Intro
Notre balade a un dénivellé de +-80 mètres, et
quelques escaliers assez raides. Durée estimée +- 2 heures. Elle part de la
Braise, sur l’Esplanade Saint Léonard où se trouvait la prison Saint-Léonard,
aussi appelée les cent mille briques. Ouverte en 1850 elle a été détruite en
1982. Par la rue de Vivegnis nous passons sur la paire du charbonnage de Bâneux,
avec vue panoramique sur Saint
Leonard, ex-zoning industriel aux portes de la ville. Nous montons sur les Coteaux de la Citadelle : 80 hectares de jardins et de bois en
plein centre ville ! Trois étoiles au Michelin. A la rencontre des mânes de Jacques-Joseph de
Fabry, qui était bourgmestre de Liège en 1789 et en 1792,
lors de la révolution liégeoise. La citadelle
a été construite après la défaite des Grignoux, en 1650, les bastions dirigés
vers la ville. Après un moment de
receuillement à l’Enclos national des fusillés, nous descendons
Pierreuse et passons devant la Tour des Vieux Joncs, témoin de la présence de L’OrdreTeutonique dans la ville.
.
Les
cent mille briques
Où se trouve aujourd’hui l’esplanade il y
avait la prison Saint-Léonard, aussi appelée les cent mille briques. Ouverte en
1850, elle a été détruite en 1982. Savitskaya y réfère dans son poëme gravé
dans l’inox, en suivant l'ancienne muraille: « pied sur la terre à charbon et sur la terre à vigne, sur limon du fond
de la darse, sur les chaines, les barreaux et les cent mille briques, et vers
le bois lumineux partagé d’un rempart … »
Julien Lahaut y est arrêté lors d’une de ses
premières grèves en 1913. Pendant la première guerre mondiale, les condamnés à mort étaient extraits de la prison Saint-Léonard et
passaient leur dernière nuit à la Chartreuse. En 1940 les nazis réserveront une aile pour
les résistants. Mais les nazis
n’inventent rien. Quelques jours avant la
guerre, Marcel Baiwir est incarcéré à St-Léonard : « Pour la bourgeoisie, l’ennemi ce n’était pas Rex,
c’était les cocos ! On a arrêté toute une série de communistes ainsi que
quelques socialistes de gauche, de simples antifascistes, des partisans de la
paix».Jean Van Lierde fera connaissance avec Saint Léonard après la guerre,
comme objecteur de conscience. Il refuse sa libération et oblige les autorités
à l’expulser de prison. Il se retrouve par 1035 mètres de fond au Bois de
Caziers, où « c’était bien pire que la prison » !
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Au XIII e siècle déjà, une prison dans la porte Saint-Léonard
clé de voûte porte st léonard au Curtius |
Mais au XIII e siècle déjà se trouvait dans
l'ancienne porte Saint-Léonard une prison. Un héros de la Révolution liégeoise, François-Léonard Duperron, y est enfermé
par le prince-évêque Constantin de Hoensbroeck surnommé le ‘bourreau roux’. Duperron retrouva la liberté en
1792 où, dès avant l'entrée des Français à Liège, le peuple sans désordre avait
libéré les détenus politiques.
Le
faubourg de Saint Leonard, un zoning industriel aux portes de la ville.
Par la rue de Vivegnis nous passons sur la
paire du charbonnage de Bâneux, d’où nous avons une vue magnifique sur ce qui était à l’époque de la révolution
industrielle un zoning aux portes de la ville :la manufacture impériale d'Armes de Gosuin, le faubourg de Saint
Leonard, avec son usine de canons, son usine de locomotives, l’usine de zinc de
la Vieille Montagne, la linière de Cockerill… En 1856, l'usine à zinc de la Vieille Montagne à
Saint-Léonard rend particulièrement insalubres les conditions d'habitation dans
ce quartier de la ville. Le Comité du Nord dirige une campagne pour l'expulsion
de l'usine. Ce Comité du Nord se donne pour mission de vaincre "la
nouvelle oligarchie ... formée de quelques grands industriels qui menace de
tout arranger à son profit". En octobre 1857, ce comité provoque une
élection par la démission de son porte-parole au conseil communal. Sur 2.984
électeurs inscrits, 2.156, soit 72% usent de leur droit de vote. La majorité sortante
subit un cinglant échec. Aussi juge-t-on dans certains milieux que "la
république démocratique et sociale vient de battre ... les libéraux".
