faut ajouter à ceci les 20.000 cartes envoyées à Reeder pour la libération du Camarade Neuray, arrêté à la suite de son activité à la CEB. L’histoire de la Résistance conservera la souvenir de l’action courageuse de ce résistant dénoncé par certains cadres de la CEB (ACEC), arrêté en 1940 et condamné à trois ans de forteresse.
En avril 1942 notre service de presse fut touché par l’arrestation du Camarade Sépulcre. Ce militant avait été le bras droit de Louis Neuray à la CEB. A cause de ces évènements, Sépulcre avait déjà été inquiété par la police allemande. Il fut libéré avec les autres prisonniers de la Citadelle de Huy le vendredi qui précéda l’invasion de l’USSR. Rentré chez lui, il fut de nouveau arrêté le dimanche matin. Déporté à Neuengamme, il n’en revint jamais » (Chroniques de la Résistance du FI Mai 1975 p26).

Martin Gyselaer, fusillé pour avoir, « par cupidité, reproduit dans son imprimerie des tracts bolchevistes

Une autre grande figure a été l’imprimeur Martin Gyselaer, fusillé à la Citadelle le 22 mai 1942  pour avoir, « par cupidité, reproduit dans son imprimerie, au cours de longs mois, des tracts bolchevistes à des milliers d’exemplaires » (le faux Soir des 23-25 mai 1942).
Jean Derkenne témoigne : « En 1941 l’appareil de presse avait reçu un renfort important, avec e.a. les imprimeurs Gyselaer et Bertrand. Vers février 1942, les services du Parti furent informés qu’un certain danger menaçait le camarade Gyselaer. L’impression des journaux fut arrêtée.
A l’occasion du 1 mai 1942, le Parti demanda un effort supplémentaire. Il fut décidé de faire appel au camarade Gyselaer étant donné qu’il ne s’était rien passé en février et mars. Gyselaer tira 40.000 exemplaires du Drapeau Rouge, 20.000 tracts ‘appel 1 mai’, 6.000 tracts en allemand s’adressant aux soldats allemands, 125.000 papillons avec faucille et marteau. Le 28 avril 1942 l’héroïque camarade Gyselaer et son épouse furent arrêtés. Il fut établi plus tard que ces camarades avaient été livrés par B. qui était parvenu à gagner la confiance d’un responsable du Parti qui le connaissait personnellement. Ce B. était un indicateur du gestapiste Lempereur.
Voici le récit de son arrestation. Lorsque les soldats allemands sortirent le camarade Gyselaer de sa maison, le visage de notre ami était ensanglanté et méconnaissable. Sa compagne fut également arrêtée ; elle fut déportée et ne revint jamais. Gyselaer fut fusillé le 22 mai 1942 à la Citadelle. Il emporta dans sa tombe tout ce qu’il connaissait sur l’organisation de la presse du Parti » (Chroniques de la Résistance du FI Mai 1975 p26).

Le communiste Jacques Dortu en compagnie du curé de Cheratte

Mais on retrouve aussi sur la liste des pensionnaires le curé de Saint-Joseph de Cheratte emmené par les allemands à la prison Saint-Léonard à Liège, le 23 janvier 1941, est où il sera emprisonné durant 44 jours. Il y rencontre un autre cherattois, Jacques Dortu, également fait prisonnier par les allemands à Cheratte-Hauteurs. Apparemment, le séjour en prison n’a pas affaibli les convictions de Jacques Dortu. Puisque quelques mois plus tard,  au 1e mai,  il participe à une action avec Marcel Levaux, Gérard Spits et Noël Gillon. Ils font  flotter deux drapeaux au sommet de la Belle-Fleur : le drapeau belge des vétérans de 14-18 de Wandre, et un drapeau soviétique artisanal (qui ne flottera pas, la teinture appliquée sur le tissu le rendant trop lourd). Afin d'éviter que les allemands ne puissent venir retirer les drapeaux facilement, ils saboteront l'escalier de la Belle-Fleur !

Jean Hansen de Seraing. Nom de guerre : ‘Lieutenant’.

