Résumé
Le Palais de la culture et de la science est
le monument le plus visité à Varsovie. Classé par l'Unesco au Patrimoine
Mondial de l'Humanité, certains ont voulu le raser. Or, le Palais est devenu
paradoxalement ce que la Tour Eiffel est à Paris ou l’Atomium à Bruxelles :
l’emblème même de Varsovie.
A l’approche de l’Euro 2012 on a posé la
question d’un relooking de la tour stalinienne. Il avait même été question de
la détruire ou même de la peindre en rose… Des architectes chargés d’un projet
(avorté) affirmaient hypocritement
qu’ « on ne peut agir architecturalement avec la même brutalité que
celle dont a su faire preuve l’occupant totalitaire ». leur astuce : ‘habiller’
la tour au fil des années, jusqu’à sa complète disparition
Un cadeau laissé par le régime soviétique
Le Palais de la culture et de la science (Pałac Kultury i Nauki, ou PKiN pour
les intimes) de l’architecte Lev Roudnev est le monument le plus connu de la capitale polonaise. C’est un cadeau de
Staline à la Pologne. Il est inspiré par les 7 sœurs moscovites. Le panorama au
31éme étage (20 zl) est superbe. On peut également aller sur la terrasse du
40eme étage de l'hôtel Mariott, dont l'entrée est gratuite. Mais c'est moins
historique...
Le Palais est la plus haute construction de
Varsovie, 231 mètres surmonté d'une flèche de 43m, 3288 pièces, 3 théâtres, des
cinémas, un planétarium et le musée de la technologie et de l'évolution. Ce
sont les Polonais qui ont demandé un immeuble de cette hauteur, Staline avait
imaginé 120m de haut. Au sommet se trouve une horloge inaugurée en l'an 2000,
la plus haute du monde et la deuxième pour sa taille en Europe avec un diamètre
de 6 mètres.
Le palais accueille chaque année le festival
du film de Varsovie.
Le quartier central de Varsovie a été reconstruit
autour du palais. Ulica Prozna est la seule rue du ghetto juif qui a
résisté à la destruction. Sur l’avenue « JANA Pawla II », il y a le marché
central « Hala Mirowska » un peu décevant : les deux halles métalliques
XIXème siècle sont occupées aujourd’hui
par deux supermarchés.
Dans les années 1949-1956, le nouveau style « Socialiste quant au contenu et
National quant aux formes » fut imposé aux architectes polonais. Le réalisme
socialiste préconisait la communicabilité des formes, un optimisme exubérant et
la prépondérance de sujets liés au travail, à la lutte des classes et aux
traditions du mouvement ouvrier. Le meilleur exemple du réalisme socialiste, à
part le Palais de la Culture, est le quartier de Marszałkowska (le MDM),
construit en 1952, comme le palais, entouré de statues monumentales
représentant des paysans, des ouvriers et des ouvrières, ainsi que des héros du
travail socialiste, telle une tractoriste devenue presque proverbiale. Le
quartier Marszałkowska comprend la place de la Constitution, la rue
Marszałkowska et la rue Waryńskiego. La place Konstytucji commémore la
constitution stalinienne de la Pologne Populaire, proclamée en 1952. Les
dirigeants de la Pologne Populaire passaient en revue les défilés à partir d’une
tribune ornée de la silhouette de l'aigle. Aujourd’hui la surface de la place a
été diminuée et un nouvel aménagement est prévu avec la construction du Musée
de l'Art Moderne, d'après le projet de Christian Kerez.
L'idée du gouvernement communiste fut de créer
un grand quartier autonome, dans le centre de la ville, destiné principalement
à la classe ouvrière. La construction de cette cité-urbaine fut également
l'occasion de dissimuler l'église de Saint Sauveur, se trouvant dans l'axe de
la rue Marszałkowska.
L'ambiance de la Pologne Populaire est évoquée
par les milk-bars self service, avec des produits laitiers, des omelettes, des
pierogi, des crêpes, des nouilles et des soupes polonaises, des légumes cuits
ainsi que des plats de viande. Les prix y sont beaucoup plus bas que dans des
restaurants.
Muranów est une des premières cités
d’habitation du Varsovie d’après-guerre, construite entre 1949 et 1956. La cité
a été élevée sur les décombres du Ghetto. Le projet architectural est une
«ville-jardin ». On y a bâti des habitations pour 30 mille personnes, des
écoles, des maternelles, des crèches, des cinémas. Des portes monumentales
indiquent toujours l’entrée au « paradis de la classe ouvrière ».
A proximité du Palais de la Culture, au
croisement de la rue Aleje Jerozolimskie et de la rue Marszałkowska un poteau de 7 tonnes où figurent les
distances entre Varsovie et toutes les capitales européennes. Pour les anciens
«l’Obélisque d'amour », car autrefois c'était une place populaire des
rendez-vous.
C’est une histoire d’amour-haine entre les Varsoviens et leur Palais de la
Culture et des Sciences. Le Palais de la Culture et des Sciences (PkiN) s’est plutôt
bien adapté au mode de vie contemporain. La Sala Kongresowa, dans un
merveilleux style années 1950 est l’une des meilleures salles de concert de la
ville. Disposant de 2900 places assises avec une excellente vue sur la scène et
d’une très bonne acoustique, ce sont 80 concerts et spectacles qui s’y
déroulent chaque année. De l’autre côté, on trouve le café Kulturalna qui mèle
accessoires et objets décoratifs des années 50 et 60 (fauteuils en vinyl, bancs
de cinema en bois…) et événements d’artistes contemporains. Le Palais de la
Culture, c’est aussi deux clubs, un musée de la technique, un cinéma, deux
théâtres, un restaurant en hauteur avec "la plus belle vue sur la
ville", des sièges d’entreprises ou d’association comme l’Unicef, etc. Le
PKIN semble avoir trouvé sa place dans la vie de la capitale polonaise.
Malgré cela, à l’approche de l’Euro 2012 Gazeta
Wyborcza lance l’idée d’un relooking de la tour stalinienne. Pour
certains relooking = destruction. Certains proposent de la peindre en rose… Voici
ce qu’envisageaient des architectes chargés du projet (avorté) d’habiller la
tour au fil des années, jusqu’à sa complète disparition
« Que faire du « cadeau » laissé par le régime soviétique ? On ne peut
agir architecturalement avec la même brutalité que celle dont a su faire preuve
l’occupant totalitaire. L’image qui nous est immédiatement apparue, forme d’allégorie
de l’édifice, est celle de la plaie, béante, ouverte, et contagieuse. Pourquoi,
avant même de « penser » le bâti à venir, ne pas tacher de « panser »
l’existant. Architecturalement parlant, cela consiste à « habiller » la tour au
fil des années, au gré des besoins urbains et humains de son environnement,
jusqu’à sa complète disparition : d’abord visuelle, puis factuelle. Sans que
l’habitant n’ait pu prêter attention à son évanouissement, la « plaie » finira
par être occultée du paysage urbain ».
Voilà comment ces nouveaux ‘démocrates’
espéraient rouler le peuple dans la farine… On peut discuter beaucoup sur la
manière dont les communistes polonais ont essayé de reconstruire leur pays sur
des nouvelles bases. Mais on ne peut pas faire comme s’ils n’ont laissé qu’un
désert…
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