Finalement, la Vieille Montagne s’installe à Angleur où Umicore y produit
toujours de la poudre de zinc.
Le charbonnage de Bâneux
Charbonnage bâneux- entrée tunnel vers Vottem |
Le Charbonnage du Bâneux
dont nous voyons la « paire » est, avec celui de la Plomterie, déjà
mentionnée en 1585, une des mines les plus anciennes de Liège. http://www.fabrice-muller.be/divers/terrils/images/carte-charbonnages-web.jpg
Une galerie part au
charbonnage de Batterie au Thier à
Liège (Bulletin de la société royale Le Vieux-Liège, 2004, tome 14, no 308,
p. 632-640, 9 p., 16 ill., 1 carte). Le charbonnage de Bâneux a été fermé en 1942. Son
puits atteignait 350 m de profondeur.
Dans la gare de
marchandises de Vivegnis, juste en face, on débarquait à partir de 1946 les
Italiens qui étaient amenés sur des camions de charbon aux mines respectives. L’Italie
s’était engagé à fournir 50 000 travailleurs italiens à la Belgique. En échange
la Belgique fournirait annuellement 3 millions de tonnes de charbon à l’Italie.
Vendus pour quelques sacs de charbon … Cfr La mémoire retissée. Une histoire de l'immigration
en Belgique au XXe siècle, A. Morelli et J.-Ph. Schreiber dir., catalogue de
l'exposition, Charleroi, Maison de la Culture de la Région de Charleroi, 1993.
Dans les galeries
abandonnées de Bâneux on a fait des recherches pour les petites victimes d’Ait
Oud, Stacy et Nathalie. Elles ont été retrouvées dans un caniveau, le long du
chemin de fer, quelques centaines de mètres plus bas … On a érigé un monument
sobre, en acier Corten, aux Bayards.
L’araine de Richonfontaine
Bâneux évoque bien
comment on exploitait le charbon avant l’invention des pompes à vapeur: on
attaquait les couches de charbon, qui affleuraient par l’érosion de la Meuse, à
partir des flancs de la vallée. Dans le bassin liégeois le feu n’était pas
l’ennemi principal, mais bien l’eau d’infiltration. Tous ces puits et ces
galeries exploitées se remplissaient très vite d’eau, qu’on évacuait via des
galeries, les araines, dont nous verrons l’œil de Richonfontaine à la fin de
notre ballade. Les propriétaires de ces araines prenaient 1/80 aux comparchonniers,
et vendaient l’eau évacuée au réseau d’eau potable de la ville.
La révolution
française (et liégeoise) a balayé tous ces privilèges à la poubelle de
l’histoire. Cette révolution a aussi été le point de départ d’une concentration
de toutes ces petites mines moyenâgeuses. Les familles Orban et Jamar ont créé ainsi
la société de Bonne-Fin, qui a absorbé en 1830 le Charbonnage du Bâneux.
Ces fusions étaient
aussi le signal de départ d’une dérégularisation totale, où les règles qui dataient
de la Paix de St Jacques de 1487 ont été totalement abandonnés. C’est ainsi que
nous avons en 1825 une percée d’eau dans la mine du Plomterie qui avait fait
une liaison via une couche de charbon avec les galeries du Bâneux. Dans le
quartier de Vivegnis il y a des éboulements. Et le puits de la Citadelle tombe
à sec. Vauban avait jugé cet ancien puits de mine un des meilleurs dispositifs
de toutes les fortifications qu’il avait visité. Après cette percée les militaires
doivent aller chercher leur eau potable à 124 mètres de profondeur. Et en 1935 ils doivent encore creuser quatre mètres plus bas.
La situation de ses
différents puits a fait de la Bonne-Fin le champion des litiges et des dégâts
miniers. Vers 1830 l’état belge refuse toute nouvelle concession et annule en
1875 toutes les concessions minières en dessous du centre ville.
Le sentier de la
Citadelle suit le trajet d’un GR (Grande Randonnée), le «Sentier des terrils» :
300 km qui relient Bernissart (la mine où on a trouvé des iguanodons) à
Blegny-Mine. Ce GR a reçu le numéro 412 en hommage à la Sainte Barbe ,
patronne des mineurs, qui est fêtée le 4 décembre (4/12).
