Dans les traces de
Simenon: c’est le nom d’une balade balisée par l'Office du Tourisme de la Ville de Liège.
Voici ma version de
balade Simenon.
Simenon citoyen du monde
Il ne faut pas
exagérer les liens de Simenon avec Liège. Simenon a été un citoyen du monde. Même
si son premier livre, publié en 1921 sous le pseudonyme de Georges Sim est
incontestablement typiquement liégeois, avec le titre 'Au Pont des Arches'.
Pour le reste, ses
livres fourmillent de souvenirs liégeois, comme le “Pendu de Saint Pholien”
fortement autobiographique.
Mais en 1922, à l’âge
de 19 ans, il secoue la poussière de Liège de ses semelles. En 1929 il passe
encore par Liège avec son bateau l’Ostrogoth, et pendant la guerre il a encore
donné quelques interviews au journal de collaboration liégeois La Legia.
Simenon renoue avec
Liège après la deuxième guerre. Liège est omniprésent dans l’autobiographique « Pedigree, le plus grand roman que Liège ait
jamais inspiré ». Simenon
commence ce livre en 1941 comme un testament pour son fils Marc, qui a deux ans
à cette époque. L’hypochondriaque Simenon commence cet oeuvre après un
diagnostic d’un médecin de province qui lui annonce qu’il a encore deux années
à vivre. Quand ce constat s’avère faux, ce manuscrit devient la base d’un livre
qui sera finalement publié en 1948.
Arnold Maigret mémorial des policiers morts pour la patrie |
Pedigree
http://www.0faute.com/biblio1944.htm «En 1940, je me croyais condamné. J'ai voulu
compter ma vie pour mon fils qui venait de naître et qui ne me connaîtrait pas.
Or le médecin s'était mis le doigt dans l'œil. L'ouvrage devait avoir trois
volumes. Le premier m'a coûté dix millions en procès, en arrangements avec des
quidams que j'avais censément diffamés. Pas si bête, j'ai arrêté les frais.»
(Georges Simenon,
sans mention d'origine, 1956)
Certains personnages
de ce “roman” sont tellement reconnaissables que Simenon est attaqué en justice
par plusieurs de ces personnages ou institutions (comme les frères de Saint
André qui annoncent pourtant sur leur site: «Notre école est fier d'avoir vu passer
Georges SIMENON sur ses bancs ! »). Les premières éditions sortent alors avec
plusieurs pages blanches censurées.
A partir de la
troisième édition les passages «délictueux»ont été réécrits. C’est le texte définitif reproduit dans toutes les éditions ultérieures.
Le fils Chaumont, qui avait entrepris des études de médecine à Liège et avait
loué une chambre au 53 de la rue de la Loi avant la guerre – chez la mère de
Georges -, deviendra «Monsieur Bernard», Rosalie Jamar, une voisine de la rue Pasteur , sera «Rosalie Morel». Seuls quelques passages
touchant les pratiques peu orthodoxes de quelques bons frères de l’Institut
Saint-André resteront définitivement escamotés.
Les français, qui
autrement tombent facilement dans un certain chauvinisme, reconnaissent
que le titre de Simenonville doit aller
à Liège. Jean-Luc Douin explique, à l‘occasion de la sortie de ses oeuvres dans
"La Pléiade", le panthéon littéraire français : « Simenon y entraîne Maigret sur les pas de
son enfance dès sa troisième enquête, l'y fait revenir dans La Danseuse du
Gai-Moulin, y fait revivre d'anciennes connaissances dans Les Trois Crimes de
mes amis. C'est à partir de la chronique de cette ville qu'il conçoit une
autofiction, Pedigree, chanson de geste, hymne nostalgique de tendresse et d'attachement
à l'innocence perdue » (Le Monde, 30.5.2003).
Douin exagère: ce
livre n’est pas aussi innocent qu’il le dit. Mais en tant que Liégeois ces compliments
font plaisir.
Quatre ans après sa
retraite, en 1976, ses archives sont rapatriées au Fonds Simenon de l’Université
de Liège. En 2003, quatre ans après sa mort, il y a une grande expo 'Simenon... 100 ans’. Et, suprême
consécration liégeoise, le 15 août 2002 Outremeuse lance un nouveau géant: un
commissaire Maigret.
Mais Liège n’est pas
le seul prétendant au titre de Simenonville. Les Sables d'Olonne ont leur "Festival Simenon".
Lausanne, où
l’écrivain a séjourné 17 ans, a inauguré une plaque commémorative à l’occasion
du centième anniversaire de la naissance de Georges Simenon, et la poste suisse
a sorti un timbre Simenon. Delfzijl en Hollande prétend que Maigret y est né
lors d’un séjour de notre écrivain en 1929. Au Damsterdiep ils ont donc une
statue Maigret.