L’étudiant Jean Hansen de Seraing y est emprisonné en novembre 1943. A 19 ans, il était entré à l’Armée
Belge des Partisans. Dès 1941, les premiers groupes armés sont organisés dans la région de Liège. Jean Hansen travaille avec le célèbre vulcanologue Haroun Tazieff. Le 15 novembre 1943- il est en troisième candidature en médecine- au retour d’une mission, un petit groupe de partisans se replie d’Angleur sur Seraing. Tout à coup, des autos allemandes dans lesquels se trouvait probablement un dénonciateur, arrivèrent en sens inverse. Ils se retrouvèrent à la prison Saint Léonard. Jean fut pendu cinq fois par les bras ramenés dans le dos et frappé chaque fois jusqu’à l’évanouissement. Au conseil de guerre allemand, Jean Hansen fut défendu par Me Musch. Quatre prévenus étaient présents : Jean  Hansen, Ludovic Jacob, Pierre Ottogalli et Gerard Ruysen. Jean  Hansen, Ludovic Jacob, et Gerard Ruysen furent condamnés à mort. Après le verdict, les parents purent aller les voir de temps en temps dans cette sinistre salle d’attente de la mort que beaucoup de patriotes ont connu. Un jour, l’entrevue et le colis furent refusés par l’officier allemand de service avisant la famille de l’exécution de Jean et de ses deux compagnons à la citadelle de Liège. Les trois jeunes compagnons avaient décidé d’être inhumés ensemble. Mais les parents des deux autres ont préféré la pelouse d’honneur. Et voilà pourquoi, aux Biens Communaux, cent mètres plus bas que la tombe de Julien Lahaut, reposent ensemble dans le caveau familial Jean Hansen et ses parents (T. Dejace dans chroniques de la résistance N°8 déc. 1982 p.50-52).
Cassian Lohest publiera en 1945 “La defense des Belges devant le Conseil de Guerre allemand » (Editions Pax, 343 pages). En voici quelques extraits.
L’affaire Hansen, Jacob, Gerard Ruysen
Le 22 novembre 1943 comparaissent devant le Conseil de guerre de Liège Hansen Jean, étudiant en médecine, Ludovic Jacob, soldat de carrière, Ottogalli Pierre, radio-technicien italien  et Gerard Ruysen, employé.
Des primes astronomiques avaient été promises à ceux qui donneraient des indications permettant de retrouver les coupables des principaux actes de sabotage dans la région de Liège et la Gestapo du Boulevard d ‘Avroy avait mis en chasse ses plus fins limiers. Il s’agissait entre autres du sabotage des cabines de la gare des Guillemins et d’Angleur.
L’acte d’accusation invoquait:
1° la détention d’armes et d’explosifs
2° menées bolchevistes
3° actes de violence contre l’armée allemande
« L’accusé Hansen s’était déjà nourri avant la guerre de théories communistes et garda contact avec le parti du même nom, même après son interdiction par les Autorités allemandes. Affilié depuis janvier 1943 au F.I.,  il s’était occupé tout d’abord de la distribution de tracts clandestins. De mars à mai 1943 il avait remplacé le chef d’un groupe de terroristes qui portait le nom de guerre ‘Kid’. Lui-même se faisait appeler le ‘Lieutenant’.
Le nom de guerre de l’accusé Ruysen était ‘Ruisseau’.
le maquisard  - chlam
Le 31 octobre 1943 les accusés susdits se rendirent en camion-automobile à la cabine d’aiguillage de la gare d’Angleur. L’un d’eux appelé ‘Ernest’ avait une mitraillette et, afin de donner le change aux sentinelles allemandes, portait un képi de chemin de fer et un brassard. Lorsque la sentinelle allemande voulait s’enquérir de leur identité, ils tirèrent brusquement les revolvers de leur poche, tinrent la sentinelle en respect et la forcèrent à remettre son fusil et sa grenade à main.
Le but poursuivi par les saboteurs était incontestablement d’empêcher d’acheminer des réserves vers le front de l’ouest.
Le tribunal fit introduire le soldat allemand qui avait été désarmé lors de l’attentat d’Angleur. La sentinelle raconte comment Hansen et Jacob lui mirent le pistolet ‘vor der Nase’. M. le bâtonnier Musch constate que les accusés n’ont pas été mus par un sentiment de haine antiallemande. Il n’en cite comme preuve que leur attitude vis-à-vis de la sentinelle : lorsqu’ils constatèrent que l’allemand souffrait de rhumatismes dans les jambes, ce qui l’empêchait de courir, ils placèrent expressément à la charge d’explosifs un cordon plus long afin de donner au soldat le temps suffisant pour se mettre à l’abri ».

André Schreurs, fondateur d’un mouvement clandestin: Les Lycéens wallons.