Le bois de Fabry
La ferme Fabry |
Ce sentier croise le
bois de Fabry. Une troupe scout y a placé une pancarte devenue presque
illisible, en souvenir d’un grand homme qui a écrit quelques pages de
l’histoire mouvementée de Liège. Le bourgmestre révolutionnaire JJ Fabry y a
habité et y a été enterré. Sa dépouille repose aujourd’hui au cimetière de
Robermont. Dans les chroniques nous lisons : « Le 3 décembre 1792 eut lieu la réinstallation du Conseil municipal
proscrit par les tyrans, et rétabli provisoirement par les vengeurs des droits
des peuples. Il adopta la proposition faite au nom de la société populaire de
considérer comme abolies les charges aristocratiques, dispendieuses et inutiles de bourgmestres, et il se donna
un président et un secrétaire qui furent Fabry et Bassenge ».
L’Enclos national des fusillés
Le long de la citadelle nous retrouvons l’Enclos
national des fusillés. Un moment de recueillement… C’est aussi le point de
départ d’un « Parcours Citoyen sur les traces de la Résistance ».
Sous un de ces croix, Martin Gyselaer, fusillé
à la Citadelle le 22 mai 1942 pour avoir, « par cupidité, reproduit dans son imprimerie, au cours de longs mois,
des tracts bolchevistes à des milliers d’exemplaires » (le faux Soir des 23-25 mai 1942). Jean
Derkenne, un des responsables de la presse clandestine, témoigne : « Vers février 1942, les services du
Parti furent informés qu’un certain danger menaçait notre camarade imprimeur Gyselaer.
L’impression des journaux fut arrêtée. A l’occasion du 1 mai 1942, le Parti
demanda un effort supplémentaire. Il fut décidé de faire appel au
camarade
Gyselaer étant donné qu’il ne s’était rien passé en février et mars. Gyselaer
tira 40.000 exemplaires du Drapeau Rouge, 20.000 tracts ‘appel 1 mai’, 6.000
tracts en allemand s’adressant aux soldats allemands, 125.000 papillons avec
faucille et marteau. Le 28 avril 1942 l’héroïque camarade Gyselaer et son
épouse furent arrêtés, livrés par un indicateur du gestapiste Lempereur.
Bloc 24 enclos fusillés |
Voici le récit de son arrestation.
Lorsque les soldats allemands sortirent le camarade Gyselaer de sa maison, le
visage de notre ami était ensanglanté et méconnaissable. Sa compagne fut
également arrêtée ; elle fut déportée et ne revint jamais. Gyselaer fut
fusillé le 22 mai 1942 à la Citadelle. Il emporta dans sa tombe tout ce qu’il
connaissait sur l’organisation de la presse du Parti » (Chroniques de la
Résistance du FI Mai 1975 p26).
Le Puits de Païenporte et la Citadelle
Juste à côté,
le grand puits de Païemporte est un ancien puits d'extraction du charbon.
Depuis 1650 le puits est inclus dans la citadelle, où il sert à l'alimentation
en eau du fort. Lors de la construction de l'Hôpital l'accès au puits fut muré
pour éviter les accidents. Les spéléologues du groupe Abyss y ont installe un
échafaudage permettant de descendre dans le puits. Mais l'air est surchargé en
CO2.
La citadelle même a été construite après la défaite des
Grignoux, en 1650. A cette époque, deux partis divisaient alors la ville de Liége : les Chiroux et
les Grignoux. Les Chiroux étaient pour l’évêque, et les Grignoux lui étaient
opposés. Les bourgeois et les gens aisés étaient pour la plupart Chiroux, parce
qu’ils désiraient le maintien de la paix ; mais le petit peuple, toujours
mécontent de son sort, était Grignoux. Le 25 juillet 1630 le Grignoux Sébastien La Ruelle est élu bourgmestre.
Le prince-éveque Ferdinand de Bavière fait casser les élections par l'empereur.
En 1647, les Grignoux lui interdisent l'entrée de la ville.
Son neveu Maximilien-Henri de Bavière entreprend la reconquête de la Cité, suspend
la plupart des droits politiques, et fait construire une citadelle dont la défense vers la campagne – contre l’ennemi extérieur- est
sacrifiée afin d’augmenter le nombre de bastions dirigés vers la ville, donc
contre son ennemi intérieur.
En 1676 les troupes de
Louis XIV font sauter le fort, au grand contentement du peuple. Lors du retour
de Maximilien Henri à Liège en 1684 son premier souci est de redresser la
citadelle « pour permettre aux bon citoyens de dormir en paix et empêcher
les débordements des autres ».