Georges Simenon un Limbourgeois?
Pour le Gazet van
Antwerpen Georges Simenon était un Limbourgeois. Il faut quand même remonter loin en arrière. Le professeur liégeois Mathieu
Rutten a retracé toute la généalogie de ,
de grand père de l’arrière grand père de Georges Simenon (six générations en
arrière), a été pendu, roué et écartelé le 10 septembre 1743 comme membre de la
bande des bokkenrijders ("boucs volants").
Wellen Bokkenrijders |
L’arrière arrière
petit fils de Gabriel, Willem Brüll, marie en 1854 Maria Elisabeth Loijens de
Schijn op Geul. Mais à cette époque déjà la famille commence une odyssée qui
les amène de Neeroeteren, Rotem,
Maaseik, Antwerpen, Tienen, Hoepertingen, Herstal et enfin, en 1880, à Liège.
Henriette, la mère de
Georges naît en 1880, à Liège, comme 13ème et dernier enfant.
Après son départ de
Liège Simenon a habité à 33 endroits différents. N’essayons donc pas de caser
cet homme dans une ville bien précise. Et passons maintenant dans les traces du
citoyen du monde Simenon…
Place du Marché
Notre promenade part Place
du Marché. Simenon note dans Le Pendu de Saint-Pholien qu'il y avait « une cacophonie savoureuse, des cris en
patois wallon, le quadruple jet d'une fontaine monumentale surmontée du perron
liégeois. J'aimais les petits cafés d'alentour qui sentaient le genièvre et que
fréquentaient les poètes wallons et les artistes des théâtres locaux ».
Un Arnold Maigret
figure sur le mémorial des policiers morts pour la patrie. Passez : il n’y
a rien à voir. Ce mémorial date d’après la 2ème guerre, or, le
premier Maigret date de 1927…
Simenon a eu son
premier salaire comme reporter de la Gazette de Liège (aujourd’hui La Libre Belgique ). Il
rappelle dans l’autobiographie ‘Quand
j'étais vieux’: « Professionnellement,
je devais être chaque matin à onze heures au commissariat central de police,
derrière cet Hôtel de Ville, où on remettait à mes quatre confrères et à moi,
les rapports quotidiens ».
Là où se trouve
aujourd’hui Ilot Saint Michel il y avait avant la Rue de l'Official, « where the good old Gazette de Liege had had
its offices at the time when I was a young reporter » (Georges Simenon Lakeville,
Connecticut 1953). Cette Gazette
de Liège date de l’ancien régime, fondé en 1688 "avec privilège des Princes Evêques", et en 1919-1922 -l’époque de Georges Sim – dirigé d’une main
de fer par la troisième génération des Joseph Demarteau.
La mère de Simenon,
Henriette Brüll, a travaillé comme vendeuse au rayon mercerie de l'Innovation. Dans
la Gazette de Liège, le jeune Sim écrivait " Grand Bazard " avec un " d ", alors que l'enseigne
" sans d " était tous les
jours sous son nez, ce qui lui valut un sermon du père Demarteau.
Rue Léopold n° 24, au
deuxième, chambre et cuisine sans eau ni gaz
Dans la rue Léopold , au n° 24,
"au deuxième, chambre et cuisine
sans eau ni gaz" naquit le créateur de Maigret. Le jeudi 12 février
1903 "à onze heures et demie du soir"
porte l'acte de naissance. En réalité, Simenon a vu le jour le 13 février, à
0h10, mais sa mère, assez superstitieuse, voulut lui éviter le patronage
redoutable du vendredi 13 !
Aujourd’hui le N°24
est fermé suite à l’explosion de 2010 mais porte toujours l’enseigne « Georges y est né ». Les héritiers
Simenon ont des longues dents et taxent impitoyablement tous ceux qui essayent
d’utiliser le nom du grand écrivain.
Les Simenons
déménagent un mois plus tard pour la rue de Gueldre où ils habitèrent le n° 5
du 15 juillet 1903 à fin avril 1905.
Ca ne sera pas le
dernier déménagement: en 1905 la famille passe le pont des Arches. En 1921 cela
devient le titre du premier roman de Georges Sim (Au pont des Arches). Nous sommes en Outremeuse (Djus-d'là-moûse).
Le Pendu de Saint-Pholien
wiki st pholien Liège |
A la descente du pont
des Arches, l’église Saint-Pholien, ouvert au culte en 1914, est le théâtre du
« Pendu de Saint-Pholien ».
