lundi 23 décembre 2013

SIMENON, citoyen du monde et d’Outremeuse

Dans les traces de Simenon: c’est le nom d’une balade balisée par l'Office du Tourisme de la Ville de Liège. 
Voici ma version de balade Simenon.

Simenon citoyen du monde

Il ne faut pas exagérer les liens de Simenon avec Liège. Simenon a été un citoyen du monde. Même si son premier livre, publié en 1921 sous le pseudonyme de Georges Sim est incontestablement typiquement liégeois, avec le titre 'Au Pont des Arches'.
Pour le reste, ses livres fourmillent de souvenirs liégeois, comme le “Pendu de Saint Pholien” fortement autobiographique.
Mais en 1922, à l’âge de 19 ans, il secoue la poussière de Liège de ses semelles. En 1929 il passe encore par Liège avec son bateau l’Ostrogoth, et pendant la guerre il a encore donné quelques interviews au journal de collaboration liégeois La Legia.
Simenon renoue avec Liège après la deuxième guerre. Liège est omniprésent dans l’autobiographique « Pedigree, le plus grand roman que Liège ait jamais inspiré ».  Simenon commence ce livre en 1941 comme un testament pour son fils Marc, qui a deux ans à cette époque. L’hypochondriaque Simenon commence cet oeuvre après un diagnostic d’un médecin de province qui lui annonce qu’il a encore deux années à vivre. Quand ce constat s’avère faux, ce manuscrit devient la base d’un livre qui sera finalement publié en 1948.
Arnold Maigret  mémorial
des policiers morts pour la patrie
Pedigree http://www.0faute.com/biblio1944.htm  «En 1940, je me croyais condamné. J'ai voulu compter ma vie pour mon fils qui venait de naître et qui ne me connaîtrait pas. Or le médecin s'était mis le doigt dans l'œil. L'ouvrage devait avoir trois volumes. Le premier m'a coûté dix millions en procès, en arrangements avec des quidams que j'avais censément diffamés. Pas si bête, j'ai arrêté les frais(Georges Simenon, sans mention d'origine, 1956)
Certains personnages de ce “roman” sont tellement reconnaissables que Simenon est attaqué en justice par plusieurs de ces personnages ou institutions (comme les frères de Saint André qui annoncent pourtant sur leur site: «Notre école est fier d'avoir vu passer Georges SIMENON sur ses bancs ! »). Les premières éditions sortent alors avec plusieurs pages blanches censurées.
A partir de la troisième édition les passages «délictueux»ont été réécrits. C’est le texte définitif reproduit dans toutes les éditions ultérieures. Le fils Chaumont, qui avait entrepris des études de médecine à Liège et avait loué une chambre au 53 de la rue de la Loi avant la guerre – chez la mère de Georges -, deviendra «Monsieur Bernard», Rosalie Jamar, une voisine de la rue Pasteur, sera «Rosalie Morel». Seuls quelques passages touchant les pratiques peu orthodoxes de quelques bons frères de l’Institut Saint-André resteront définitivement escamotés.
Les français, qui autrement tombent facilement dans un certain chauvinisme, reconnaissent que  le titre de Simenonville doit aller à Liège. Jean-Luc Douin explique, à l‘occasion de la sortie de ses oeuvres dans "La Pléiade", le panthéon littéraire français : « Simenon y entraîne Maigret sur les pas de son enfance dès sa troisième enquête, l'y fait revenir dans La Danseuse du Gai-Moulin, y fait revivre d'anciennes connaissances dans Les Trois Crimes de mes amis. C'est à partir de la chronique de cette ville qu'il conçoit une autofiction, Pedigree, chanson de geste, hymne nostalgique de tendresse et d'attachement à l'innocence perdue » (Le Monde, 30.5.2003).
Douin exagère: ce livre n’est pas aussi innocent qu’il le dit. Mais en tant que Liégeois ces compliments font plaisir.
Quatre ans après sa retraite, en 1976, ses archives sont rapatriées au Fonds Simenon de l’Université de Liège. En 2003, quatre ans après sa mort, il y a une grande expo 'Simenon... 100 ans’. Et, suprême consécration liégeoise, le 15 août 2002 Outremeuse lance un nouveau géant: un commissaire Maigret.
Mais Liège n’est pas le seul prétendant au titre de Simenonville. Les Sables d'Olonne ont leur "Festival Simenon".
Lausanne, où l’écrivain a séjourné 17 ans, a inauguré une plaque commémorative à l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Georges Simenon, et la poste suisse a sorti un timbre Simenon. Delfzijl en Hollande prétend que Maigret y est né lors d’un séjour de notre écrivain en 1929. Au Damsterdiep ils ont donc une statue Maigret.

