Le 24 novembre 2011, le Conseil communal de Herstal avait voté
avec 22 voix pour (PS/EPH) et 5 abstentions (MR/PTB/ECOLO) pour une concession
conjointe de services pour l’exploitation du stationnement payant en voirie et
l’exploitation de parcs de stationnement.
Ce 30 mai 2013 le
conseil communal a voté la convention cadre qui liera la ville et Besix Park. C’est
en fait l’étape juridique. La mise en œuvre du stationnement payant devrait démarrer dans quelques mois. Avant cela, probablement au mois
de septembre, un règlement détaillant toutes les modalités pratiques devra
encore être adopté.
Besix Park gérera le stationnement dans un large périmètre
qui s’étendra de Coronmeuse à la rue Clawenne et du boulevard à la rue Croix
Jurlet. Il aura également la gestion du parking souterrain du nouvel hôtel de
Ville, en cours de construction. Dans certaines rues, des horodateurs devraient
faire leur apparition.
«C’est Besix Park qui va s’occuper de tout, explique
Frédéric Daerden. Il mettra du personnel pour effectuer des contrôles. Il
placera les équipements. Une fois que le parking du nouvel hôtel de ville sera construit, il nous
rachètera les places de parking. En retour, il espère avoir une capacité de
chiffre d’affaires suffisante pour pouvoir couvrir ses frais de fonctionnement
et avoir des bénéfices. En élaborant le règlement pratique, à nous de faire en
sorte de répondre à ces exigences financières". (Ls 1/6/2013).
Selon
Daerden, il est encore prématuré de
parler de modalités pratiques. Mais en fait cette Convention public privé entre
la ville de Herstal/Urbeo et Besix park engage la ville très loin. La clé de répartition des les dividendes sera
3% la ville et 97% le privé. La convention est pour 40 ans de 2011 à 2051, avec
un bénéfice espéré de 8 millions d'euros pour un chiffre d'affaires (sans TVA)
pour la même période de 42 millions d'euros. Donc 42 millions à casquer par les
usagers, soit une moyenne de 1 million par an. Besix Park a réalisé un chiffre
d'affaires de 2 mia euros en 2012, et fait des constructions et services e.a.
dans les monarchies pétrolières du golfe. L’entreprise gère aussi un des plus
importants tours de parking à Anvers et le parking à Verviers.
Johan Vandepaer a très bien résumé les raisons pour refuser cette convention :
« 1. Pour le
PTB l’espace public doit être géré par le public et non pas par le privé. Une gestion publique rend plus facile une
discussion démocratique avec les riverains concernés.
2. Il est question
de parking payant pour les riverains (15-30 euros). La convention parle d’un tarif riverains généralisé.
C’est inacceptable : le parking payant est un taxe urbaine supplémentaire,
surtout pour les habitants ne disposant pas de garage.
3. Un parking
payant au centre ne va pas du tout amener les gens ni vers le commerce local,
ni vers les infrastructures du centre (maison communale, piscine, poste …). Le
commerce du centre a déjà souffert de la durée des travaux. Un parking payant
ne va certainement pas les sortir des difficultés, bien au contraire, cela va
chasser les gens vers les grandes surfaces hors centre.
4. Le parking payant au centre et dans presque tout le
bas de Herstal, ne résout pas les problèmes de mobilité de la ville, ni le
problème global de stationnement important de la ville de Herstal. Une
réflexion plus globale avec des parkings de dissuasion, des transports publics
(multimodaux) accessibles et abordables est indispensable ».
Voici quelques éléments pour une réflexion plus globale.
Il est vrai que pour Tritel, auteur du plan communal de
mobilité, le stationnement est une problématique … très problématique:
« La demande actuelle est plus importante que l’espace disponible. Entre
125 et 160 places ont été perdues suite au réaménagement de l’hyper-centre. Le
stationnement IPES se fait actuellement de manière sauvage et anarchique ;
une grande partie des places actuelles se trouvent le long du Canal et vont
disparaître. Demande de stationnement résidentiel élevé à Marexhe ».
