A la Fabrique
Nationale, on n’avait manifestement pas envie de faire partager sa joie pour fêter son 125e anniversaire: la
fête s’est limité à une petite fête aux
Halles des Foires pour le personnel. Voici mon historique de la FN Herstal.
Cette usine a été créée en 1886 par ‘les
Fabricants d'Armes Réunis’ pour fabriquer 150.000 MAUSER pour l'armée belge. Tous les pays commençaient à se réarmer. C’était
l’époque de la construction des forts de Liège. La Belgique était soi-disant
neutre : un statut qui datait de l’époque du Congrès de Vienne, après la
chute de Napoléon. Neutralité un peu spéciale : le brevet du MAUSER appartenait
à l’allemand LOEWE. En 1896 Loewe arrive
à racheter 50% des parts des actionnaires belges. En 1918 les allemands sont
évincés de l’actionnariat. l’UFI, une filiale de la Société Générale, devient
l’actionnaire principal.
La première grande grève de la FN – elle durera 11 semaines- se déroule
en 1928. Suite à la crise le nombre d’emplois à la FN Herstal descend de 9018 en
1929 à 2580 en 1934.
Lors de la grande grève de 1936 les travailleurs de la F.N.
occupent l’entreprise. Cette grève aboutit à la première semaine de congés
payés. Durant la 2e guerre, l’usine est sous
séquestre et gérée par Deutsche Waffen Muenitionne qui avait contrôlé l’usine
de 1896 à 1918.
La FN, c’est aussi la grève des femmes de la F.N., ‘à
travail égal, salaire égal’. En 1966 l’usine emploie 13.000 personnes dont 4000
femmes presque toutes ouvrières. En Février 1966 celles-ci partent en grève.
Elles durera 3 mois. La crèche communale
est le fruit de cette grève des femmes.
Liège a une longue tradition de fabrication d’armes à feu.
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En 1460 déjà , ‘les Compagnons de la verte tente’ rendent la
vie dure à Charles le Téméraire. Ce corps franc de partisans était armé de
couleuvrines, un simple tube de fer, inséré dans une pièce en bois. C’était la
première arme à feu portable. Après le sac de Liège en 1468 Charles interdit de
"jamais forger en la dite cité et
pays artillerie grosse ni menue, ou forger harnois, ni faire aucune ouvrage de
fondure de métal de fer, de ceuvre, ni d'arreu pour faire artillerie ou
habillement de guerre".
Au 16° siècle un véritable système de production d’armes
se met en place basé sur le travail à domicile. Dans une organisation en
cascade un fabricant confiait la fabrication des canons aux "Fèvres"
qui transféraient les pièces aux foreurs et puis aux brunisseurs avant de le
livrer aux garnisseurs. Les platineurs qui fabriquaient le mécanisme de mise à
feu sous-traitaient eux aussi aux limeurs. Il y avait des graveurs, ciseleurs,
damasquineurs, argenteurs etc.
La première standardisation viendra avec la fabrication du modèle 1777. On dira à Liège pour qualifier un ouvrier de valeur "c'est un bon il a fait des 77". En
1886 les fabricants d'armes utilisaient encore le terme de "qualité 1777". Le mousquet Modèle
1777 est une arme conçue par l’ingénieur français Gribeauval qui impose
une interchangeabilité des pièces. Le fusil modèle 1777 se révéla d'une
robustesse peu commune. C’était le Kalachnikov du 18° et 19° siècle.
A Liège, un mois après la prise de la Bastille, Jean Gosuin,
un des principaux marchands d'armes , s'emparera de l'hôtel de ville le 18 août
1789. Gosuin deviendra bourgmestre de Herstal. En 1792, il fonda une manufacture d’armes quai Saint
Léonard qui deviendra en 1799 la Manufacture Nationale d’Armes de Guerre. GOSUIN obtint
pour six ans la fourniture exclusive d’armes militaires pour la France. Il
imposera la standardisation aux armuriers liégeois. Après Waterloo Liège fera des armes de luxe. En 1870 se constitue à Coronmeuse ‘le petit syndicat’, qui fabriquera le fusil « Comblain » . Hubert Joseph Comblain était un armurier de Cheratte. En 1867, il avait
présenté à l'armée belge un fusil à chargement par la culasse.