Georges Simenon un Limbourgeois?

Pour le Gazet van Antwerpen Georges Simenon était un Limbourgeois. Il faut quand même remonter loin en arrière. Le professeur liégeois Mathieu Rutten a retracé toute la généalogie de , de grand père de l’arrière grand père de Georges Simenon (six générations en arrière), a été pendu, roué et écartelé le 10 septembre 1743 comme membre de la bande des bokkenrijders ("boucs volants").
Wellen Bokkenrijders
la famille. Gabriel Brull
L’arrière arrière petit fils de Gabriel, Willem Brüll, marie en 1854 Maria Elisabeth Loijens de Schijn op Geul. Mais à cette époque déjà la famille commence une odyssée qui les amène de  Neeroeteren, Rotem, Maaseik, Antwerpen, Tienen, Hoepertingen, Herstal et enfin, en 1880, à Liège.
Henriette, la mère de Georges naît en 1880, à Liège, comme 13ème et dernier enfant.
Après son départ de Liège Simenon a habité à 33 endroits différents. N’essayons donc pas de caser cet homme dans une ville bien précise. Et passons maintenant dans les traces du citoyen du monde Simenon…

Place du Marché

Notre promenade part Place du Marché. Simenon note dans Le Pendu de Saint-Pholien qu'il y avait « une cacophonie savoureuse, des cris en patois wallon, le quadruple jet d'une fontaine monumentale surmontée du perron liégeois. J'aimais les petits cafés d'alentour qui sentaient le genièvre et que fréquentaient les poètes wallons et les artistes des théâtres locaux ».
Un Arnold Maigret figure sur le mémorial des policiers morts pour la patrie. Passez : il n’y a rien à voir. Ce mémorial date d’après la 2ème guerre, or, le premier Maigret date de 1927…
Simenon a eu son premier salaire comme reporter de la Gazette de Liège (aujourd’hui La Libre Belgique). Il rappelle dans l’autobiographie ‘Quand j'étais vieux’: « Professionnellement, je devais être chaque matin à onze heures au commissariat central de police, derrière cet Hôtel de Ville, où on remettait à mes quatre confrères et à moi, les rapports quotidiens ».
Là où se trouve aujourd’hui Ilot Saint Michel il y avait avant la Rue de l'Official, « where the good old Gazette de Liege had had its offices at the time when I was a young reporter » (Georges Simenon Lakeville, Connecticut 1953). Cette Gazette de Liège date de l’ancien régime, fondé en 1688 "avec privilège des Princes Evêques", et en 1919-1922  -l’époque de Georges Sim – dirigé d’une main de fer par la troisième génération des Joseph Demarteau.
La Place Saint Lambert a aussi avalé la rue Verte, avec le café et la salle Le Populaire du POB, le parti socialiste. Le 3 juin 1912, le cartel libéral socialiste perd les élections. La situation était tendue. Les gendarmes prirent position face à la Populaire, avancèrent revolver au poing et tirèrent dans les fenêtres. Trois personnes perdirent la vie. Dans Pedigree, Simenon brode autour de cet évènement tragique un pamphlet antiterroriste, où un certain Flahaut (= Lahaut : le roman sort en 1948) joue un laid rôle. Le père de Simenon se trouvait-il comme garde civil derrière les chevaux de la gendarmerie? Dans le roman papa Simenon rentre après une roman” une exactitude historique, n’est-ce pas…
manifestation violente, avec heureusement toutes ses cartouches intactes. Il y a une petite confusion des dates. Dans le roman nous ne sommes pas en 1912. Mais on ne saurait exiger d’un “
La mère de Simenon, Henriette Brüll, a travaillé comme vendeuse au rayon mercerie de l'Innovation. Dans la Gazette de Liège, le jeune Sim écrivait " Grand Bazard " avec un " d ", alors que l'enseigne " sans d " était tous les jours sous son nez, ce qui lui valut un sermon du père Demarteau.