Le n° 13 de la rue des Ecoliers cache l'ancienne rue de Houpe, venelle
moyenâgeuse. Là se réunissait, vers 1920, une certaine bohème liégeoise faite
de jeunes esthètes et de rapins fréquentant "plus ou moins l'Académie des Beaux-Arts ». "C'était à qui porterait le plus grand
chapeau, fumerait la plus longue pipe en terre" rapporte Simenon qui
fut de cette "cour des Miracles
derrière Saint-Pholien". Au premier étage d'une "maison en ruine", dans une pièce
exiguë comme une caque (un tonneau de harengs) "nous planions au-dessus du
monde conventionnel, des lois, des préjugés".
Mais la vie de bohème
peut être l'antichambre de la gloire ou de la mort. En mars 1922, un
des compagnons de Simenon, le petit Kleine, "un adolescent nerveux, qui ne mangeait pas et qui se remontait à grand
renfort d'alcool" se pend à la porte de l'église Saint-Pholien,
pourtant "il voulait devenir un
grand artiste". Simenon avait accompagné Kleine la soirée précédente.
Le jeune Sim écrivait le lendemain un article dans la "Gazette ".
Un journal concurrent, L'Express, écrit le 3 mars 1922 : "Le désespéré, qui s'est pendu à l'aide de
son écharpe, put être identifié grâce aux papiers trouvés sur lui. C'était un
nommé Joseph Kleine, peintre décorateur, âgé de 24 ans. L'enquête a établi que
Kleine était un cocaïnomane incorrigible".
Caserne Fonck milicien numéro 7980
Le boulevard de la
Constitution a à peu près le même âge que l'église Saint-Pholien. On longe la
caserne des Lanciers, aujourd'hui caserne cavalier Fonck, où le romancier –
matricule 7980 - effectua une partie de son service militaire en 1922.
"On arrivait à un carrefour, et on trouvait à
gauche les murs percés de meurtrières de la caserne, à droite un immense
portail faiblement éclairé: celui de l'hôpital de Bavière." (Le Témoignage de l'Enfant de
choeur).
La chapelle où
Simenon, durant ses études primaires à Saint-André, servit la messe de 6
heures, est ce qui reste de l'hôpital démoli. L’hôpital avait été ouvert par Léopold
II en 1895 et a été le point de départ de la partie “art nouveau” d’Outremeuse.
Aujourd’hui les nostalgiques
peuvent y assister à une messe en latin. Cette chapelle en est à sa troisième
vie. Elle se trouvait auparavant sur la place de l’Yser et faisait partie de
l’hôpital de Bavière. Quand on a voulu démolir cet hosto en 1895, pour
reconstruire un nouveau un peu plus loin, il y a eu une forte résistance. La
ville a dû accepter de démonter la chapelle et de la reconstruire à l’identique
où elle se trouve actuellement. Quand on a démoli le nouvel hôpital de Bavière
vers 2000, on n’a plus osé toucher à cette chapelle.
Le porche franchi,
"on percevait les premières odeurs
d'hôpital, puis, après une seconde porte, on se trouvait dans une vaste cour où
se dressaient les pavillons. De loin, on devinait les cornettes blanches des
bonnes soeurs qui se dirigeaient vers la chapelle" (Le Témoignage de l'Enfant de
choeur).
Le jeune Simenon
grandit donc en rive droite, près du nouvel hôpital de Bavière, dans un
quartier traversé par des rues "tirées au cordeau" au départ de la
place du Congrès. Cette place autrefois "plantée d'ormes et que des voies de tramways traversaient en diagonales",
sera pour de longues années, le centre de l'univers enfantin de Georges
Simenon. « J'y ai connu des heures
merveilleuses », écrit-il (Quand j'étais vieux). Où d’autre aurait-on pu mettre le buste de Simenon?
« Quartier neuf, sans mystère, habité par des
gens calmes et modestes. C'était le quartier le plus banalement paisible qu'il
fût possible d'imaginer". Banalement paisible, peut être ; banal,
sûrement pas. Autour de l’implantation de Bavière, vers 1895, se construit un
quartier nouveau, qui garde encore aujourd’hui beaucoup de traces de l’Art
Nouveau. Le déménagement de l’hôpital a porté un coup très rude à la vitalité
du quartier. Aujourd’hui un nouveau coup s’ajoute avec le transfert du Théâtre
de la Place. Et cette friche de Bavière reste là. Pourtant, les terrains étaient
la propriété du CPAS. Plusieurs promoteurs immobiliers se sont déjà sucrés en
revendant. La Ville a avec le terrain vendu aussi toute maitrise sur l’avenir
de ce quartier…
L’Art Nouveau
Nous tournons à gauche
par la rue de l'Enseignement où Georges Sim, alors jeune reporter à la Gazette
de Liège, résida de juin 1919 à décembre 1922, n° 29. La rue de la Loi, "aux maisons à peu près pareilles, à un
étage, à deux étages maximum". Le ménage Simenon occupa le n° 53 de février
1911 à février 1917. Sa mère est toute contente d’avoir « trouvé une maison...Ici tout près...rue de
la Loi, juste en face de l'école des Frères. Ce serait pratique quand Georges
ira à l'école primaire..." (Je me souviens).