Tritel suggèrait déjà des places de parking hors voirie.
Mais entre ça et le projet Besix il y a une marge !
Il y a d’abord des arguments de principe: ce n'est pas à
une société privée de gérer l'espace public. Herstal est une des villes les +
pauvres de la province. Pas mal de gens habitent une maison ou appart sans
garage. Imposer à cette population une charge supplémentaire d’un million par
an est indécent. La Convention prévoit un tarif spécial riverains
généralisé !
La Convention définit les principes de tarification suivants:
« plus on se rapproche du centre, plus les tarifs doivent favoriser la
courte durée et donc être progressifs; les Parcs de stationnement souterrains
ou en enclos doivent proposer des tarifs
dégressifs pour permettre et favoriser la longue durée; plus un Parc de
stationnement sera éloigné du centre-ville, moins les tarifs seront élevés afin
de favoriser la très longue durée. Les tarifs relatif aux abonnements seraient
adaptés en fonction de la localisation du Parc de stationnement suivant le
principe : au plus près du centre ou des zones à forte rotation, au plus chers
seront les abonnements dans une fourchette pouvant aller de 75,00 € à 100,00 €
TVAC, sans préjudice d'une révision calculée en prenant en compte l'index de
2011; afin d’intégrer les Parcs de stationnement dans leur environnement il
faudrait envisager de favoriser le stationnement des riverains via un tarif
spécial riverains généralisé compris entre 15,00 et 30,00 € TVAC sans préjudice
d'une révision calculée en prenant en compte l'index de 2011 ».
Abandonner toute maîtrise de la multimodalité dans les mains du privé
Quand on parle mobilité, il faut penser multimodalité.
Cette convention parkings payants avec Besix revient à abandonner toute
maitrise de la multimodalité dans les mains du privé. La zone concerné couvre
quasi tout le bas de Herstal, délimité par le boulevard urbain - croix jurlet -
clawenne - coronmeuse. Il faudra des P&R au terminus du tram à Coronmeuse.
Il faut des parkings autour des gares de Herstal et de Milmort. En donnant le
monopole à Besix on arrivera dans le meilleur des cas à des situations où il faudra payer une
redevance à Besix pour des places de parking P&R bon marché à
Coronmeuse ou à la gare, et dans le pire des cas à un blocage complet par
le ‘partenaire’ privé
Faire revivre le centre, ce n’est pas gagné d’avance
Ce partenariat enlève aussi à la Ville la maîtrise sur
son nouveau centre. La période des
travaux de la nouvelle place a déjà été une
lourde épreuve pour le commerce au Centre. Aujourd’hui il faudra faire revivre
le centre, ce qui n’est pas gagné d’avance. Un nouveau plan de circulation et de parking
est un lourd défi à relever. La mobilité est un aspect important pour l’implantation
d’ « activités attractives ». Arrivera-t-on à briser la tendance
lourde d’envoyer les gens dans des centres commerciaux à l’extérieur des
villes, ou veut-on promouvoir des magasins de proximité? Veut-on tuer le peu
de commerces qui restent au centre de Herstal par une stratégie de parking
payant et les envoyer chez Carrefour ?
Partir d’une analyse des activités attractives existantes ou à attirer.
Des villes comme Lille ont gagné le défi de revitaliser
leurs faubourgs. Cela a un sens, mais cela ne va pas de soi. Une stratégie de
mobilité et le stationnement doit partir d’une analyse des activités
attractives existantes ou à attirer. Pour le hypercentre nous aurons la nouvelle
maison communale, piscine, hall omnisports, poste etc. Le point de gravité de
ces points d’attraction se trouve en dehors de l’axe de la nouvelle place
communale, mais avec un maillage fin piétonnier entre ces points d’attraction
on pourrait rendre cette zone communautaire attrayante. Dans ce cadre-là se
garer le long du boulevard pourrait devenir attrayant.