Rue Léopold n° 24, au deuxième, chambre et cuisine sans eau ni gaz

Dans la rue Léopold, au n° 24, "au deuxième, chambre et cuisine sans eau ni gaz" naquit le créateur de Maigret. Le jeudi 12 février 1903 "à onze heures et demie du soir" porte l'acte de naissance. En réalité, Simenon a vu le jour le 13 février, à 0h10, mais sa mère, assez superstitieuse, voulut lui éviter le patronage redoutable du vendredi 13 !
Aujourd’hui le N°24 est fermé suite à l’explosion de 2010 mais porte  toujours l’enseigne « Georges y est né ». Les héritiers Simenon ont des longues dents et taxent impitoyablement tous ceux qui essayent d’utiliser le nom du grand écrivain.
Les Simenons déménagent un mois plus tard pour la rue de Gueldre où ils habitèrent le n° 5 du 15 juillet 1903 à fin avril 1905.
Ca ne sera pas le dernier déménagement: en 1905 la famille passe le pont des Arches. En 1921 cela devient le titre du premier roman de Georges Sim (Au pont des Arches). Nous sommes en Outremeuse (Djus-d'là-moûse).

Le Pendu de Saint-Pholien

wiki st pholien Liège
A la descente du pont des Arches, l’église Saint-Pholien, ouvert au culte en 1914, est le théâtre du « Pendu de Saint-Pholien ». Le n° 13 de la rue des Ecoliers cache l'ancienne rue de Houpe, venelle moyenâgeuse. Là se réunissait, vers 1920, une certaine bohème liégeoise faite de jeunes esthètes et de rapins fréquentant "plus ou moins l'Académie des Beaux-Arts ». "C'était à qui porterait le plus grand chapeau, fumerait la plus longue pipe en terre" rapporte Simenon qui fut de cette "cour des Miracles derrière Saint-Pholien". Au premier étage d'une "maison en ruine", dans une pièce exiguë comme une caque (un tonneau de harengs) "nous planions au-dessus du monde conventionnel, des lois, des préjugés".
Mais la vie de bohème peut être l'antichambre de la gloire ou de la mort. En mars 1922, un des compagnons de Simenon, le petit Kleine, "un adolescent nerveux, qui ne mangeait pas et qui se remontait à grand renfort d'alcool" se pend à la porte de l'église Saint-Pholien, pourtant "il voulait devenir un grand artiste". Simenon avait accompagné Kleine la soirée précédente. Le jeune Sim écrivait le lendemain un article dans la "Gazette". Un journal concurrent, L'Express, écrit le 3 mars 1922 : "Le désespéré, qui s'est pendu à l'aide de son écharpe, put être identifié grâce aux papiers trouvés sur lui. C'était un nommé Joseph Kleine, peintre décorateur, âgé de 24 ans. L'enquête a établi que Kleine était un cocaïnomane incorrigible".

