A peine finie sa guerre de Truchses, Ernest de Bavière doit faire appel aux Espagnols pour chasser les protestants hollandais de Huy. Dans ces conditions, un impôt sur les cheminées et sur les vins et cervoises mène à une violente émeute à Liège, en 1603. Le Prince doit faire profil bas. Un système électoral alambiqué élargissait le pouvoir des métiers. Son successeur Ferdinand se hâtera de remettre ce système en question. La trêve de douze ans entre les Pays Bas et les Espagnols, donne à Ferdinand de Bavière l’occasion de supprimer ce règlement. Le peuple impose quand même des élections dans la forme adoptée en 1603. Ferdinand dénonce les bourgmestres à la chambre impériale de Spire. Mais l’Empire a d’autres chats à fouetter. En 1419 commence la guerre de Trente Ans. S’ajoute à ça en 1621 l'expiration de la trêve de douze ans conclue entre les Provinces-Unies et l’Espagne. Le prince évêque doit envoyer des troupes au secours du camp catholique. L'évêque convoque les Etats. Au départ ceux-ci font la sourde oreille.
L’impôt de cinq sols par fenêtre, prétexte à émeute à Liège
Dans ces conditions, le peuple en profite pour élargir ses libertés.
En 1603, un impôt de cinq sols par fenêtre, un impôt sur les cheminées ou foyers, un pécule sur les vins et cervoises à raison de trois florins sur l'aime de vin étranger, de dix patars sur le vin du pays, de trois patars sur la tonne de bière mène à une violente émeute. Les Bourgmestres sont forcés de se rétracter. Ils avaient publié leur décret au son d'une trompette. Ils le dépublièrent le lendemain au son de cinq trompettes.
Le Prince évêque accourt de la Westphalie. Il voit qu'une révolution était imminente. Pour l'écarter, il juge urgent d'acquiescer. Le prince donne le 14 avril 1603 un nouveau règlement à la cité : on tirera au sort dans chaque métier trois membres. Ces trois membres désignés par le sort, éliront trois autres membres du métier, après avoir prêté serment de nommer les plus gens de bien, non suspects d'hérésie. De ces trois élus, le sort désignera un pour être électeur. Les trente-deux électeurs feront profession de foi catholique et jureront n'avoir rien reçu pour le choix qu'ils feront. Ils dresseront ensuite une liste d'un certain nombre de personnes qu'ils jugent les plus propres à la fonction de bourgmestre. Cette liste sera passée à vingt-deux commissaires nommés par l'évêque qui en rayeront les noms des gens accusés en justice et des suspects d'hérésie. La liste ainsi épurée sera renvoyée aux trente-deux électeurs qui éliront les deux bourgmestres parmi les noms restants.
C’est cadenassé : cette réforme contribue à faire voter par la cité les impôts sur la bière. Mais tout en étant bétonné, ce système électoral alambiqué reconnaissait aux métiers le pouvoir de nommer les édiles communaux. Il constituait une victoire inespérée pour le parti démocratique. Son successeur Ferdinand se hâtera de le remettre en question.
Les Chiroux contre les Grignoux
Ernest de Bavière assure les arrières pour sa famille: en 1595 il nomme son neveu Ferdinand de Bavière coadjuteur. Un évêque coadjuteur est destiné à succéder à un évêque. La nomination d'un coadjuteur permet une transition sans interruption entre deux épiscopats.
Comme son oncle, Ferdinand cumulera les évêchés de Munster, de Hildesheim et de Paderborn. Il est aussi à la tête de l'abbaye de Stavelot. Comme ses prédécesseurs, il ne reçut jamais les ordres. Il fut aussi prince-Électeur archevêque de Cologne de 1612 à 1650.
Dans la foulée, Ferdinand prit possession de la principauté épiscopale de Liège le 12 mars 1612. Il peut profiter de la Trêve de douze ans, entre 1609 à 1621, entre les Provinces-Unies qui contrôlent les états du nord des Pays-Bas et l'Espagne qui contrôle les états du sud.
En 1613, Ferdinand de Bavière supprime les valeurs démocratiques instaurées par son prédécesseur en 1603 et rétablit le règlement de Heinsberg sur les élections magistrales. Les personnes nées dans le pays, mariées et sachant lire sont les seules à pouvoir faire partie du conseil communal. Le choix du conseiller fourni par chaque métier est du ressort des commissaires de l'évêque.