Notre ami Jules Pirlot a publié une biographie d’un autre pensionnaire : André Schreurs, fondateur avec d’autres étudiants à l’Athénée de Liège d’un mouvement clandestin: Les Lycéens wallons. L’artiste-peintre féministe Fanny Germeau, centenaire en 2011, y a été  emprisonnée pour faits de résistance. Elle a notamment fondé le centre de planning familial Louise Michel.
Dans les archives du Soir on peut encore lire un témoignage poignant de Alberte Berbuto et son amie Rita
dessin J. Ochs
Demonceau qui sont passés par Saint Léonard et Mauthausen Alberte Berbuto http://archives.lesoir.be/un-monde-de-brutalite-sans-aucune-logique_t-19920124-Z04X0K.html.
André Charon, un autre ‘pensionnaire’, témoigne: « Etudiant, je faisais partie de la ligue antifasciste, ce qui m’a amené lors de la guerre d’Espagne à aider le secours rouge international en 1942, j’ai été dénoncé, arrêté par la Gestapo, jugé et emmené à la prison Saint-Léonard, à Liège. Après Saint-Léonard, j’ai été envoyé au camp de Wolfenbüttel. Je suis rentré neuf mois après la libération en Belgique ».
JACQUES OCHS aussi est passé par là, avant d’être transféré à Breendonk où il fait  des croquis d'impressions de ses compagnons. 

Emile Velghe, cheminot à Kinkempois, service ‘LUC-MARC.

couloir de la mort - citadelle
Emile Velghe a fait du renseignement dans le service ‘LUC-MARC en tant que cheminot à Kinkempois. Il rejoint le maquis lors d’une rentrée en permission du travail obligatoire. Le 15 mai 1943 il est arrêté, avec son père. Après un passage (et tabassage) par la Geheime Feld Polizei, Boulevard Piercot, il se retrouve à Saint Léonard. En septembre il est transféré à la Citadelle afin de permettre la désinfection des cellules. Le 20 septembre il retourne à Saint Léonard, enchainés l’un à l’autre. Ils se retrouvent à sept dans une cellule qui, peu de temps auparavant, était occupée par un évadé. Celui-ci avait sauté du mur de la prison dans la rue M. Laensberg où un des habitants l’avait hébergé ; il avait des membres fracturés et aurait été repris par les allemands. Le lendemain, il se retrouve avec 63 autres aux Guillemins pour Esterwegen, le camp des marais; puis à Dachau où il est libéré par les américains le 29 avril 1945 (chroniques de la résistance N°8 déc. 1982 p.39).
Victor Simon, vice président national de l’Amicale de Buchenwald, vice président régional du Front de l’Indépendance, raconte dans ‘ Souvenirs de guerre’ comment le 21 février 1944 les résistants veulent s’attaquer à un convoi transportant de Breendonck à Liège trois des chefs arrêtés lors d’une rafle fin 43.  « Un groupe de huit hommes devait se tenir à la ferme MARECHAL sise à Loncin, un deuxième devait se réunir à Rocourt et le troisième serait posté à Jemeppe. Quelle ne fut pas la stupéfaction de nos amis des groupes de Loncin et de Rocourt : un accueil particulièrement favorable leur était réservé par les hommes de la Sicherheitsdienst de Bruxelles qui procédèrent à une arrestation d’envergure. Seuls BRANDTS Armand et HENRIETT Edgard parvinrent miraculeusement à s’échapper. A la suite d’un interrogatoire serré et de traitements inhumains, les hommes furent incarcérés à Saint Léonard jusqu’au 24 avril 1944. Le 16 avril, par suite de faiblesse de la part d’un des chefs de groupe, on procède à l’arrestation d’un grand nombre de camarades qui vinrent rejoindre leurs compagnons d’infortune. Le 24 avril ils furent transférés à Saint Gilles, jusqu’au 65 mai. A cette date eut lieu l’enfournement dans les wagons à  bestiaux pour Buchenwald de sinistre mémoire ». (Chroniques de la résistance N°1 sept 1972 p.6 et p.42-43).