Caserne Fonck milicien numéro 7980

Le boulevard de la Constitution a à peu près le même âge que l'église Saint-Pholien. On longe la caserne des Lanciers, aujourd'hui caserne cavalier Fonck, où le romancier – matricule 7980 - effectua une partie de son service militaire en 1922.
"On arrivait à un carrefour, et on trouvait à gauche les murs percés de meurtrières de la caserne, à droite un immense portail faiblement éclairé: celui de l'hôpital de Bavière." (Le Témoignage de l'Enfant de choeur).
La chapelle où Simenon, durant ses études primaires à Saint-André, servit la messe de 6 heures, est ce qui reste de l'hôpital démoli. L’hôpital avait été ouvert par Léopold II en 1895 et a été le point de départ de la partie “art nouveau” d’Outremeuse.
Aujourd’hui les nostalgiques peuvent y assister à une messe en latin. Cette chapelle en est à sa troisième vie. Elle se trouvait auparavant sur la place de l’Yser et faisait partie de l’hôpital de Bavière. Quand on a voulu démolir cet hosto en 1895, pour reconstruire un nouveau un peu plus loin, il y a eu une forte résistance. La ville a dû accepter de démonter la chapelle et de la reconstruire à l’identique où elle se trouve actuellement. Quand on a démoli le nouvel hôpital de Bavière vers 2000, on n’a plus osé toucher à cette chapelle.
Le porche franchi, "on percevait les premières odeurs d'hôpital, puis, après une seconde porte, on se trouvait dans une vaste cour où se dressaient les pavillons. De loin, on devinait les cornettes blanches des bonnes soeurs qui se dirigeaient vers la chapelle" (Le Témoignage de l'Enfant de choeur).
Le jeune Simenon grandit donc en rive droite, près du nouvel hôpital de Bavière, dans un quartier traversé par des rues "tirées au cordeau" au départ de la place du Congrès. Cette place autrefois "plantée d'ormes et que des voies de tramways traversaient en diagonales", sera pour de longues années, le centre de l'univers enfantin de Georges Simenon. « J'y ai connu des heures merveilleuses », écrit-il (Quand j'étais vieux). Où d’autre aurait-on pu mettre le buste de Simenon?
« Quartier neuf, sans mystère, habité par des gens calmes et modestes. C'était le quartier le plus banalement paisible qu'il fût possible d'imaginer". Banalement paisible, peut être ; banal, sûrement pas. Autour de l’implantation de Bavière, vers 1895, se construit un quartier nouveau, qui garde encore aujourd’hui beaucoup de traces de l’Art Nouveau. Le déménagement de l’hôpital a porté un coup très rude à la vitalité du quartier. Aujourd’hui un nouveau coup s’ajoute avec le transfert du Théâtre de la Place. Et cette friche de Bavière reste là. Pourtant, les terrains étaient la propriété du CPAS. Plusieurs promoteurs immobiliers se sont déjà sucrés en revendant. La Ville a avec le terrain vendu aussi toute maitrise sur l’avenir de ce quartier…
L’Art Nouveau
Nous tournons à gauche par la rue de l'Enseignement où Georges Sim, alors jeune reporter à la Gazette de Liège, résida de juin 1919 à décembre 1922, n° 29. La rue de la Loi, "aux maisons à peu près pareilles, à un étage, à deux étages maximum". Le ménage Simenon occupa le n° 53 de février 1911 à février 1917. Sa mère est toute contente d’avoir « trouvé une maison...Ici tout près...rue de la Loi, juste en face de l'école des Frères. Ce serait pratique quand Georges ira à l'école primaire..." (Je me souviens).
Au n° 48, "une porte cochère, celle de l'école des garçons", l'institut Saint-André où le père de Maigret fit de fructueuses études primaires. Les pages sur les frères de Saint André ont été éliminés de Pedigree.
Sa mère y loue des chambres à des étudiants. Le fils Chaumont y avait loué une chambre et deviendra «Monsieur Bernard» dans Pedigree, pour éviter un procès de la part du père Chaumont…