Le peuple ne fit nulle attention: les élections de 1614 eurent lieu dans la forme adoptée en 1603. Alors Ferdinand dénonça les bourgmestres à la chambre impériale de Spire.
La guerre de Trente Ans
Au niveau de l’Empire aussi, Ferdinand II de Habsbourg (ne pas confondre avec le prince évêque Ferdinand de Bavière) croit que le moment est venu pour repousser les protestants.
En 1419 il crée la Ligue catholique avec l'Espagne et Maximilien Ier de Bavière et il déclenche la guerre de Trente Ans. Les wallons, et les Liégeois en particulier, sont sollicités du côté catholique.
Les Pays-Bas catholiques envoient 2 régiments wallons de 3.000 hommes et un régiment de "Bas-Allemands", levé dans la Principauté de Liège (Ch. Terlinden, Histoire Militaire des Belges, Bruxelles, 2e édit., 1866, vol I, p. 155).
Le commandement de la Ligue est confié au bruxellois Jean t'SERCLAES de TILLY. Ces soldats wallons ont fait l'admiration des contemporains. Dans la scène XI du "Wallenstein" de Schiller, une cantinière flamande crie : "S ist ein Wallon ! Respekt vor dem"... Ferdinand II défait l'armée protestante à la bataille de la Montagne Blanche le 8 novembre 1620.
L'expiration de la trêve de douze ans entre les Provinces-Unies et les archiducs
Mais le 9 avril 1621 la trêve de douze ans conclue entre les Provinces-Unies et les espagnols expire. Cela change le rapport des forces. Dans un premier temps, la balance penche du côté des catholiques. Ferdinand II charge le prince évêque Ferdinand d’envoyer des troupes au secours du siège de Berg-op-Zoom. Les Hollandais prétendent que Liège foule ainsi aux pieds les conditions de sa neutralité: ils réclament une indemnité de 50,000 rijksdalers (florins), payable dans la quinzaine, sous peine d'exécution militaire. L'évêque convoque sans retard les Etats. Mais le tiers fait la sourde oreille. En 1624 les Etats transigent sur la question d'argent: ils autorisent un emprunt et mettent des fonds à la disposition de Ferdinand, à titre d'avances. Ce sacrifice est d'autant plus douloureux qu'on traverse une période de misère, presque de disette : le clergé doit faire des distributions de grains au peuple.
Dévoué aux intérêts de la ligue catholique allemande, le prélat-électeur autorise le général Wallenstein à recruter 6.000 volontaires dans la principauté. Les Etats n'échappent au danger qu'en payant les nouveaux régiments à prendre leurs quartiers d'hiver au delà des frontières. Il faut également payer très cher l'éloignement des troupes croates, qui se disposent à venir vivre aux dépens du pays ; c'est-à-dire de rapines.
En mai 1625, SPINOLA s'empare de BREDA, secondé par Albert de LIGNE, seigneur de HARZE, qui vend sa seigneurie pour équiper une armée à ses frais.
A Liège, le prince profite de ce changement des rapports de force. En 1628 les bourgmestres sont élus pour la première fois selon le règlement de 1613. Ferdinand laisse des bandes allemandes ravager les campagnes et bloquer en quelque sorte la ville de Liège. Les bourgeois investirent la Violette; une collision sanglante allait s'engager lorsqu'on apprend que le parti du prince retire ses élus.
Le 6 mars 1629, Ferdinand II signe l'"Edit de Restitution", qui rend aux catholiques les évêchés, couvents et biens qui leur avaient été saisis. Pas une petite affaire ! Son condottiere von Wallenstein impose aux protestants la paix de Lübeck le 6 juin 1629.
Le 25 juillet 1630 Guillaume de Beeckman et Sébastien La Ruelle sont élus bourgmestres, d'après les dispositions du règlement électoral de 1603. Ferdinand de Bavière convoque les États à Huy et annonce que les élections seront cassées par l'empereur. Le 2 mars 1631 La Ruelle est de nouveau plébiscité.
La Bavière envoie de l’aide : Jean de Werth, chef de cavalerie bavaroise rançonne le pays. Les métiers les repoussent des abords de la ville ou précipités dans les bures des houillères.