Au n° 48, "une porte cochère, celle de l'école des
garçons", l'institut Saint-André où le père de Maigret fit de
fructueuses études primaires. Les pages sur les frères de Saint André ont été
éliminés de Pedigree.
Sa mère y loue des
chambres à des étudiants. Le fils Chaumont y avait loué une chambre et
deviendra «Monsieur Bernard» dans Pedigree, pour éviter un procès de la part du
père Chaumont…
L’auberge de jeunesse Georges Simenon
Sur les huit bancs-
valises ornant son parvis est gravé la première phrase de “la veuve Couderc ”. Au
centre un monumental «caillou» récupéré lors des travaux du tunnel de
Cointe ; une vaine tentative d’enchaîner le globe-trotter Simenon au sol
liégeois ?
L'église
Saint-Nicolas, ancienne chapelle du couvent des Récollets, est devenue église
paroissiale en 1804. C’est les Récollets qui ont pu se payer les autels baroques
et la statue de la vierge noire d'Outremeuse, et pas les paroissiens...
Il y a dans le monde
entre 450 et 500 vierges noires. Le 15 août, la procession débute à 10 heures,
par la sortie de la Vierge noire de l'église St Nicolas. La procession se rend
ensuite à la messe, avec le sermon en wallon. Après cette messe, la procession
repart sous les potales, pour rejoindre l'église.
Le grand-père du
romancier, Chrétien Simenon, chapelier rue Puits-en-Sock, était un notable de la paroisse Saint-Nicolas
et y avait son banc: "C'est mon
grand-père aux grosses moustaches blanches qui, aux messes du dimanche, va de
fidèle en fidèle en faisant résonner la monnaie dans une boîte de cuivre
emmanchée d'un long bois - En l'honneur de Saint Roch..." (Je me souviens).
Saint Nicolas |
Désiré, le père de
Georges, "a beau habiter rue
Léopold, de l'autre côté des ponts, chaque dimanche il revient dans sa
paroisse, à Saint-Nicolas. Là où les Simenon, tous les Simenon sont chez eux,
là où ils comprennent ce que les cloches de l'église disent d'heure en heure".
Ceci dit, du temps qu’ils habitent la rue Léopold , maman Simenon préfère la collégiale Saint-Denis ,
parce que c’était la messe la plus chique de Liège…
Nous voici à la place
de l'Yser, autrefois place de Bavière. Avant 1914, la Garde civique (milice
supplétive) manoeuvrait là le dimanche. Le père de Simenon, "harnaché comme pour la guerre y fit
l'exercice sous le regard amusé des gosses du quartier plantés autour des
cinquante faux soldats".
En 1914 l’opérette était
finie. Après la première guerre, en 1918 la place de Bavière est rebaptisée
Place de l’Yser. Tâche ingrate évidemment de faire oublier les Bavière. La
principauté faisait jusqu’en 1789 partie de Saint Empire Romain Germanique.
C’est la maison de Bavière qui a fourni les princes évêques des deux derniers
siècles de l’Ancien Régime.
Au centre le la place la maison Porquin.
Le 16 septembre 1603, le prince évêque Ernest de Bavière fait don
d'une propriété qu'il possède en Outremeuse à la Confrérie de la Miséricorde
chrétienne. Cette maison était construite sur une île par le banquier lombard Bernardin
Porcini, d’où Maison Porquin. Aller à Bavîre devint synonyme d'aller à l'hôpital.
Extrait du règlement émanant du prince évêque
Ernest de Bavière:
" On n'admettra dans cette maison que les
pauvres de l'un et de l'autre sexe, malades ou infirmes mais qui ne sont
déshonorés, ni par leur vie, ni par leur famille. Nous excluons ceux qui ne
sont pas de la Ville de Liège, à moins que quelqu'un ne veuille pourvoir à
l'entretien... Nous excluons ... ceux qui souffrent d'un mal incurable,
contagieux, infâme, contracté soit par leur propre faute, soit par leur
lasciveté et ceux dont la vieillesse fait désespérer de ... leur
rétablissement, les enfants et les mendiants publics, les insensés...; enfin
les femmes enceintes."