En 1709 les Provinces-Unies obtiennent dans le traité de la Barrière le droit de tenir garnison dans Liège. Le
prince demande que le fort lui soit rendu afin de ‘mettre la cité à l’abri des troubles auxquels elle serait exposé si
l’on ne pouvait, par ce moyen, contenir la populace dans le devoir’, ce
qu’il obtient en 1717 dans le Traité de la Haye : la Citadelle lui est
restitué « dans l’état où elle
était, avant la dernière guerre, du côté de la ville, mais les ouvrages du côté
de la campagne seront démolis » (http://www.fabrice-muller.be/liege/patrimoine/citadelle/images/plan1711-projet-demolitions.png
; Histoire de l’enceinte de la citadelle p65 et 76 Jules Loxhay éd. CLHAM).
En 1974 lors de la construction
de l'hôpital de la Citadelle on a détruit les bastions vers la campagne. Le
hasard de l’urbanisme a donc laissé la citadelle dans un état qui démontre bien
sa destination : mater le peuple et la ville…
La tour des Vieux Joncs
Nous descendons par
la rue du Péry. Par un passage sous voûte à hauteur du 38 de la rue Pierreuse–
au Moyen Age une des portes d’entrée de la ville- nous atteignons la Tour des
Vieux Joncs, en flamand Alden Biesen, un vestige d’une des multiples propriétés
de L’Ordre Teutonique dans la ville. Vieux Joncs = Alden Biesen : c’est le
nom de l’archicommanderie à Bilzen. Eisenstein a filmé, dans son Alexander
Nevski, la défaite des Chevaliers Teutons sur le lac Peipus gelé.
L’Ordre des Chevaliers teutoniques a été
crée, comme celui du Temple, pendant les Croisades vers 1190. L’ordre des
chevaliers teutoniques fût dissous par Napoléon. Depuis 1929, ils sont
organisés en ordre uniquement religieux; il en resterait un millier,
principalement en Autriche ».
Une gravure du XVIII° siècle nous donne un
aperçu de l’ampleur de la commanderie des chevaliers teutoniques à Liège. Les bâtiments n° 66 rue
du Palais ont été propriété de l’Ordre jusqu’en 1625. L’Ordre les vend alors
aux frères mineurs. Cette commanderie avait de magnifiques jardins en terrasse.
Mais ce n’est pas tout. L’église de Saint
André, place du marché, avec sa coupole, était une de leurs églises
paroissiales. Cette paroisse était une des plus grandes de la ville et comptait
au 17° siècle 2.250 croyants dans 22 rues. Le curé était en même temps aumônier
de ces soldats en habit.
Ces
moines-chevaliers ont atterri à Liège en 1254, trente ans à peine après la
fondation d’Alden Biesen. Cet ordre monastique avait aussi une commanderie à Fourons Saint Pierre.
Le domaine de l’Ordre Teutonique à Liège a été
exproprié avec la révolution française. Le curateur a été le grand peintre
liégeois Leonard Defrance, le même qui s’est occupé de la démolition de
la cathédrale Saint Lambert. Le 14 mars
1798, Defrance et un maçon acquièrent le domaine et démontent couvent et église
(Carnets du patrimoine N° 24 p31).
Les chevaliers Teutoniques ont joué un rôle
important dans l’Empire germanique, et donc aussi à Liège. En 1247 déjà le pape
Innocentius IV, qui venait d’écrire la Bulle fondatrice des Teutons, envoie
l’évêque Jacques, archidiacre de Liège, pour régler les disputes de l’Ordre Teutonique
avec l’empereur allemand. Notre évêque
Jacques deviendra le pape Urbanus IV.
En 1418 le pape Martin V nomme le chevalier
teutonique Johann von Wallenrode évêque de Liège. Ce von Wallenrode n’était pas
n’importe qui : il avait été lors du concile de Constance le geôlier du
précurseur tchèque du protestantisme Jean Hus, mort sur le bûcher en 1415,
ainsi que du pape déchu Jean XXIII.
Deux siècles plus tard, en 1694, un grand-maître de l'ordre Teutonique Louis
Antoine de Palatinat de Neubourg pose sa candidature comme prince-éveque de
Liège. Malgré de puissants appuis, il ne parvint pas à se rallier tous les
suffrages. Vingt-quatre chanoines préfèrent Joseph-Clément DE BAVIERE. Le
conflit monte même au pape. Une épidémie enleva Louis-Antoine et JOSEPH-CLÉMENT
peut monter sur le trône.