Richelieu
En 1630 un nouvel acteur apparaît en scène. En France Louis XIII choisit pour Richelieu contre sa reine-mère Marie de Médicis. Patiemment, Richelieu avait préparé une nouvelle stratégie pour la France. La France est au milieu de l’échiquier occidental. Une position intéressante, à condition de ne pas se faire écraser. Le Cardinal cherche à réduire la puissance de la dynastie des Habsbourg d' Espagne, la première puissance européenne à cette époque, et de celle d'Autriche qui est à la tête du Saint Empire romain germanique. Pour cela il s'allie aux protestants allemands. La reine-mère Marie de Médicis s’oppose à cette stratégie.
Lors de la journée des dupes le 12 novembre 1630 le rapport de forces bascule. Marie de Médicis exige l'éviction de Richelieu. Louis XIII choisit pour Richelieu. Marie de Médicis se voit recluse dans ses appartements. En février 1631 elle est exilée à Compiègne mais elle s'en échappe le 18 juillet pour gagner les Pays-Bas espagnols. De là, elle réussit à s'enfuir à Bruxelles en 1631. Pendant dix ans elle mène intrigue après intrigue auprès des ennemis de la France. Marie est privée de son statut de reine de France. Le prince évêque FERDINAND DE BAVIÈRE offrira en 1641 un asile à cette ennemie déclarée du Cardinal. Marie de Médicis s’installe dans la maison de Pierre-Paul Rubens à Cologne, où elle meurt le 3 juillet 1642, quelques mois avant Richelieu (voir
Le couronnement de la reine Marie de Médicis à la basilique de Saint Denis peint par Rubens). Richelieu de son côté soutient toute opposition au prince évêque, et notamment les Grignoux.
Le 1 avril 1631 Ferdinand de Bavière accorde, pour pouvoir rentrer à Liège, une amnistie. Le règlement de 1603 est remis en vigueur.
Dans un premier temps le sort des armes ne sourit pas à Richelieu. Richelieu verse 400 000 écus par an au génie militaire Gustave Adolphe, dont le commissaire général pour les fournitures des armées est le liégeois De Geer. Gustave Adolphe bat l'armée de la Ligue catholique à la bataille de Breitenfeld, le 7 septembre 1631. Mais le 16 novembre 1632 à la bataille de Lützen, pourtant remportée par les Suédois, le roi est tué. Les catholiques reprennent alors l’avantage; ils battent les protestants à Ratisbonne le 26 juillet 1634.
Le 22
août 1632 les Hollandais prennent Maastricht. Les Grignoux s'enhardissent. Ferdinand s'inquiète et promulgue, le 19 avril 1633, un édit condamnant au bannissement toute personne qui ne professerait pas la foi catholique : l'émigration fut nombreuse. Le 14 novembre 1634 Philippe III d'Espagne envoie son fils, le Cardinal-Infant d'Espagne, comme gouverneur des Pays-Bas espagnols pour reprendre la situation en main. L’infant s’appelle aussi Ferdinand d'Autriche (à ne pas confondre avec le prince évêque Ferdinand de Bavière ni avec les empereurs germaniques Ferdinand II et III de Habsbourg). Le Cardinal-Infant réunit son armée avec celle de son cousin Ferdinand II. Les deux armées unies s'assurent une victoire écrasante sur les protestants à Nördlingen le 6 septembre 1634. Le général wallon de SUYS y commandait toute l'infanterie. Aussitôt la bataille terminée Le Cardinal-Infant retourne à Bruxelles avec ses troupes. En passant il assiège Maastricht au pouvoir des protestants et y construit le fort de Navaigne, à Mouland. La défaite des protestants à Nördlingen oblige Richelieu à abattre son jeu. Le cardinal est obligé de passer de la guerre couverte à la guerre ouverte. Le 8 Février 1635, il conclut une alliance offensive et défensive avec les Provinces-Unies. Le 19 mai 1635 la France déclare la guerre à l'Espagne. En revanche l'empereur déclare la guerre à la France, tout en signant le traité de Prague avec les protestants le 30 mai 1635. La première initiative de guerre ouverte est un échec pour Richelieu. La France et les calvinistes unissent leurs forces pour attaquer ensemble les Pays-Bas espagnols. Le meilleur point de ralliement est le pays de Liège. Les Hollandais pénètrent par Maestricht et les Français par Luxembourg, avec 30.000 fantassins et 9.000 cavaliers. Face à cette offensive, le Cardinal-Infant