En 1890 l'administration
des Hospices Civils décide de la construction d'un nouvel hôpital sur le site
des Prés Saint-Denis, entre le boulevard de la Constitution et la rue des
Bonnes-Villes (Chroniquedu Vieux Lièg, octobre décembre 2007, Bavière, un patrimoine peut revivre)
photo veroniqueliegeskynetblog |
La démolition de
l’hôpital fit l’objet de discussions animées au Conseil communal de Liège,
entre 1888 à 1903. Nombreux étaient ceux qui plaidaient pour sa conservation et
sa restauration. Hélas, l’autorité communale eut raison de l’édifice en 1904.
On peut encore voir une représentation de la Maison Porquin sur
une céramique située sur la
façade Art nouveau conçue en 1907 par Joseph Barsin, au n° 9 de
la rue Ernest
de Bavière: un tag de protestation avant la lettre.
La ville doit quand
même démonter la chapelle et la remonter en 1894 par Paul DEMANY à l’endroit
qu’elle occupe aujourd’hui. Elle est donc, avec le porche, l’unique témoin
encore vivant de l’hôpital du 17e siècle.
Au 16 Boulevard de
l'Est, 16 l’hôtel Si Mais Non (prononcez :
Simenon). Une enseigne gratté qui sollicite notre esprit Maigret. Les
héritiers Simenon ont fait un procès au propriétaire pour non respect du
copyright … Ceci dit, je crois savoir que ce n’est pas ça qui a donné le coup
de grâce à l’établissement, logé derrière une belle façade dans un style éclectique.
Chrétien Simenon et la rue Puits-en -Sock
Nous prenons la rue Puits-en -Sock,
"une rue étroite, commerçante".
Au n° 58, l'ancienne chapellerie du grand-père Simenon a perdu son enseigne, un
"haut-de-forme rouge au-dessus de la
vitrine". A droite, entre les n° 44 et 46, Roture ou "la Cage aux
Lions" avec ses "petites
maisons blanchies à la chaux". Aujourd’hui une rue touristique qui
cherche un peu sa voie. Mais « lorsque
j’étais enfant et jeune homme, écrit Simenon, sur un espace de quelques mètres carrés,
il y a plusieurs centaines de femmes débraillées, caquetant, criant,
s’invectivant. Une marmaille fouilleuse et crotteuse grouille partout »
(‘Je me souviens’).
La Passerelle "est un peu la chose des habitants
d’Outremeuse, le pont qu’on franchit sans chapeau, pour une simple course …"
(Je me souviens). Une nuit, quelque peu ivre, dans le brouillard
et d’humeur lyrique, Simenon y a déclamé, en présence de son ami Lafnet qui le
ramenait chez lui : «A quarante ans, je
serai ministre ou académicien» !
De la passerelle nous
voyons la capitainerie et le port des yachts. Au printemps 1929 Simenon est passé
à Liège avec son yacht, l’Ostrogoth. C’est l’époque où il commence son premier
Maigret (Pietr-le-Letton) paru en 1931.
Place Saint-Denis et la collégiale Saint-Denis
Saint Denis |
Les parents du
romancier s'unirent à l'église Saint-Denis où le 22 avril 1902 et où lui-même
fut baptisé le 15 février 1903. La place Saint-Denis « petite place ancienne,
délicieusement ombragée avec une fontaine au bruit frais. Là se tenait chaque
jour le marché au fromage.
Nous allions à la
messe de Saint-Denis parce que la messe de onze heures était la messe ‘chique’ ».
Au n° 5 de la petite rue Sainte-Aldegonde, derrière "une lourde porte cochère, au fond d'une longue cour de béguinage, deux
petites maisons blanches, coquettes, d'une propreté méticuleuse, où demeuraient
le suisse de Saint-Denis et le sacristain, Charles Coomans, oncle de Simenon. Il
sent l'église. Il sent le couvent. Toute la maison sent...j'allais dire la
bourgeoisie, la richesse, la vertu".
Voilà donc la promenade Simenon. Dans
le blog suivant nous approfondirons l’homme mens Simenon. Hergé a dessiné
Tintin chez les Soviets. Simenon a commencé sa carrière journalistique avec une
série d’articles anti- sémites dans la « Gazette de Liège ». Dans
quelle mesure ces aspects de la personnalité ont marqué ses romans?
Sites intéressants
http://www.arllfb.be/ebibliotheque/seancespubliques/23112002/lemaire.pdf intéressant pour ses positions d'extrême
droite
En anglais http://www.trussel.com/f_maig.htm
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