La Société Anonyme Fabrique nationale d'Armes de Guerre
En 1886 ‘les
Fabricants d'Armes Réunis’ créent la Société Anonyme Fabrique nationale d'Armes
de Guerre pour réaliser un marché de 150 000 fusils MAUSER pour l'armée belge. L’
usine que nous voyons aujourd’hui a été construite pour cette commande. Le
MAUSER est un bon fusil tout nouveau ; seul problème : le brevet
appartient à l’entreprise allemande LOEWE qui refuse sur cette base certaines
commandes à la FN. En 1896 Loewe arrive à racheter 50% des parts à des
conditions avantageuses. Un emprunt est garanti par le Deutsche Waffen und
Munitionsfabrik, le holding de Loewe. Lors de la première guerre Herstal
travaille donc sans problème pour les allemands.
En 1918 les allemands sont évincés de l’actionnariat. La
participation allemande est rachetée à petit prix par l’UFI, une filiale de la
Société Générale.
La FN a beau être créée par ‘le petit syndicat’, le vrai
syndicat a difficile d’y prendre pied. La première grande grève – elle durera
11 semaines- se déroule en 1928, pour le paiement des jours chômés pour
inventaire. La crise brisera cet élan syndical naissant: de 1929 à 1934 le nombre d’emplois à la FN Herstal
descend de 9018 à 2580.
La grande grève de 1936 commence aux docks d'Anvers le 2
juin 1936. Le 9 juin, 3.000 mineurs de La Batterie, à Liège, occupent leur
entreprise, suivis le 12 juin par les travailleurs de la F.N. Cette grève
aboutit à la semaine de quarante heures dans les industries insalubres, et une
semaine de congés payés.
En 1939 la FN donne à nouveau du travail à 11.000 personnes.
Durant la 2e guerre, une partie de la Direction rejoint
Londres. Les allemands mettent l’usine sous séquestre et en confient la gestion
à la DWM (Deutsche Waffen Muenitionne ;
les mêmes qui avaient contrôlé l’usine de 1896 à 1918). La production
reprend avec 12.000 travailleurs réquisitionnés par le Service du Travail
Obligatoire. La FN sera poursuivie pour collaboration jusqu’en 1948 par le
Conseil de guerre.
La FN, c’est aussi la grève des femmes de la F.N., ‘à travail égal, salaire égal’, une première européenne. En 1966 l’usine emploie 13.000 personnes dont 4000 femmes presque toutes ouvrières. En février 1966 celles-ci partent en grève. Elles tiendront pendant 3 mois. La crèche communale est le fruit de cette grève.
La FN, c’est aussi la grève des femmes de la F.N., ‘à travail égal, salaire égal’, une première européenne. En 1966 l’usine emploie 13.000 personnes dont 4000 femmes presque toutes ouvrières. En février 1966 celles-ci partent en grève. Elles tiendront pendant 3 mois. La crèche communale est le fruit de cette grève.
En 1975, FN Herstal occupait encore 10 286 personnes. En 1990, l’emploi
était réduit à 1 516 unités (il faut toutefois tenir compte des 1 710 emplois
repris dans FN Moteurs, qui deviendra Techspace Aero en 1992). En 2001, FN
Herstal n’offre plus que 914 emplois et Techspace Aero 1 291.
Biblio
Une histoire de la Fabrique Nationale de Herstal, P. Deloge,
Cefal 2012
La grève des femmes de la FN en 1966, Marie-Thérèse COENEN,
1991, éditions Pol-His du CRISP
"Un mémoire inédit sur la Manufacture d'Armes de Liège
en 1803", Cl. GAIER, bulletin trimestriel de l'A.S.B.L. "Les Amis du
Musée d'Armes de Liège", N° 42-43 Septembre 1984
Sur Gosuin
http://hachhachhh.blogspot.be/2013/08/1792-1808-gosuin-revolutionne.html
1792-1808 Gosuin révolutionne l’armurerie à Liège
Gosuin, premier bourgmestre ‘moderne’ de Herstal
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