arrive à réunir 16.000 soldats qui sont vaincus à Tirlemont 9 juin 1635. Français et Hollandais font le 20 juin 1635 le siège de Louvain. Pendant douze jours, la bataille fait rage. Les assiégeants doivent plier bagages quand ils sont coupés de leurs arrières par Piccolomini à la tête des armées impériales. Richelieu boira la coupe jusqu’à la lie. Le cardinal-infant contrattaque et arrive même à Pontoise et Saint-Denis, en menaçant Paris. Mais Madrid "ne suit pas" : l’infant tombe à court d'or pour solder ses fantassins. Richelieu peut respirer. C’est à son tour de contrattaquer. Au Portugal et en Catalogne, ses agents secrets fomentent des soulèvements si menaçants pour Philippe IV que celui-ci demande au cardinal-infant Ferdinand de lui envoyer dare-dare ses excellents Wallons en renfort ! En 1935 un agent de Richelieu, l'abbé Mouzon de Ficquelmont, s'établit à Liège avec le titre de
résident ; on le savait l'intime de La Ruelle. La France espère profiter des sympathies des Liégeois. Le 25 juillet de la même année Sébastien La Ruelle est élu une seconde fois. Le 9 avril 1636 les Chiroux tentent un coup de force. Ils sont repoussés par les Grignoux, avec à leur tête Sébastien Laruelle. Le soir du 3 novembre 1636, un coup de pistolet, qui lui était destiné, blessa grièvement sa femme. Le prince n’abandonne pas. Entre en scène un personnage trouble : René de Renesse, comte de Warfusée, ancien directeur des finances du roi d'Espagne aux Pays-Bas. Warfusée a fui Bruxelles après avoir dilapidé les sommes dont il était responsable. Il se présente comme le grand révolutionnaire et arrive à gagner la sympathie des Grignoux. En sous-main il dévoile au roi d'Espagne et à l'empereur germanique le projet français pour rentrer dans leurs grâces. Le 16 avril 1637 le comte de Warfusée invite Laruelle à un banquet. Il fait saisir le bourgmestre par des soldats espagnols qui le lacèrent de douze ou quinze coups. Les Grignoux se ruent dans l'hôtel, massacrent les Espagnols et pendent Warfusée par les pieds. On le brûla finalement dans un tonneau de goudron... Mort aux Chiroux! A bas les prêtres! La rage des liégeois se tourne contre les carmes déchaussés et les jésuites. Le recteur des jésuites est tué, son couvent saccagé. Liège accorde à Sébastien Laruelle des funérailles grandioses. Les élections magistrales de 1637 sont favorables au parti populaire. Les nouveaux bourgmestres, Barthel et de Bex, arment les citoyens pour tenir tête aux compagnies espagnoles qui courent le pays, du consentement du prince. Ferdinand juge prudent d'user de diplomatie. Il déclare qu'il verrait avec plaisir ceux qui avaient trempé dans l'attentat contre La Ruelle punis selon la rigueur des lois. Le 26 avril 1640 Ferdinand et les Etats signent à Tongres la paix fourrée, « expression populaire qui paraît signifier qu’elle fut conclue comme par force. Cette paix en effet ne fut pas plus durable qu’elle n’avait été sincère» (Nouveaux mémoires de l’Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles Tome V p 64) Ferdinand rentre à Liège. Le règlement de 1603, amendé en 1631, reste en vigueur. Les élections de 1641 sont favorables aux Chiroux. Mais «cette paix n’était en effet que le triomphe d’un parti. L’évêque en affichant pour les Chiroux une odieuse partialité devait hâter le réveil de la faction opposée. La mine chargée n’attendait plus qu’une étincelle. Les élections de 1646 hâtèrent l'explosion » (revue belge 1835)
Ferdinand de Bavière |
août 1632 les Hollandais prennent Maastricht. Les Grignoux s'enhardissent. Ferdinand s'inquiète et promulgue, le 19 avril 1633, un édit condamnant au bannissement toute personne qui ne professerait pas la foi catholique : l'émigration fut nombreuse. Le 14 novembre 1634 Philippe III d'Espagne envoie son fils, le Cardinal-Infant d'Espagne, comme gouverneur des Pays-Bas espagnols pour reprendre la situation en main. L’infant s’appelle aussi Ferdinand d'Autriche (à ne pas confondre avec le prince évêque Ferdinand de Bavière ni avec les empereurs germaniques Ferdinand II et III de Habsbourg). Le Cardinal-Infant réunit son armée