Cette tour des Vieux Joncs est donc une tour
chargée d’histoire, preuve de la présence dans nos murs d’une des plus
sanguinaires ordres monastiques de l’histoire.
L’ancien Béguinage du Saint-Esprit
Au 18 Impasse des Ursulines les vestiges de
l’ancien Béguinage du Saint-Esprit, aujourd’hui restaurant The Nun’s – what’s
in a name ! Les bâtiments du XVIIe siècle ont abrité un moment le musée de
l’Architecture et ont ainsi été enrichis d’éléments architecturaux récupérés
lors de démolitions : escalier à balustre, divers types de cheminées, des
enseignes ainsi que de jardins en terrasse. En face un ancien relais de poste
en colombages, lui aussi récupéré lors d’une démolition.
Le Béguinage est un des rares témoins de la
quarantaine de petites béguinages disparus lors de la Révolution française. Au
début les Béguins ou Beggards étaient un
mouvement hérétique puissant initié par le petit curé
Lambert le Bègue, condamné par le concile de Venise en 1177.
Nous débouchons sur le Couvent des Ursulines
et les 374 marches de la Montagne de Bueren. Construit en 1875, en mémoire de
Vincent de Bueren, leader des six cent Franchimontois. En 1468 celui-ci a
essayé de capturer le duc de Bourgogne à
Sainte-Walburge, où était établi son campement. Mais ce n’est pas par là que les Franchimontois sont partis à l’assaut. Les
escaliers ont été créés pour que les 1.200 militaires casernés à la Citadelle
ne descendent plus en ville par Pierreuse, qui du fait de leurs fréquents
arrêts a acquis une très
mauvaise réputation. Conséquence : invasion « rose »
dans les rues avoisinantes (et interdiction faite aux élèves de St Bar de
fréquenter les dites rues).
Quant aux Ursulines, elles
sont arrivées en 1619, avec les Sépulchrines, Capucins, Jésuites et
Jésuitesses, Augustines, Carmélites déchaussées, Célestines, Bénédictines,
Dominicaines, Franciscaines, Récollectines, Conceptionnistes, Urbanistes,
Tertiaires, dans le sillage de Ferdinand
de Bavière, champion de la Contre-réforme: plus de 70 couvents et abbayes se
sont installés à Liège sous son règne pour combattre le protestantisme!
Nous faisons un petit crochet par l’œil de
l’araine de Richonfontaine, la fontaine Saint-Jean-Baptiste , et la rue de la
Poule avec une ancienne pompe alimentées par les areines (cfr. le charbonnage
de Bâneux).
Dans la rue Hors Château nous traversons la
Cour Saint-Antoine, un ensemble d'immeubles à appartements et maisons
complétant un groupe de constructions des 17e et 18e siècles, rénové par Charles
Vandenhove en 1979. Sur la place Saint Barthélemy le statue ‘les
principautaires’ de Mady Andrien, en acier autopatinable. Le mécène
Philippe Delaunois, administrateur délégué de Cockerill (aujourd’hui
ArcelorMittal), y voyait une traduction principautaire du thème biblique de David et de
Goliath, défi des petits aux grands. Pour l’échevin Firket la statue témoigne
de l'esprit liégeois, de la belle vitalité qui survit aux épreuves s'appuyant
sur un courage qui toujours se dissimule sous les apparences d'une insouciance
quelque peu frondeuse…
Dans la rue Féronstrée (ferons : artisants du
fer), le palais Curtius du XVIIe siècle du richissime munitionnaire liégeois
Jean de Corte abrite aujourd’hui le complexe muséal le « Grand Curtius ».
En guise de conclusion, ce petit texte de
notre monument de la littérature française Savitzkaya sur cet autre
prison : le centre fermé de Vottem.
"Aux abords des autoroutes, on fait dormir
des êtres humains derrière de hautes clôtures électrifiées, des gens qui ne
sont pourtant ni voleurs ni tueurs et qu'aucune magistrature ordinaire ne
pourrait condamner. A Liège, c'est dans une caserne de la gendarmerie
soigneusement entourée de hautes clôtures qu'on enferme ceux qui, venant de
pays ravagés par la scélératesse et le cynisme des grands marchands d'armes et
de leurs sbires locaux, demandent protection et asile.
Là,
flotte le drapeau belge.
Pour la
parade, la toque des magistrats est garnie de plumes d'autruche"
(Fou trop poli, Ed. de Minuit, p.34)
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