jeudi 27 février 2014

Le SDER et les activités économiques.

zoning Hauts Sarts
La Wallonie revoit son Schéma de développement de l´espace régional (SDER), dont la version précédente datait de 1999. Le SDER "exprime les options d´aménagement et de développement durable ". Il sert de référence pour les décisions concernant l´habitat, l´implantation des activités économiques, la mobilité, la conservation de la nature, la gestion des paysages, etc. Je voudrais analyser ici plus spécifiquement les passages concernant l’utilisation économe des espaces pour les activités économiques.
Commençons par les fleurs : le nouveau SDER préconise de principes intéressants point de vue mobilité (p.13) et mixité des fonctions, (p.19).
Mais en matière de l’utilisation économe des ressources et espaces le principe d’attractivité socio-économique et de compétitivité prime. (p.7).
Le SDER dit p.12 « Les terres agricoles doivent être préservées». Mais fondamentalement le texte vise à faciliter leur expropriation : « Les terrains permettant de répondre au mieux à la diversité de la demande des entreprises doivent être rendus plus facilement disponibles ; on veillera à affecter à l’activité économique des espaces permettant de rencontrer les besoins, de l’ordre de 200 ha nets par an, sans préjudice des objectifs de redressement économique et de développement durable  fixés par le Gouvernement. La Wallonie créera des disponibilités foncières et immobilières capables de ‘capter’ tout grand projet d’investissement lorsqu’il se présente.  Ces nouveaux parcs d’activité seront créés pour anticiper les demandes des entreprises, en privilégiant l’extension de parcs existants (..). Il faut anticiper la demande en disposant de réserves foncières équipées ou à équiper.  Les pouvoirs publics veilleront à réserver des localisations les plus adéquates pour toutes les entreprises, dans le respect de leur choix d’implantation et à lever les différents freins à leur développement » (p.25).
Rendre les terrains plus facilement disponibles; lever les freins à leur développement; réserver des localisations les plus adéquates pour toutes les entreprises, dans le respect de leur choix d’implantation: voilà les maitres mots. Et privilégier l’extension de parcs existants. Cela concerne directement Herstal qui a déjà un quart de sa superficie en zoning,
Les besoins estimés de 200 ha par an correspondent à la superficie moyenne vendue ces dernières années aux entreprises. Il n’y a donc aucune volonté de diminuer les surfaces accaparées par les entreprises, malgré les mauvais chiffres wallons pour la densité d’emplois à l’hectare et malgré la dégradation qualitative des parcs existants. Concernant cette dégradation qualitative il suffit de faire le bilan des Hauts Sarts qui ont été lancés comme un parc technologique.
Dans le bassin liégeois on a recensé en 2008 1775 hectares de friches industrielles. Sont venus s’ajouter depuis les friches créées par Mittal et d’autres entreprises comme Colgate etc. Par rapport à ces friches l’objectif II.1.c  du SDER vise la mobilisation d’ici 2040 de plus de la moitié des 5000 ha de friches. Cela semble à première vue impressionnant, mais cela correspond à 93 ha/an seulement,  à peine au dessus de la moyenne de 87 ha/an entre 1995 et 2009 (176 hectares sur 44 sites pollués  et 1.047 hectares sur 220 sites non ou peu pollués). 
En plus, il y a la réalité économique : à défaut d’objectifs contraignants,  la SPI est poussé à exproprier les terres agricoles à 30.000 Euros l'hectare. C’est beaucoup moins cher que de racheter des terrains abandonnés suite aux fermetures ou délocalisations. Et je ne parle pas encore ici des coûts de dépollution !
Les 8,7 hectares de Binet (Ex RCA- zoning des Hauts Sarts) par exemple se vendent aujourd’hui à 5,5 Millions d'Euro. Avec cette même somme la SPI peut exproprier 183 hectares de terres agricoles. Si on laisse faire la loi du marché, les expropriations injustifiées de terrains agricoles continueront au rythme actuel.
La réaffectation rapide des sites à l’abandon, le reconditionnement des parcs d’activités existants, la prévention de nouvelles friches commerciales et industrielles, l’optimisation de l’utilisation de l’espace dans les parcs existants et l’augmentation de  la densité d’emploi, la valorisation espaces libres des anciens parcs d’activité sont des vœux pieux sans objectifs chiffrés d’emplois à l’hectare et sans garder la maitrise sur la propriété du sol.
Liers
Il y a des années déjà la professeure émérite Bernadette Mérenne proposait « des normes indicatives de densité d’emplois par ha  en fonction des activités et des zones (la moyenne  en Région wallonne n’est que de quinze emplois par  hectare) ; limitation des ventes dédiées aux extensions et la  récupération des réserves foncières inutilisées; révision des règles de calcul du coefficient d’emprise au sol (rapport entre le bâti au sol  et la surface du terrain) ; une politique proactive vis-à-vis du marché immobilier de seconde main ». Ca va dans le bon sens, même si elle ne demande pas de  garder la maitrise sur la propriété du sol (via un bail emphytéotique  par exemple) .
En conclusion, le nouveau SDER ne rompt ni avec les principes ni avec les objectifs chiffrés d’une extension des zonings au dépens des terres agricoles. Les objectifs de récupération des friches industrielles, dont certaines datent de la fermeture de nos charbonnages, sont modestes et ne viennent pas en déduction des terrains pris sur l’agriculture. On peut avoir l’impression que le seul but visé est d’empêcher toute interpellation citoyenne à ce propos.
Biblio
p.54 mieux sélectionner les  activités à accueillir dans les zonings, la politique foncière, mieux  gérer les sols en ZAE.
2.2. Quelques outils A cette fin, les chercheurs ont étudié différents outils (J.-M. Lambotte et al., 2007, p. 14) :
- des normes indicatives de densité d’emplois par ha  en fonction des activités et des zones
- la limitation des ventes dédiées aux extensions et la  récupération des réserves foncières inutilisées
- la révision des règles de calcul par exemple du coefficient d’emprise au sol (rapport entre le bâti au sol  et la surface du terrain) ;
- le développement d’immeubles semi-mitoyens adaptés aux besoins des PME ;
- une politique proactive vis-à-vis du marché immobilier de seconde main
http://www.cesw.be/uploads/publications/fichiers/Dossiers%20du%20CESRW/7.Dossier_Infrastructures.pdf La Conférence permanente du Développement territorial (CPDT) en 2006 a évalué, sur base de la moyenne annuelle corrigée des ventes (217 ha/an) des IDE, les besoins fonciers en matière de ZAE à 4.000 ha bruts à l’échéance 2024 pour l’ensemble de la Wallonie. Le Gouvernement wallon a décidé, le 10 mai 2007, de libérer 5.000 ha bruts à destination des entreprises à l’horizon 2024. Le Gouvernement wallon a approuvé, le 17 juillet 2008, le programme de modification planologique, appelé "Plan prioritaire bis". Cette décision a conduit à retenir 52 nouveaux projets (2.581 ha), présentés par ordre décroissant de priorité de 1 à 4, soit 19 projets en
priorité 1 (1.137 ha), 5 en priorité 2 (265 ha), 11 en priorité 3 (416 ha) et 17 en priorité 4 (463
ha).

http://web4.ecolo.be/?Accord-gouvernemental-sur-l  Accord gouvernemental sur l’évaluation du Plan ZAE bis de juillet 2008 1er juillet 2010

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