L’auberge de jeunesse Georges Simenon

La rue Georges Simenon nous conduit à l’auberge de jeunesse qui a été nommé aussi “Georges Simenon». 
Sur les huit bancs- valises ornant son parvis est gravé la première phrase de “la veuve Couderc”. Au centre un monumental «caillou» récupéré lors des travaux du tunnel de Cointe ; une vaine tentative d’enchaîner le globe-trotter Simenon au sol liégeois ?
La rue Fosse-aux-Raines (mare aux grenouilles) est un nom qui en dit long sur le vieux Outremeuse, parcouru de ruisseaux nauséabonds et malsains. En 1848 encore il y a une grande épidémie de Choléra. Les Irlandais ont partout des musées dédiés à leur Grande Famine. Qu’attendons nous pour faire un musée dédicacé au choléra ?
L'église Saint-Nicolas, ancienne chapelle du couvent des Récollets, est devenue église paroissiale en 1804. C’est les Récollets qui ont pu se payer les autels baroques et la statue de la vierge noire d'Outremeuse, et pas les paroissiens...
Il y a dans le monde entre 450 et 500 vierges noires. Le 15 août, la procession débute à 10 heures, par la sortie de la Vierge noire de l'église St Nicolas. La procession se rend ensuite à la messe, avec le sermon en wallon. Après cette messe, la procession repart sous les potales, pour rejoindre l'église.
Le grand-père du romancier, Chrétien Simenon, chapelier rue Puits-en-Sock, était un notable de la paroisse Saint-Nicolas et y avait son banc: "C'est mon grand-père aux grosses moustaches blanches qui, aux messes du dimanche, va de fidèle en fidèle en faisant résonner la monnaie dans une boîte de cuivre emmanchée d'un long bois - En l'honneur de Saint Roch..." (Je me souviens).
Saint Nicolas
Désiré, le père de Georges, "a beau habiter rue Léopold, de l'autre côté des ponts, chaque dimanche il revient dans sa paroisse, à Saint-Nicolas. Là où les Simenon, tous les Simenon sont chez eux, là où ils comprennent ce que les cloches de l'église disent d'heure en heure". Ceci dit, du temps qu’ils habitent la rue Léopold, maman Simenon préfère la collégiale Saint-Denis, parce que c’était la messe la plus chique de Liège…
Nous voici à la place de l'Yser, autrefois place de Bavière. Avant 1914, la Garde civique (milice supplétive) manoeuvrait là le dimanche. Le père de Simenon, "harnaché comme pour la guerre y fit l'exercice sous le regard amusé des gosses du quartier plantés autour des cinquante faux soldats".
En 1914 l’opérette était finie. Après la première guerre, en 1918 la place de Bavière est rebaptisée Place de l’Yser. Tâche ingrate évidemment de faire oublier les Bavière. La principauté faisait jusqu’en 1789 partie de Saint Empire Romain Germanique. C’est la maison de Bavière qui a fourni les princes évêques des deux derniers siècles de l’Ancien Régime.

Au centre le la place la maison Porquin.

Le 16 septembre 1603, le prince évêque Ernest de Bavière fait don d'une propriété qu'il possède en Outremeuse à la Confrérie de la Miséricorde chrétienne. Cette maison était construite sur une île par le banquier lombard Bernardin Porcini, d’où Maison Porquin. Aller à Bavîre devint synonyme d'aller à l'hôpital.
Extrait du règlement émanant du prince évêque Ernest de Bavière:
" On n'admettra dans cette maison que les pauvres de l'un et de l'autre sexe, malades ou infirmes mais qui ne sont déshonorés, ni par leur vie, ni par leur famille. Nous excluons ceux qui ne sont pas de la Ville de Liège, à moins que quelqu'un ne veuille pourvoir à l'entretien... Nous excluons ... ceux qui souffrent d'un mal incurable, contagieux, infâme, contracté soit par leur propre faute, soit par leur lasciveté et ceux dont la vieillesse fait désespérer de ... leur rétablissement, les enfants et les mendiants publics, les insensés...; enfin les femmes enceintes."
En 1890 l'administration des Hospices Civils décide de la construction d'un nouvel hôpital sur le site des Prés Saint-Denis, entre le boulevard de la Constitution et la rue des Bonnes-Villes (Chroniquedu Vieux Lièg, octobre décembre 2007, Bavière, un patrimoine peut revivre)
photo veroniqueliegeskynetblog
La démolition de l’hôpital fit l’objet de discussions animées au Conseil communal de Liège, entre 1888 à 1903. Nombreux étaient ceux qui plaidaient pour sa conservation et sa restauration. Hélas, l’autorité communale eut raison de l’édifice en 1904. On peut encore voir une représentation de la Maison Porquin sur une céramique située sur la façade Art nouveau conçue en 1907 par Joseph Barsin, au n° 9 de la rue Ernest de Bavière: un tag de protestation avant la lettre.
La ville doit quand même démonter la chapelle et la remonter en 1894 par Paul DEMANY à l’endroit qu’elle occupe aujourd’hui. Elle est donc, avec le porche, l’unique témoin encore vivant de l’hôpital du 17e siècle.
Au 16 Boulevard de l'Est, 16 l’hôtel Si Mais Non (prononcez : Simenon). Une enseigne gratté qui sollicite notre esprit Maigret. Les héritiers Simenon ont fait un procès au propriétaire pour non respect du copyright … Ceci dit, je crois savoir que ce n’est pas ça qui a donné le coup de grâce à l’établissement, logé derrière une belle façade dans un style éclectique.