De Saint Léonard à l’Enclos des fusillés…

pierre commémorative sur l'Esplanade
Evidemment, pour beaucoup le séjour à Saint Léonard s’arrête un peu plus haut dans l’Enclos des fusillés… Ainsi le chauffeur mécanicien  et résistant GRIDELET Eugène. Membre du Front de l'Indépendance, il est blessé par la Feldgendarmerie (10 perforations) et arrêté le 2 décembre 1942. On le retrouve à la prison militaire de Saint-Léonard à Liège le 26 janvier 1943. Il revendique l'assassinat d’un Conseiller provincial rexiste RONDOZ le 16 septembre 1942. Il a participé au dynamitage de la Werbestelle de Liège, Boulevard de la Sauvenière. Jugé le 4 février 1943 par le Feldkriegsgericht Stelle Lüttich, il passe sa dernière nuit à la Citadelle où il sera fusillé le 19 février 1943.
Il avait été trahi par son hébergeur DEFRESNE, qui sera abattu dans son arrière-boutique le 05 mai 1944 par deux membres de la Brigade spéciale FI. Première inhumation: Enclos des fusillés (croix n° 2202, 10ème croix, rangée H). Réinhumé à Spa en juin 1945. 
A Fourons-le-Comte, le docteur Jules Goffin, qui avait déjà travaillé avec Walthère Dewé dans le réseau « La Dame Blanche » pendant la première guerre mondiales reprend ses activités d’espionnage dans  le cadre du « Service Clarence ». Jules Goffin est arrêté le 15 octobre 1942 avec d’autres résistants. Après six semaines d’emprisonnement et d’interrogations musclées à la prison Saint-Léonard, tous les prisonniers se retrouvent au camp  de Vught. Le samedi 9 octobre 1943, on fusilla Jules Goffin ainsi que deux pères de Val Dieu, le comte Raphaël de Liedekerke, Alphonse et Hubert Smeets, Nicolas Erkens et Alphonse Dresen. Après l’exécution, les victimes furent incinérées.
Un  poème d’André Mignon http://www.getuigen.be/Getuigenis/Mignon-Andre/tkst.htm prisonnier politique n°4575 à la Prison Saint-Léonard,  cellule 113.
Le ciel, que j'ai peuplé d'azurs et d'ouragans,
le ciel qui fait rêver les saints et les brigands,
je ne le verrai plus qu'un moment, à l'aurore,
quand on m'emmènera, nerveux et débraillé,
devant le peloton pour être fusillé.

Le 7 septembre 1944, libération de la prison Saint Léonard

bloc 24 des condamnés à mort Citadelle
Le 7 septembre 1944, les premiers tanks américains sont signalés à Liège. Nos miliciens occupent la Citadelle sans coup férir. Le drapeau belge est hissé au sommet de la tour du bloc 24. La prison Saint Léonard est également libérée. Des centaines de résistants sont libérés. Maes Albert, ex commandant-adjoint du Corps 013 des Partisans armés Liège – Ourthe – Amblève, raconte comment Liège se libéra en 1944. : « Le commandant en chef du Corps 013 des Partisans armés, Robert Lejour, s’était fait arrêter et avait été fusillé à la Citadelle, quelques heures avant la Libération. Tandis que le commandant en chef des Milices Patriotiques de la Province de Liège, Jean Pirlet, était jeté à la prison Saint Léonard, le 29 aout 1944. Condamné à mort, torturé de façon atroce, il fut délivré le 7 septembre 1944, par les Milices Patriotique, alors qu’il devait être exécuté le 8 septembre 1944 »(chroniques de la résistance N°1 sept 1972 p.6 et  N°2 sept 1974 p.47).

Jean Van Lierde fait connaissance avec Saint Léonard après la guerre, comme objecteur de conscience.

Remarquez les coteaux nus avec l'usine Vieille Montagne
Jean Van Lierde, ouvrier de 15 ans dans une usine d’accumulateurs, distribue la presse clandestine et des tracts, soutient les réfractaires au travail obligatoire et fabrique des faux papiers au sein du mouvement de résistance belge MNB. Il ne fera pas connaissance avec Saint Léonard pendant la guerre, mais bien après, comme objecteur de conscience. Il refuse sa libération et oblige les autorités à l’expulser de prison. Il se retrouve par 1035 mètres de fond au Bois de Caziers, où « c’était bien pire que la prison » !
 Durant les années d’après-guerre, il était devenu dirigeant de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC). En 1949 vient le moment de la conscription : Jean refuse de se rendre à la caserne et devient l’un des premiers objecteurs de conscience belges au service militaire. Il est emprisonné à la prison Saint-Léonard. Bien vite les autorités le libèrent dans le but d’étouffer politiquement l’affaire. Voyant que ses camarades objecteurs ne sont pas libérés, il refuse sa libération et oblige les autorités à l’expulser de prison « exactement comme on m’y avait fait entrer. Manu militari » ! Arrêté une deuxième puis une troisième fois, il affronte « la comédie burlesque des conseils de guerre » et passe au total plus de quinze mois derrière les barreaux, demeurant un an « parmi les cent derniers condamnés à mort belges de la guerre 1939-1945, officiers SS, collaborateurs », …. Jean Van Lierde va connaître alors une nouvelle expérience marquante : sur sa propre demande, les autorités belges l’envoient travailler comme manœuvre à la mine de charbon du Bois de Caziers, par 1035 mètres de fond, en remplacement de son temps restant d’emprisonnement. « C’était réellement le bagne. C’était bien pire que la prison. 15 décembre 2006 s’éteignait à l’âge de 80 ans.
En guise de conclusion ces premiers vers d’une ballade d’Aragon:
Et s'il était à refaire
Je referais ce chemin
Une voix monte des fers
Et parle des lendemains



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