lundi 14 octobre 2013

Quelques suggestions pour visiter Varsovie

Résumé

Le Palais de la culture et de la science est le monument le plus visité à Varsovie. Classé par l'Unesco au Patrimoine Mondial de l'Humanité, certains ont voulu le raser. Or, le Palais est devenu paradoxalement ce que la Tour Eiffel est à Paris ou l’Atomium à Bruxelles : l’emblème même de Varsovie.
A l’approche de l’Euro 2012 on a posé la question d’un relooking de la tour stalinienne. Il avait même été question de la détruire ou même de la peindre en rose… Des architectes chargés d’un projet (avorté)  affirmaient hypocritement qu’ « on ne peut agir architecturalement avec la même brutalité que celle dont a su faire preuve l’occupant totalitaire ». leur astuce : ‘habiller’ la tour au fil des années, jusqu’à sa complète disparition

Un cadeau laissé par le régime soviétique

Le Palais de la culture et de la science (Pałac Kultury i Nauki, ou PKiN pour les intimes) de l’architecte Lev Roudnev est le monument le plus connu de  la capitale polonaise. C’est un cadeau de Staline à la Pologne. Il est inspiré par les 7 sœurs moscovites. Le panorama au 31éme étage (20 zl) est superbe. On peut également aller sur la terrasse du 40eme étage de l'hôtel Mariott, dont l'entrée est gratuite. Mais c'est moins historique... 
Le Palais est la plus haute construction de Varsovie, 231 mètres surmonté d'une flèche de 43m, 3288 pièces, 3 théâtres, des cinémas, un planétarium et le musée de la technologie et de l'évolution. Ce sont les Polonais qui ont demandé un immeuble de cette hauteur, Staline avait imaginé 120m de haut. Au sommet se trouve une horloge inaugurée en l'an 2000, la plus haute du monde et la deuxième pour sa taille en Europe avec un diamètre de 6 mètres.
Le palais accueille chaque année le festival du film de Varsovie.
Le quartier central de Varsovie a été  reconstruit  autour du palais. Ulica Prozna est la seule rue du ghetto juif qui a résisté à la destruction. Sur l’avenue « JANA Pawla II », il y a le marché central « Hala Mirowska » un peu décevant : les deux halles métalliques XIXème siècle  sont occupées aujourd’hui par deux supermarchés.
Dans les années 1949-1956, le nouveau style « Socialiste quant au contenu et National quant aux formes » fut imposé aux architectes polonais. Le réalisme socialiste préconisait la communicabilité des formes, un optimisme exubérant et la prépondérance de sujets liés au travail, à la lutte des classes et aux traditions du mouvement ouvrier. Le meilleur exemple du réalisme socialiste, à part le Palais de la Culture, est le quartier de Marszałkowska (le MDM), construit en 1952, comme le palais, entouré de statues monumentales représentant des paysans, des ouvriers et des ouvrières, ainsi que des héros du travail socialiste, telle une tractoriste devenue presque proverbiale. Le quartier Marszałkowska comprend la place de la Constitution, la rue Marszałkowska et la rue Waryńskiego. La place Konstytucji commémore la constitution stalinienne de la Pologne Populaire, proclamée en 1952. Les dirigeants de la Pologne Populaire passaient en revue les défilés à partir d’une tribune ornée de la silhouette de l'aigle. Aujourd’hui la surface de la place a été diminuée et un nouvel aménagement est prévu avec la construction du Musée de l'Art Moderne, d'après le projet de Christian Kerez.
L'idée du gouvernement communiste fut de créer un grand quartier autonome, dans le centre de la ville, destiné principalement à la classe ouvrière. La construction de cette cité-urbaine fut également l'occasion de dissimuler l'église de Saint Sauveur, se trouvant dans l'axe de la rue Marszałkowska.

L'ambiance de la Pologne Populaire est évoquée par les milk-bars self service, avec des produits laitiers, des omelettes, des pierogi, des crêpes, des nouilles et des soupes polonaises, des légumes cuits ainsi que des plats de viande. Les prix y sont beaucoup plus bas que dans des restaurants.
Muranów est une des premières cités d’habitation du Varsovie d’après-guerre, construite entre 1949 et 1956. La cité a été élevée sur les décombres du Ghetto. Le projet architectural est une «ville-jardin ». On y a bâti des habitations pour 30 mille personnes, des écoles, des maternelles, des crèches, des cinémas. Des portes monumentales indiquent toujours l’entrée au « paradis de la classe ouvrière ».
A proximité du Palais de la Culture, au croisement de la rue Aleje Jerozolimskie et de la rue Marszałkowska  un poteau de 7 tonnes où figurent les distances entre Varsovie et toutes les capitales européennes. Pour les anciens «l’Obélisque d'amour », car autrefois c'était une place populaire des rendez-vous.
C’est une histoire d’amour-haine entre les Varsoviens et leur Palais de la Culture et des Sciences. Le Palais de la Culture et des Sciences (PkiN) s’est plutôt bien adapté au mode de vie contemporain. La Sala Kongresowa, dans un merveilleux style années 1950 est l’une des meilleures salles de concert de la ville. Disposant de 2900 places assises avec une excellente vue sur la scène et d’une très bonne acoustique, ce sont 80 concerts et spectacles qui s’y déroulent chaque année. De l’autre côté, on trouve le café Kulturalna qui mèle accessoires et objets décoratifs des années 50 et 60 (fauteuils en vinyl, bancs de cinema en bois…) et événements d’artistes contemporains. Le Palais de la Culture, c’est aussi deux clubs, un musée de la technique, un cinéma, deux théâtres, un restaurant en hauteur avec "la plus belle vue sur la ville", des sièges d’entreprises ou d’association comme l’Unicef, etc. Le PKIN semble avoir trouvé sa place dans la vie de la capitale polonaise.
Malgré cela, à l’approche de l’Euro 2012 Gazeta Wyborcza  lance l’idée d’un relooking de la tour stalinienne. Pour certains relooking = destruction. Certains proposent de la peindre en rose… Voici ce qu’envisageaient des architectes chargés du projet (avorté) d’habiller la tour au fil des années, jusqu’à sa complète disparition
« Que faire du « cadeau » laissé par le régime soviétique ? On ne peut agir architecturalement avec la même brutalité que celle dont a su faire preuve l’occupant totalitaire. L’image qui nous est immédiatement apparue, forme d’allégorie de l’édifice, est celle de la plaie, béante, ouverte, et contagieuse. Pourquoi, avant même de « penser » le bâti à venir, ne pas tacher de « panser » l’existant. Architecturalement parlant, cela consiste à « habiller » la tour au fil des années, au gré des besoins urbains et humains de son environnement, jusqu’à sa complète disparition : d’abord visuelle, puis factuelle. Sans que l’habitant n’ait pu prêter attention à son évanouissement, la « plaie » finira par être occultée du paysage urbain ».
Voilà comment ces nouveaux ‘démocrates’ espéraient rouler le peuple dans la farine… On peut discuter beaucoup sur la manière dont les communistes polonais ont essayé de reconstruire leur pays sur des nouvelles bases. Mais on ne peut pas faire comme s’ils n’ont laissé qu’un désert…


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