Chrétien Simenon et la rue Puits-en-Sock

Nous prenons la rue Puits-en-Sock, "une rue étroite, commerçante". Au n° 58, l'ancienne chapellerie du grand-père Simenon a perdu son enseigne, un "haut-de-forme rouge au-dessus de la vitrine". A droite, entre les n° 44 et 46, Roture ou "la Cage aux Lions" avec ses "petites maisons blanchies à la chaux". Aujourd’hui une rue touristique qui cherche un peu sa voie. Mais « lorsque j’étais enfant et jeune homme, écrit Simenon, sur un espace de quelques mètres carrés, il y a plusieurs centaines de femmes débraillées, caquetant, criant, s’invectivant. Une marmaille fouilleuse et crotteuse grouille partout » (‘Je me souviens’).
La  rue Capitaine où le jeune Simenon passait le coeur battant, au retour du collège, par cette rue où il voyait des femmes installées à l’affût derrière leur rideau de guipure. Le soir d’une envie très forte, il a hésité … Et puis, honteusement, il a payé avec une montre que son père lui avait donnée. Un geste qu’il regrettera ensuite vivement. « Combien de femmes avez-vous eues dans votre vie ? Oh, je ne pourrais pas vous le dire exactement, attendez, de 13 ans à 72 ans, j'ai fait un petit calcul mental, ça doit être aux alentours de 10.000 ».
La Passerelle "est un peu la chose des habitants d’Outremeuse, le pont qu’on franchit sans chapeau, pour une simple course …" (Je me souviens). Une nuit, quelque peu ivre, dans le brouillard et d’humeur lyrique, Simenon y a déclamé, en présence de son ami Lafnet qui le ramenait chez lui : «A quarante ans, je serai ministre ou académicien» !
De la passerelle nous voyons la capitainerie et le port des yachts. Au printemps 1929 Simenon est passé à Liège avec son yacht, l’Ostrogoth. C’est l’époque où il commence son premier Maigret (Pietr-le-Letton) paru en 1931.

Place Saint-Denis et la collégiale Saint-Denis

Saint Denis
Les parents du romancier s'unirent à l'église Saint-Denis où le 22 avril 1902 et où lui-même fut baptisé le 15 février 1903. La place Saint-Denis « petite place ancienne, délicieusement ombragée avec une fontaine au bruit frais. Là se tenait chaque jour le marché au fromage.
Nous allions à la messe de Saint-Denis parce que la messe de onze heures était la messe ‘chique’ ». Au n° 5 de la petite rue Sainte-Aldegonde, derrière "une lourde porte cochère, au fond d'une longue cour de béguinage, deux petites maisons blanches, coquettes, d'une propreté méticuleuse, où demeuraient le suisse de Saint-Denis et le sacristain, Charles Coomans, oncle de Simenon. Il sent l'église. Il sent le couvent. Toute la maison sent...j'allais dire la bourgeoisie, la richesse, la vertu".
Voilà donc la promenade Simenon. Dans le blog suivant nous approfondirons l’homme mens Simenon. Hergé a dessiné Tintin chez les Soviets. Simenon a commencé sa carrière journalistique avec une série d’articles anti- sémites dans la « Gazette de Liège ». Dans quelle mesure ces aspects de la personnalité ont marqué ses romans?

Sites intéressants

http://www.arllfb.be/ebibliotheque/seancespubliques/23112002/lemaire.pdf  intéressant pour ses positions d'extrême droite

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