avec celle de son cousin Ferdinand II. Les deux armées unies s'assurent une victoire écrasante sur les protestants à Nördlingen le 6 septembre 1634. Le général wallon de SUYS y commandait toute l'infanterie. Aussitôt la bataille terminée Le Cardinal-Infant retourne à Bruxelles avec ses troupes. En passant il assiège Maastricht au pouvoir des protestants et y construit le fort de Navaigne, à Mouland. La défaite des protestants à Nördlingen oblige Richelieu à abattre son jeu. Le cardinal est obligé de passer de la guerre couverte à la guerre ouverte. Le 8 Février 1635, il conclut une alliance offensive et défensive avec les Provinces-Unies. Le 19 mai 1635 la France déclare la guerre à l'Espagne. En revanche l'empereur déclare la guerre à la France, tout en signant le traité de Prague avec les protestants le 30 mai 1635. La première initiative de guerre ouverte est un échec pour Richelieu. La France et les calvinistes unissent leurs forces pour attaquer ensemble les Pays-Bas espagnols. Le meilleur point de ralliement est le pays de Liège. Les Hollandais pénètrent par Maestricht et les Français par Luxembourg, avec 30.000 fantassins et 9.000 cavaliers. Face à cette offensive, le Cardinal-Infant arrive à réunir 16.000 soldats qui sont vaincus à Tirlemont 9 juin 1635. Français et Hollandais font le 20 juin 1635 le siège de Louvain. Pendant douze jours, la bataille fait rage. Les assiégeants doivent plier bagages quand ils sont coupés de leurs arrières par Piccolomini à la tête des armées impériales. Richelieu boira la coupe jusqu’à la lie. Le cardinal-infant contrattaque et arrive même à Pontoise et Saint-Denis, en menaçant Paris. Mais Madrid "ne suit pas" : l’infant tombe à court d'or pour solder ses fantassins. Richelieu peut respirer. C’est à son tour de contrattaquer. Au Portugal et en Catalogne, ses agents secrets fomentent des soulèvements si menaçants pour Philippe IV que celui-ci demande au cardinal-infant Ferdinand de lui envoyer dare-dare ses excellents Wallons en renfort ! En 1935 un agent de Richelieu, l'abbé Mouzon de Ficquelmont, s'établit à Liège avec le titre de
résident ; on le savait l'intime de La Ruelle. La France espère profiter des sympathies des Liégeois. Le 25 juillet de la même année Sébastien La Ruelle est élu une seconde fois. Le 9 avril 1636 les Chiroux tentent un coup de force. Ils sont repoussés par les Grignoux, avec à leur tête Sébastien Laruelle. Le soir du 3 novembre 1636, un coup de pistolet, qui lui était destiné, blessa grièvement sa femme. Le prince n’abandonne pas. Entre en scène un personnage trouble : René de Renesse, comte de Warfusée, ancien directeur des finances du roi d'Espagne aux Pays-Bas. Warfusée a fui Bruxelles après avoir dilapidé les sommes dont il était responsable. Il se présente comme le grand révolutionnaire et arrive à gagner la sympathie des Grignoux. En sous-main il dévoile au roi d'Espagne et à l'empereur germanique le projet français pour rentrer dans leurs grâces. Le 16 avril 1637 le comte de Warfusée invite Laruelle à un banquet. Il fait saisir le bourgmestre par des soldats espagnols qui le lacèrent de douze ou quinze coups. Les Grignoux se ruent dans l'hôtel, massacrent les Espagnols et pendent Warfusée par les pieds. On le brûla finalement dans un tonneau de goudron... Mort aux Chiroux! A bas les prêtres! La rage des liégeois se tourne contre les carmes déchaussés et les jésuites. Le recteur des jésuites est tué, son couvent saccagé. Liège accorde à Sébastien Laruelle des funérailles grandioses. Les élections magistrales de 1637 sont favorables au parti populaire. Les nouveaux bourgmestres, Barthel et de Bex, arment les citoyens pour tenir tête aux compagnies espagnoles qui courent le pays, du consentement du prince. Ferdinand juge prudent d'user de diplomatie. Il déclare qu'il verrait avec plaisir ceux qui avaient trempé dans l'attentat contre La Ruelle punis selon la rigueur des lois. Le 26 avril 1640 Ferdinand et les Etats signent à Tongres la paix fourrée, « expression populaire qui paraît signifier qu’elle fut conclue comme par force. Cette paix en effet ne fut pas plus durable qu’elle n’avait été sincère» (Nouveaux mémoires de l’Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles Tome V p 64) Ferdinand rentre à Liège. Le règlement de 1603, amendé en 1631, reste en vigueur. Les élections de 1641 sont favorables aux Chiroux. Mais «cette paix n’était en effet que le triomphe d’un parti. L’évêque en affichant pour les Chiroux une odieuse partialité devait hâter le réveil de la faction opposée. La mine chargée n’attendait plus qu’une étincelle. Les élections de 1646 hâtèrent l'explosion » (revue belge 1835)