Le problème est qu’il y a sur la place même peu de points
d’attractivité, à part le marché hebdomadaire. Comment assurer la vitalité de
cet espace d’un hectare et demi ? Un système de parking à la périphérie,
même s’il n’est pas encore entré dans les moeurs dans l’agglomération
liégeoise, est accepté si les 200-300 mètres à faire à partir de ces parkings
offrent un plus. Sinon, c’est la délocalisation garantie. Il est clair qu’il
est hors de question de restaurer les places de parking perdus sur la nouvelle
place communale. Mais Herstal a dans un rayon de quelques centaines de mètres
autour du centre suffisamment d’endroits – et de friches - où l’on peut se
garer.
Premières destinations: écoles et cliniques
En dehors de l’hypercentre, les premières destinations
sont les écoles et les cliniques; et accessoirement encore ce qu’il reste de la
FN. Selon Tritel, les écoles de Herstal comptent 9021 étudiants. Le gros se
déplace en transport public, sauf à l'athenée (49% en bagnole) et au Collège
Notre Dame (26% en voiture). Les écoles les plus fréquentées sont situées sur
des voiries à fort trafic: l'IPES et l'Athenée, avec des vitesses inadaptées,
et Saint Lambert dans la
rue E. Dumonceau à fort trafic et avec des trottoirs étroits,
devant et derrière. S’il y avait assez de parkings sur les boulevard urbain, on
pourrait développer l’accès aux écoles situées le long de la rue principale à
partir du boulevard. L’aménagement de Zénobe Gramme en voie rapide 70km, càd
aménagé en 2 fois 3.5m au lieu de 2 fois 3m., cela représente 2 mètres
d’asphalte en plus et cela a limité fortement la possibilité de parcage,
en dehors des riverains. Ceci dit, il y a évidemment une solution toute
simple : c’est de prendre une bande de circulation pour les besoins de
parking.
Tram et réseau suburbain SNCB
Un gros
problème est évidemment l’arrêt du tram à Coronmeuse. Il faudra bien réfléchir
comment restructurer un transport public performant à partir de ces nouveaux
terminus. Et dans cette réflexion il faut intégrer des parkings de dissuasion à partir de ces points multimodaux et le réseau suburbain SNCB.
Raoul
Hedebouw a déjà déclaré en
2012: « La gare de Bressoux, Herstal et Seraing sont des
maillons essentiels pour la mobilité dans l’agglomération liégeoise. Tous
les projets de la SNCB vont dans le sens de l’abandon de ces lignes locales, en
contradiction totale avec l’article 10 du contrat de gestion 2008-2012 de
la SNCB. Pour décembre 2011 au plus tard, la SNCB devrait mettre sur pied
des sociétés régionales de transport, un concept de transport intégré et
orienté client, en ce compris l’éventuel développement d’un réseau suburbain
autour d’Anvers, Gand, Liège et Charleroi.» Pourquoi n’arrive-t-on
pas à imposer le respect de ce contrat ? A certains moments de la journée,
on a 5 trains à l’heure qui vont en 11 minutes de Herstal à Liège Palais ou aux
Guillemins. Mais à d’autres moments, c’est le néant. Une bonne liaison
(piétonne) entre la nouvelle gare de Herstal et le centre pourrait être un
élément de revitalisation important.
Remarque
Le Projet ville de Liège aussi vise à « optimaliser
l’utilisation des parkings en ouvrage ». Nous lisons p. 35 « Revoir la politique globale de stationnement via une
extension de la zone régulée et une
promotion de l’utilisation des parkings
en ouvrage. Renforcer le contrôle et la surveillance du stationnement
pour assurer son respect. p.36 Afin
d’optimaliser l’utilisation des parkings en ouvrage, mettre en place une
tarification intégrée avec les tarifs en voirie afin d’orienter le stationnement moyenne durée
vers le parking en ouvrage ».
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