la Sainct-Grignoux ou la mâle Saint-Jacques
De 1646 à 1649 Liège vivra la seconde grande révolte.
Le 25 juillet 1646 lors des élections magistrales, le bruit se répand que les bourgmestres sortants avaient introduit des soldats espagnols dans l'hôtel de ville, afin d'intimider les Grignoux. Le 26, les Grignoux se rendent maitres de l'hôtel de ville. Plus de 200 personnes périrent, dit-on, dans cette lugubre journée, qui fut surnommée la Sainct-Grignoux ou la mâle Saint-Jacques.
Les portes du palais épiscopal furent enfoncées à coups de canon : alors, « ils parcoururent et dévastèrent les appartements du prince, brisèrent les ornements sacrés de la chapelle de l'évêque, puis allèrent piller les maisons des principaux Chiroux. » Les prisons sont ouvertes ; les bannis et les fugitifs se hâtent d'accourir de toutes parts ; plus de mille Chiroux émigrent à leur tour, pour échapper aux sentences du conseil de la cité, qui s'érige en cour martiale. Les Grignoux triomphent sans partage.
Le traité de Münster et la fin de la guerre de Trente Ans
Mais le triomphe des Grignoux est de courte durée. Le 30 janvier 1648 le traité de Münster met fin à la guerre de Trente Ans. Ferdinand sent que son heure est venu: ni la France, ni la Hollande ne tiennent plus à s'attirer des querelles du côté de l'Allemagne. Parti de Bonn vers la mi-juillet, il s'arrête à Visé. Les métiers déclarent que les portes de Liège lui resteraient fermées s'il ne jurait préalablement le maintien de la paix de Tongres. Le prince rejette cette condition et établit son gouvernement à Huy. Il fit mettre Liège et tout le pays au ban de l'empire. Des régiments de cavalerie et d'infanterie, placés sous le commandement de Maximilien-Henri, neveu de Ferdinand et son futur successeur, parcourent la contrée et y inspirent la terreur. Bavarois et Impériaux marchent sur la ville et, après avoir pillé et brûlé Jupille, rencontrent, dans les prés de Droixhe, les milices urbaines; les Liégeois perdent 430 hommes. Bientôt les hauteurs de la Chartreuse se couvrent d'ennemis ; le mardi 31, Maximilien prit militairement possession de la place. Le prince prive les liégeois de la plupart de leurs droits politiques. Les métiers n'ont plus d'attributions politiques. Leurs biens sont confisqués. Le nombre des jurés est réduit de 64 à 30. Les candidats sont désignés moitié par le prince, moitié par 22 commissaires dans deux listes de 22 personnes. Un bourgmestre et 15 jurés doivent toujours être désignés parmi les candidats de l'évêque. Il faudra attendre le début de la Révolution liégeoise le 18 août 1789 pour que le règlement de 1684 soit aboli : c’est la première revendication des révolutionnaires de 1789. Le 16 septembre, le grignoux Wathieu Hennet monte sur l'échafaud. Sa tête est plantée sur une perche, à la porte Saint-Léonard ; Ferdinand en rassasie ses regards lors de son entrée solennelle. L'ancien bourgmestre Barthel, subit le même sort le 25 septembre. Au moment de mourir, « il appela Ferdinand au tribunal de Dieu dans l'année » ; sa voix fut aussitôt couverte par les tambours et les trompettes. Bex, beau-père de Barthel, parvint à quitter Liège ; il ne fut arrêté et décapité qu'au commencement du règne suivant. Ferdinand de Bavière laisse à son successeur une cité soumise. Il mourut en Allemagne en 1650, un an plus tard. Maximilien impose aux Etats, convoqués le 21 mars 1650, la construction d’une citadelle sur la montagne de Sainte-Walburge et l’entretien d’une garnison permanente de 3,000 hommes, ainsi qu’une contribution de guerre (80,000 patacons).
Mais le triomphe des Grignoux est de courte durée. Le 30 janvier 1648 le traité de Münster met fin à la guerre de Trente Ans. Ferdinand sent que son heure est venu: ni la France, ni la Hollande ne tiennent plus à s'attirer des querelles du côté de l'Allemagne. Parti de Bonn vers la mi-juillet, il s'arrête à Visé. Les métiers déclarent que les portes de Liège lui resteraient fermées s'il ne jurait préalablement le maintien de la paix de Tongres. Le prince rejette cette condition et établit son gouvernement à Huy. Il fit mettre Liège et tout le pays au ban de l'empire. Des régiments de cavalerie et d'infanterie, placés sous le commandement de Maximilien-Henri, neveu de Ferdinand et son futur successeur, parcourent la contrée et y inspirent la terreur. Bavarois et Impériaux marchent sur la ville et, après avoir pillé et brûlé Jupille, rencontrent, dans les prés de Droixhe, les milices urbaines; les Liégeois perdent 430 hommes. Bientôt les hauteurs de la Chartreuse se couvrent d'ennemis ; le mardi 31, Maximilien prit militairement possession de la place. Le prince prive les liégeois de la plupart de leurs droits politiques. Les métiers n'ont plus d'attributions politiques. Leurs biens sont confisqués. Le nombre des jurés est réduit de 64 à 30. Les candidats sont désignés moitié par le prince, moitié par 22 commissaires dans deux listes de 22 personnes. Un bourgmestre et 15 jurés doivent toujours être désignés parmi les candidats de l'évêque. Il faudra attendre le début de la Révolution liégeoise le 18 août 1789 pour que le règlement de 1684 soit aboli : c’est la première revendication des révolutionnaires de 1789. Le 16 septembre, le grignoux Wathieu Hennet monte sur l'échafaud. Sa tête est plantée sur une perche, à la porte Saint-Léonard ; Ferdinand en rassasie ses regards lors de son entrée solennelle. L'ancien bourgmestre Barthel, subit le même sort le 25 septembre. Au moment de mourir, « il appela Ferdinand au tribunal de Dieu dans l'année » ; sa voix fut aussitôt couverte par les tambours et les trompettes. Bex, beau-père de Barthel, parvint à quitter Liège ; il ne fut arrêté et décapité qu'au commencement du règne suivant. Ferdinand de Bavière laisse à son successeur une cité soumise. Il mourut en Allemagne en 1650, un an plus tard. Maximilien impose aux Etats, convoqués le 21 mars 1650, la construction d’une citadelle sur la montagne de Sainte-Walburge et l’entretien d’une garnison permanente de 3,000 hommes, ainsi qu’une contribution de guerre (80,000 patacons).
Biblio
http://liegecitations.wordpress.com/2008/02/28/chiroux_grignoux_liege_francais_westphalie_polain/ 28 février 2008
La Mal Saint-Jacques ou les Chiroux et les Grignoux, M.L. Polain, Revue belge, Tome 1, Liège, 1835
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_de_Bavi%C3%A8re
http://perso.infonie.be/liege06/11onze.htm
http://perso.infonie.be/liege06/16seizen.htm
http://www.proxiliege.net/index.php?page=article&id=1874&idrub=24 >>>
http://www.proxiliege.net/photos/laruel.jpg
http://fr.wikipedia.org/wiki/Principaut%C3%A9_de_Li%C3%A8ge
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